Katápola est un duo toulousain qui propose une pop laid back très agréable, à la fois atmosphérique et pop, et surtout très solaire, comme le village des Cyclades auquel il emprunte son nom. Rencontre avec Françoise et Joe (bien connu de nos services avec un CV chargé : Boys Scouts, Prehistoric Pop, Indian Ghost, Don Joe Rodeo Combo, Jesus Of Cool) à l’occasion de la sortie de leur très beau premier album, Wheat Fields…
Comment est né Katápola ?
Françoise : Le duo s’est fait tout seul sans qu’on y pense, comme en enchaînement naturel de situations, un peu comme si c’était écrit mais qu’on n’avait pas encore lu l’histoire. Au départ c’était juste un jeu, un amusement de couple qui se retrouve confiné avec la musique comme terrain d’expérience… et comme souvent quand on démarre, l’envie de s’approprier des morceaux qu’on aime, par plaisir et par défi. Joël a amené son matériel de studio chez moi et s’est amusé à chiader nos reprises avec des arrangements. On se filmait au téléphone avec parfois des petits déguisements et on envoyait les vidéos aux copains et aux enfants pour les faire marrer. Quand ensuite Joël a été investi de la mission de m’apprendre à jouer de la guitare, c’est le pédagogue qui est entré en action. Il a commencé par me construire des bases musicales sur lesquelles je pouvais m’entraîner à passer les accords puis ces bases sont devenues des morceaux structurés jusqu’au moment où il m’a suggéré d’y plaquer des paroles. Et voilà.
Joël : Voilà.
Vous êtes un couple à la ville comme à la scène, cela facilite-t-il l’écriture et l’élaboration des chansons ? D’ailleurs, qui fait quoi dans Katápola (musique, textes) ?
Françoise : Pour ma part n’ayant aucun recul sur cette activité, je dirais que nous sommes dans une configuration idéale. C’est un vrai bonheur de partager cette expérience avec son amoureux. Pour utiliser une image un peu convenue (mais parfaitement adaptée), cet album était notre bébé : on l’a imaginé dans nos rêves, conçu dans le plaisir, accouché en douceur et élevé dans le bonheur. Bon j’idéalise un peu ah ah… l’écriture des paroles ne se fait pas sans douleur que ce soit en anglais (avec la contrainte d’une langue étrangère) ou en français (avec la difficulté de ne pas être cucul ou de ne pas faire de la mauvaise poésie). Avec Joël on a travaillé ensemble même s’il est le principal artisan bien sûr.
Il y a souvent un côté californien (au sens des Allah-Las, pas de Toto !) dans votre musique…
Joël : C’est curieux cette histoire de Californie qu’on nous raconte depuis la sortie de l’album. Ce n’était sûrement pas un objectif au départ mais je pense que ça vient à la fois des suites d’accords ouverts, du mid-tempo et de quelques arrangements un peu psyché…Plus une ambiance d’espaces naturels que de frénésie urbaine, c’est possible… Ceci dit la référence Allah-Las nous convient très bien, on pourrait même rajouter toute la scène Paisley plus ou moins underground des 80’s qu’on adore des Bangles à Three O’Clock, Rain Parade, Dream Syndicate, etc.
De quoi parlent vos textes ? Vous chantez en français sur « Au Paradis Artificiel », cela n’est donc pas un tabou pour vous ?
Françoise : En anglais, on part d’une idée de refrain qui vient dans une espèce de yaourt qui doit impérativement sonner. On se fiche du sens dans un premier temps (cf. « Nimble Mind ») mais j’aime bien qu’au fond ça veuille quand même dire quelque chose et l’idée que chacun puisse trouver le sens qu’il veut. En français c’est compliqué. Comme je le disais plus haut il faut éviter d’être gnangnan où faire de la poésie de bas étage, pourtant je m’oblige à respecter le bon nombre de pieds et les rimes bien sûr. C’est un équilibre difficile à trouver. Personnellement je m’impose certaines contraintes : hors de question de raconter sa vie, ses états d’âme ou de se servir de la musique comme d’une thérapie ! On fait de la pop légère, les textes ne doivent pas se prendre au sérieux, ils doivent juste sonner.
Joël : Il faut que ça sonne… Mais pas de règle particulière, c’est au feeling. Mais je dois dire que nous sommes assez contents quand c’est le français qui sonne… Nous continuerons à faire dans les deux langues je pense.
Qu’écoutez-vous en ce moment ?
Joël : On aime beaucoup Nick Wheeldon qu’on a découvert récemment, ses deux derniers albums sont magnifiques… Avant et pendant l’album on s’est beaucoup penché évidemment sur les duets légendaires (Sonny and Cher, Lee et Nancy, Jesus and Mary Chain…). Et là je vais écouter du rébétiko des années 1930 (le CD inclus dans l’autobiographie de Markos Vamvakaris qui vient de paraître chez les Fondeurs de Briques).
Françoise : Fontaines DC, je suis fan, et leur dernier single est vraiment canon ! Mais j’ai aussi été très séduite par le nouveau groupe périgourdin d’Eléonore Rochas, très prometteur à mon avis, Psychic Power of Love.
Des projets, des tournées, des messages à faire passer (on m’a dit que Katápola était un groupe engagé !)…
Françoise : On a expérimenté les concerts privés en « maison » et ça me plaît beaucoup… je ne serai pas contre poursuivre l’expérience. Ce qui est sûr c’est que Wheat Fields n’est que le début d’une belle aventure que j’espère prolonger le plus longtemps possible. L’expérience est trop belle à vivre. On sait déjà comment faire évoluer nos morceaux d’ailleurs…
Comme message : tout simplement un grand merci du fond du cœur à tous ceux qui nous ont soutenus, encouragés, rassurés. C’est quand on se retrouve dans cette position de faire une « proposition » au public qu’on mesure l’importance de tout ça.
Joël : On est plus dégagés qu’engagés comme dirait Pierre Desproges… Je pense que personne n’attend que l’on délivre un quelconque message… Pour ce qui est des concerts, oui Françoise a raison, on veut qu’ils soient les plus petits possibles, on refusera systématiquement les grandes scènes !
> https://popsistersrecords.com/