Karl N’da Adopo conquit la Ville rose et bien au-delà avec ses toiles. Son univers pop et coloré prend vie à travers Sama, un personnage cartoonesque qu’il réinvente au fil de ses créations. Culture 31 l’a interrogé sur son parcours et sa vision artistique.

Karl N’da Adopo et Sama © Karl N’da Adopo
Peux-tu te présenter et nous raconter ton parcours artistique ?
Je m’appelle Karl, j’ai 26 ans. J’ai commencé à m’intéresser au dessin quand j’avais 5 ans. J’ai eu cet intérêt-là grâce à la personne qui me gardait quand j’étais enfant. Je reproduisais mes héros de mangas préférés. Jusqu’à mes 16 ans, je ne faisais que ça, dessiner, puis un proche m’a suggéré d’utiliser Illustrator. Là, j’ai commencé à faire des portraits graphiques de rappeurs. Je les imprimais, puis je faisais en sorte de les donner en personne aux artistes, pour avoir un peu de visibilité. Je suis passé aux collages numériques, mais ça a fini par me lasser. C’est seulement en 2023 que je me suis mis à la peinture. Au début, j’avais du mal, mais je voulais réussir. Avec le temps, j’ai réussi à construire mon propre univers.
Justement, est-ce que tu as des inspirations artistiques qui t’ont mené à la peinture ? Y a-t-il un ou une artiste qui a particulièrement influencé ton travail ?
Oui, l’artiste Kaws m’a énormément inspiré. C’est lui qui m’a poussé à faire ça. Verdy aussi, même s’il ne fait pas de peinture mais plutôt du numérique. Ils m’ont fait réaliser que je devais créer mon propre univers, avec un personnage que je puisse décliner de mille et une façons. Tous les artistes que j’admire le plus sont ceux qui ont un monde bien à eux, comme Murakami aussi.
À ce sujet, tu as toi-même créé ton personnage, Sama. Peux-tu nous expliquer de qui il s’agit et ce qu’il représente pour toi ?
Sama, c’est comme mon fils. C’est un éléphant. J’ai choisi cet animal car je suis Ivoirien et c’est l’emblème de notre pays. Je voulais lui donner une forme cartoon, presque humaine. Il faut savoir que quand il est bleu, c’est un autoportrait, et quand il est dans d’autres couleurs, c’est qu’il représente une idée ou un concept qui parle à tout le monde.

« Se creuser la cervelle » Tableau de Karl N’da Adopo © Karl N’da Adopo
Tu souhaites que tes tableaux suscitent une émotion ou une réaction particulière en faisant ça ?
La chose qui me tient le plus à cœur, c’est de faire de belles choses, que ce soit visuellement beau. Mais bien sûr, il y a un travail de narration. Je veux que Sama raconte des histoires que j’ai moi-même vécues parfois ou observées.
Quelles techniques utilises-tu dans tes tableaux pour donner vie à Sama ?
Toutes mes peintures sont réalisées avec de l’acrylique. Pour le moment, en tout cas.
Effectivement, en dehors de la peinture, tu as participé à l’élaboration d’une fresque à l’occasion du Rose Festival cet été. Est-ce que ça t’a donné envie d’explorer d’autres supports ou techniques artistiques à l’avenir ?
En soi, oui. Je t’avoue que je ne suis pas un grand graffeur. Pour ce projet, c’était surtout dans la direction artistique que j’étais présent. Mais là, j’ai envie de tester la peinture à l’huile. Quand je vois d’autres artistes en utiliser, ça me donne envie de m’y essayer.
Tu fais partie des artistes qui sont exposés actuellement aux Abattoirs dans le cadre de l’exposition “Le Musée imaginaire d’Oli”. Qu’est-ce que ça représente pour toi ?
C’est un rêve de gosse qui se réalise. J’y allais quand j’étais petit avec l’école.
Quand je me suis mis dans la tête que je voulais être artiste, c’était l’un de mes objectifs d’être exposé dans ce musée. Avant mes 30 ans, je voulais une œuvre aux Abattoirs.
C’est une grande satisfaction personnelle.
On a de la chance d’avoir Bigflo et Oli qui font en sorte de mettre des jeunes artistes sur le devant de la scène. Ils veulent vraiment que la ville se développe à ce niveau-là.

Karl N’da Adopo exposé au Musée des Abattoirs © Karl N’da Adopo
Dernièrement, tu as dévoilé un projet personnel, un magazine accompagné d’une figurine de Sama. Quelle était ton intention derrière ce projet ?
Chaque année, je sors un support qui retrace mon année avec mes créations. J’avais envie de faire ce format-là, en souvenir des magazines qu’on achetait enfant. On a aussi réalisé une vidéo avec Argo Film. Je voulais vraiment réveiller des souvenirs tout en retraçant mes projets. La figurine est personnalisable, il y a de la peinture avec pour que chacun puisse adapter Sama à son goût.
Comment tu perçois la scène culturelle toulousaine actuelle ?
Ces derniers temps, ça évolue beaucoup. Plusieurs artistes voient le jour, que ce soit dans la musique ou même dans l’audiovisuel. Je suis confiant pour l’avenir.
Quant à toi, quels sont tes projets futurs, qu’est ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?
Encore de belles expositions, tant en France qu’à l’international. Je veux continuer à peindre des tableaux, toujours plus beaux, toujours plus grands, et mettre la ville de Toulouse sur la carte, comme on dit.
Propos recueillis par Tess Beirao