Le Tableau volé, un film de Pascal Bonitzer
L’histoire, tout ce qu’il y a de plus authentique, n’est pas très ancienne. Au début des années 2000, une avocate pose les yeux, chez un de ses clients, sur un tableau simplement accroché dans la salle à manger de cette famille ouvrière qui vient d’acheter une petite maison avec tout son contenu.
Pour elle, il s’agit d’un tableau signé Egon Schiele (1890-1918), artiste viennois emporté dans la fleur de l’âge par la grippe espagnole et dont les œuvres aujourd’hui, très rares sur les marchés, se négocient à prix d’or. L’avocate prend attache auprès d’un grand commissaire-priseur parisien qui, dans un premier temps, se montre sceptique. Après quelques détails donnés, son sens des affaires prend le dessus. Il décide d’aller voir d’un peu plus près. Il s’agit bien des fameux «Tournesols», peints en 1917 et perdus de vue depuis longtemps. En creusant le dossier et les tiroirs du débarras de la maison, il découvre qu’il s’agit d’un tableau volé par les Nazis… Il y a déjà là de quoi faire un vrai feuilleton bourré de suspense. En lieu et place, Pascal Bonitzer préfère, si l’on excepte la trame romanesque, sans aucun intérêt, développée dans le scénario, se pencher sur le métier de commissaire-priseur, une profession faite, semble-t-il, de compromission personnelle à tous les étages et ne discutant d’art qu’accessoirement, l‘essentiel étant dans la valeur de l’objet. Résultat, un film d’une froideur hivernale, sans émotion aucune, ouvrant des pistes sans les fermer, sans les argumenter, sans même les justifier (ce qui est plus embêtant…). Les comédiens, pas à leur zénith, loin s’en faut (Alex Lutz, Léa Drucker, etc.) paraissent à moitié concernés par une histoire ici sans profondeur. La spoliation des biens juifs est un sujet assez majeur pour ne pas servir seulement de faire valoir. Qui trop embrasse….
Pour la petite histoire, le tableau en question a été vendu en 2006 pour 17 millions d’euros dont 10% ont été reversés par les ayants droit à celui qui le détenait.