L’Amour ouf un film de Gilles Lellouche
Pour son second long métrage en solo, Gilles Lellouche s’est entouré d’une poignée de comédiens francophones qui portent sur eux un film aux tonalités dissonantes qui, finalement, s’harmonisent dans un tumulte de sentiments d’une éblouissante lumière en un résumé de l’amour fou.
Années 80, quelque part dans le Nord de la France. C’est le temps du lycée pour Clotaire et Jackie. Sauf que, si cette dernière est assidue sur les bancs de l’école, ce sont plutôt les quais et les docks qui accueillent toute la journée et plus tard encore les errances de Clotaire. Mais voilà, un regard échangé à la sortie des cours entre les deux jeunes gens et c’est le coup de foudre. Nous les retrouvons une dizaine d’années après, alors que Clotaire sort de prison. Celui-ci se rend immédiatement au domicile de Jackie. Le ciel lui tombe sur la tête lorsqu’il apprend qu’elle s’est mariée. Va-t-il pour autant l’oublier et ainsi tirer un trait sur l’amour fou qui a illuminé leur jeunesse. Rien n’est moins sûr. D’autant que le mariage en question n’est pas vraiment une réussite, si ce n’est matérielle…
S’il faut reconnaître qu’une durée de 2h40 pour cette histoire d’amour à travers le temps est un challenge pas entièrement relevé par Gilles Lellouche, ce qu’il convient avant tout de souligner est la distribution de ce film. Somptueuse ! A vrai dire, les comédiens tiennent ce film sur leurs larges, même si parfois jeunes, épaules. Comment ne pas surligner la pépite de ce film, le jeune Malik Frikah. Il incarne un Clotaire de 17 ans avec toute la morgue, l’anxiété refoulée, le désir, l’énergie, l’inconscience, la gourmandise défendue d’un jeune homme en proie à ses démons. Une révélation à coup sûr.
A ses côtés, Mallory Wanecque se glisse dans les jeans d’une Jackie de 15 ans avec une élégance, une beauté et une grâce, sans oublier une autorité incontestable, qui vrillent, et on le comprend, le cœur aux abois de Clotaire. Un duo de choc et une grande part de l’intérêt de ce film. Mais ce n’est pas tout car nous retrouvons ces personnages ensuite sous les traits de François Civil et Adèle Exarchopoulos. Deux monstres sacrés du cinéma hexagonal qui donnent ici le meilleur de leur talent. Sans la spontanéité qui fait le charme de leurs cadets. Des valeurs sures les entourent : Alain Chabat, Benoit Poelvoorde, Vincent Lacoste, Jean-Paul Zadi, Elodie Bouchez, Karim Leklou, Raphaël Quenard, Anthony Bajon… Excusez du peu !!!
Un peu long, certes, mais peu importe le flacon…