Delphine Minoui publie Badjens aux éditions du Seuil. Un roman coup de poing qui suit le quotidien d’une jeune iranienne.
Un prénom préfigure parfois la destinée d’un être. Tel est le cas pour Badjens qui signifie « mauvais genre » ou encore « espiègle et effrontée ». Mais pourquoi une telle désignation ? Badjens est à priori une petite fille comme les autres qui cherche l’amour des siens. Surtout du père. Celui-ci est distant, voire brutal. Une fermeté que Badjens observe peu à peu dans la rue et surtout à l’école. Là-bas, elle découvre la louange faite au régime en place ainsi que le sort réservé aux femmes. D’emblée, cela la révolte, la met en colère. Avec son groupe d’amies, elle refuse de se soumettre. Dans l’intimité de leurs chambres, elles refont le monde, elles dansent, se maquillent. Tout ce qui leur sera désormais interdit. Le début d’un long combat ?
Femme, vie, liberté
Un point de non-retour semble atteint lorsque Badjens apprend le meurtre de Mahsa Amini, tuée pour un voile mal porté. Le pays est sous le choc et Badjens quitte définitivement l’adolescence. Dès lors plus rien ne semble compter si ce n’est se battre pour ses droits et ceux des autres femmes. Badjens sort, prend des risques, flirte, file dans la nuit pour inscrire des slogans sur les murs. Tout sauf l’immobilisme.
Delphine Minoui offre le portrait d’une jeune femme combative et solaire. Un archétype de cette jeunesse iranienne qui se bat jour après jour pour la liberté. La forme du monologue est ingénieuse afin d’entrer dans la peau du personnage et ce jusqu’à cette scène d’ouverture majestueuse où Badjens grimpe sur une benne pour proclamer sa résistance. Un court texte d’une intensité galopante et saisissante. Indispensable.
Delphine Minoui, Badjens, Seuil.