Septembre sans attendre, un film de Jonas Trueba
Ale est réalisatrice de cinéma, son mari Alex est comédien. Ils sont mariés depuis 14 ans et forment aux yeux de leur entourage le modèle du couple parfait. Sauf que ce jour ils invitent leurs proches à fêter… leur séparation. Stupeur dans le microcosme familial et amical. C’est une blague ? Pas du tout. Ce n’est pas qu’Ale et Alex se trompent mutuellement ou se disputent à longueur de journée, mais c’est ainsi. C’est surtout ce que le fantaisiste paternel d’Ale (joué ici par Fernando Trueba, le père du réalisateur et lui-même cinéaste) se plaît à évoquer à tout bout de champ : Les couples devraient fêter leur séparation plutôt que leur union. Tel l’arroseur arrosé, il n’en revient pas et tente, en vain, de rétropédaler sur cet aphorisme anarchique.
Cette comédie romantique flirtant avec des atmosphères rohmériennes, bourrée de références cinématographiques (Truffaut entre autres) ou philosophiques (Kierkegaard), est une mise en abyme étourdissante de virtuosité. En effet, Ale et Alex tournent un film dans le scénario de Septembre sans attendre. Et bien sûr, in fine, nous comprenons que le scénario du film qu’ils tournent est le scénario du film que nous voyons.
Alors, un film réservé aux cinéphiles ? Oui, assurément ! Mais pas que. Porté par deux comédiens époustouflants de justesse dans une sobriété de jeu rafraîchissante, ce film nous parle avec une sensibilité bouleversante de l’amour et de ses saisons. Peut-être qu’Ale et Alex ont besoin de cette séparation pour mieux s’aimer ensuite car on sait bien que l’hiver précède toujours le printemps. Itsaso Arana (Ale) et Vito Sanz (Alex) sont les interprètes idéaux pour nous parler de cette confusion des sentiments alors qu’arrive la trop fameuse crise de la quarantaine, aussi célèbre que potentiellement inexistante par ailleurs.