Après l’orphelinat de « Ma vie de Courgette », Claude Barras nous raconte la vie d’une famille confrontée à la déforestation en Asie.
Une bonne dizaine de films d’animation vont se disputer les faveurs du jeune public durant les vacances de la Toussaint. Certains, bénéficiant de gros moyens, comme « Le robot sauvage », sont assurés d’être des succès. D’autres, plus fragiles, risquent de disparaître rapidement des écrans. Souhaitons qu’il n’en sera pas ainsi pour « Sauvages » (aucun rapport avec le « Robot » précité), le très attendu nouveau long métrage de Claude Borras, 9 ans après le magistral « Ma vie de Courgette ». On ne manquera pas de comparer les deux opus, le précédent ayant profondément marqué les esprits, juvéniles et adultes. Il y était question d’un petit garçon, tout de douleur retenue face à la vie dans un orphelinat. L’héroïne de « Sauvages » est, elle aussi, une enfant. Et elle aussi a perdu sa maman (« une panthère l’a dévorée », affirme son papa). Vivant en bordure de la jungle de Bornéo, elle va recueillir un petit orang-outan dont la mère a été tuée par de vilains forestiers et découvrir l’existence d’un cousin et de grands-parents restés vivre au plus près de la nature…
« Sauvages » aborde le thème dramatique de la déforestation de façon à la fois réaliste et lyrique. Il y a donc les bulldozers qui privent les peuples autochtones de leurs lieux de vie et de leurs moyens de subsistance. Et les esprits de la forêt qui, parfois, se manifestent mystérieusement. Claude Barras est aux antipodes des films à la Disney, à l’efficacité numérisée, copiés aujourd’hui dans le monde entier (et jusqu’à Toulouse par TAT). Sa technique est celle du « stop motion » (animation en volume, image par image, comme « Wallace et Gromit ») et son style fluide, jamais dans la surenchère des effets et des péripéties, avec musique tonitruante pour surligner le suspense. Le réalisateur prend son temps – parfois un peu trop – pour raconter son histoire, d’une simplicité biblique. Il n’abuse pas de gags pour « aérer » l’intrigue (citons-en un quand même : le grand-père indien possède un téléphone portable…dont la sonnerie est la musique de « Rocky », « L’œil du tigre »). Il ne décrit pas les animaux de la jungle comme d’aimables peluches : les serpents sont redoutables et les sangsues gâchent les nuits des humains.
Claude Barras rend sympathiques ses personnages à la grosse bouille ronde et juste, bien sûr, leur difficile combat écologique, tracé à gros traits. Mais il ne retrouve pas cet équilibre miraculeux entre drame, poésie et comédie qui faisait de « Ma vie de Courgette » une merveilleuse pépite, tellement bouleversante.
A Toulouse, « Sauvages » est à l’affiche de l’ABC et du Pathé Wilson.