Zélie, c’est un peu tout à la fois. Une voix fragile et puissante, une pop insouciante puis engagée, des pianos nostalgiques et des productions plus urbaines… L’artiste livre des titres versatiles, avec des refrains toujours terriblement efficaces. Le public de la Ville rose pourra la (re)découvrir sur la scène de La Cabane, le 14 février prochain. En prévision de ce concert, placé sous le signe de l’amour par le hasard du calendrier, Culture 31 a échangé avec l’artiste.
![Zélie](https://blog.culture31.com/wp-content/uploads/2025/02/zelie-scaled.jpg)
© Inès Desnot
Culture 31 : Quel est le premier titre que tu te souviens écouter, petite ?
Zélie : Je crois que c’est une chanson de Boby Lapointe, « La Maman des Poissons ».
Enfant, la danse reste ta véritable passion. Tu en fais même jusqu’à 20 heures par semaine ! À l’époque, qu’est ce qui te plaît dans cette discipline ?
J’ai toujours aimé danser. Quand j’étais toute petite, mes parents mettaient de la musique et je bougeais un peu naturellement. J’avais vraiment besoin de me trémousser, j’avais la tête dans les nuages et je dansais un peu toute seule. Quand j’ai commencé la danse de manière un peu plus intense, ce qui me plaisait, c’est cette impression qu’elle m’apportait une douceur, mais aussi une discipline que je n’ai pas forcément dans la vie de tous les jours, car j’ai un peu de mal à me concentrer. Et dès que je dansais, je me sentais élégante, puis ça m’amenait à découvrir d’autres parties de moi que j’avais du mal à explorer au quotidien.
À la fin du lycée, tes rêves d’avenir changent. Tu n’as pas envie de partir à l’étranger afin de poursuivre une formation de danseur contemporain. À ce moment-là, bifurquer vers la musique, c’est une évidence ?
Oui, ça m’a semblé une évidence. Je me souviens qu’après avoir beaucoup dansé, en grandissant et en discutant, j’ai eu la sensation d’être une personne qui aimait aussi s’exprimer par les mots. J’aimais beaucoup écrire, etc. Je savais depuis le début que j’aimais la danse et la musique, même si je ne m’étais encore jamais trop penchée sur la musique, puis j’ai eu envie de tester ce truc-là et voir ce que ça donnait si j’écrivais. C’était d’abord écrire, et après, chanter. Mais ça restait une évidence.
Tu sors ton premier EP de 9 titres, « Zélie c’est quoi ? », en février 2023. Justement, selon toi, Zélie c’est quoi ?
C’est aussi bien de la pop dansante que des textes très introspectifs sur des sujets qui concernent ma génération. La santé mentale, les droits LGBT, etc. C’est de la musique très intimiste et très optimiste.
Dans le titre éponyme de ce projet, tu dis d’ailleurs « j’en dis trop, je suis fragile ». Cette fragilité, c’est ta force artistique ?
Je pense que oui. Pouvoir aborder avec autant de vulnérabilité des choses qui me touchent, je pense que c’est grâce à cette fragilité qui est quand même une force et qui m’influence. En général, ce sont les artistes qui se disent fragiles qui vont me parler.
En 2024, tu as dévoilé ton premier album, baptisé « un million de petits chocs ». Comme tu l’as mentionné, tu y parles de sujets actuels comme l’anxiété et les minorités de genre. En quelque sorte, te perçois-tu en porte-parole de ta génération ?
C’est un peu l’objectif. Je pense quand même que ça prend du temps et qu’il y a du chemin avant de me considérer comme porte-parole. Mais c’est vrai que les retours des gens et la manière dont ça parle spécifiquement de ma génération – même si ça touche aussi d’autres générations et c’est très chouette – me donnent envie de continuer dans cette lignée. Défendre des sujets importants pour faire évoluer les choses, et si possible, être une référence pour certaines personnes qui voudraient se sentir écoutées.
Dans le titre « puzzle de vie », tu dis notamment : « Ma génération a du sens. Face au monde, elle a choisi d’être honnête ». Qu’entends-tu par là ?
Par exemple, dans la bouche de certaines personnes, on entend beaucoup qu’on est une génération « trop intense », « trop grande gueule », qu’on est jamais contents, etc. Et je ne suis pas du tout d’accord avec ça. Parce que, dans la lignée des générations d’avant, je trouve qu’on est une génération qui fait bouger les choses. Je pense que plein de gens ne mesurent pas à quel point c’est crucial, et parfois, toucher un peu les extrêmes dans ce qu’on a envie de défendre, c’est important. C’est comme ça qu’on est entendu. En plus, c’est prouvé par le fait qu’il y a vraiment des choses qui bougent. Pas dans tous les domaines, certes. Mais selon moi, ça a du sens, et justement, je nous trouve assez courageux d’être les premiers à s’exprimer de cette façon. Par exemple, mes parents me disent souvent qu’ils trouvent ça admirable qu’on soit autant nous-mêmes et qu’on ait autant envie de crier haut et fort ce qu’on pense, parce qu’ils n’ont pas forcément osé le faire alors qu’ils ressentaient les mêmes choses à notre âge.
Symboliquement, dans le merch de ton album, on retrouve des pansements. Comment l’idée est-elle venue ?
Elle est venue du titre de l’album, « un million de petits chocs ». C’était une manière un peu mimi de dire qu’on peut panser tous ces chocs avec des pansements. Comme si les petits chocs représentaient toutes les petites blessures de l’être humain à plein de moments de sa vie. En vrai, c’est aussi parce que ça n’avait pas encore été fait, et qu’on se disait que, les pansements, c’est toujours pratique d’en avoir. J’en ai toujours dans mon sac !
Pour en revenir à la musique, tu avais déjà rencontré le public toulousain au Metronum l’an passé, et tu vas bientôt le retrouver à La Cabane. Dans quel état d’esprit es-tu ? Comment ressens-tu ce public ?
J’ai très hâte ! Je garde un super bon souvenir de mon précédent concert à Toulouse, il y avait une super ambiance. J’avais rencontré les gens après et c’était chouette, ils avaient déjà hâte de revenir, et donc j’espère retrouver le public qui était là l’an dernier, puis avoir attrapé d’autres gens entre temps. En vrai, j’en attends beaucoup de cette ville, parce que je me souviens qu’ils étaient chauds de revenir et je compte sur le bouche à oreille. On m’a aussi beaucoup parlé de cette salle, on m’a dit qu’elle était très chouette et que le son était hyper bon donc j’ai trop hâte de la découvrir.
Pour finir, tu es très présente sur les réseaux sociaux, notamment sur TikTok. Il y a aussi un groupe WhatsApp avec tes fans. Est-ce qu’ils sont un peu comme tes copains/copines au bout du compte ?
C’est vrai que c’est assez naturel, et en même temps, je suis assez fière de cette proximité que je crée avec mon public. En défendant des thématiques comme la santé mentale, ce côté « génération », etc, je trouve ça logique d’être très présente sur les réseaux, de leur donner des nouvelles de moi, de les faire participer à ma vie avec les stories, les vidéos… Il ne faut peut-être pas que je m’aventure à les voir comme mes amis, mais c’est vrai qu’il y a ce truc où j’ai envie qu’ils se sentent un peu comme moi, qu’ils désacralisent ce truc de la chanteuse inaccessible, qu’ils puissent se rendre compte qu’on est pareils, que le projet est un peu un reflet de notre génération, et qu’on peut parler librement sans être dans ce truc de la « chanteuse hiérarchisée » et différente.
Propos recueillis par Inès Desnot