Le Fil, un film de Daniel Auteuil
Voici donc le légendaire Ugolin de Claude Berri à nouveau devant et derrière la caméra. Cette fois, Daniel Auteuil se confronte à un genre porté Outre-Atlantique à son zénith : le film de prétoire. Il prend pour base plus ou moins proche les mémoires d’un ancien avocat pénaliste et trace un scénario dans lequel il est question d’un homme accusé d’avoir tué son épouse, alcoolique notoire, mère de leurs cinq enfants. Ce film met avant tout en scène un avocat, Jean Monier (Daniel Auteuil himself, pas spécialement convaincant) et Nicolas Milik, le père de famille et coupable idéal (Grégory Gadebois, en colosse naïf, comme toujours épatant). De la salle d’audience en scènes d’extérieur, le film interroge sur la quête de la vérité et le travail de la magistrature dans ce domaine. La figure de Jean Monier est intéressante en cela qu’il a arrêté le pénal depuis longtemps, ayant fait, quinze ans auparavant, innocenter un criminel qui, sitôt libéré, est revenu tuer. Mais concernant Nicolas Milik, un dossier qu’il a pris pour rendre service à son épouse, avocate elle-même, c’est son intime conviction de l’innocence du prévenu qui le fait replonger dans le métier. Quitte à rudoyer certaines règles déontologiques…
Le dernier opus de Daniel Auteuil n’apporte rien de nouveau au genre et, pour tout dire, les seconds rôles sont assez rudimentaires, y compris dans leur interprétation… Son seul intérêt, il convient de le répéter car il n’est pas secondaire, c’est le questionnement sur la recherche de la vérité. Et d’ailleurs, quelle vérité ? En cela ce film ouvre des abîmes de réflexions quant au travail de la Justice, en particulier lorsque les preuves manquent à l’appel. On pourra regretter que le personnage de Nicolas Milik ne soit pas davantage au centre du scénario, d’autant qu’avec Gregory Gadebois il y avait de quoi creuser profond. Le final rend ces regrets encore plus amers…