Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
La Splendeur des Amberson d’Orson Welles
Réalisé et sorti en 1942 dans la foulée du fracassant Citizen Kane, le deuxième film d’Orson Welles n’eut pas le retentissement public et critique de son prédécesseur qui révolutionna le langage cinématographique. Amputé de quarante minutes et remonté par la production (RKO), La Splendeur des Amberson marqua le début des affres de l’artiste avec le système hollywoodien. Malgré ces déboires, il reste une œuvre marquante et l’un des sommets dans la filmographie de l’un des plus grands cinéastes de l’Histoire.
On y suit à la toute fin du XIXème et au début du XXème le faste et la déchéance d’une famille de la haute société américaine à travers les amours contrariées d’Isabel Amberson et d’Eugène Morgan, puis de leurs enfants (le fils d’Isabel, la fille d’Eugène). Les années passent, Isabel et Eugène n’auront pas droit à une seconde chance tandis que les Amberson, faute notamment d’avoir accompagné les révolutions économiques de leur temps, sombreront.
La fin d’un monde
Mélodrame familial, La Splendeur des Amberson vaut d’abord bien sûr par la mise en scène de Welles (n’apparaissant pas à l’écran, il se contente de la voix off) qui, de travellings en jeu sur les focales, est un éblouissement constant. Virtuoses encore sont les ruptures de ton (le film débutant dans le registre de la comédie) et la narration basculant subtilement d’un point de vue à l’autre en dépit du narrateur omniscient d’essence très romanesque. La sublime photographie en noir et blanc de Stanley Cortez sculpte les corps et les visages. Le manoir des Amberson, à l’instar de celui de Kane, devient un personnage à part entière. Joseph Cotten promène son élégance désolée au fil d’un récit prenant la forme d’un requiem.
Car, à travers les Amberson, Orson Welles filme la fin d’un monde. Comme plus tard dans Le Guépard de Luchino Visconti, un bal fastueux annonce ici qu’une page va se tourner. La modernité et le progrès avancent. Ainsi que le prédit un personnage, la beauté du monde et la vie spirituelle pèseront peu face à l’avènement de la technique symbolisée ici par les voitures à moteur. Œuvre mutilée et d’une relative brièveté (moins d’une heure trente), La Splendeur des Amberson demeure un film incontournable.
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