Un an après avoir dévoilé son premier album, « La Montgolfière », Jérémy Rollando poursuit sa route, de scène en scène. La prochaine escale aura lieu à la chapelle des Carmélites, le 23 mai 2024. Une date déjà complète, lors de laquelle deux musiciennes classiques rejoindront l’aventure. Le guitariste passera ensuite des planches aux airs avec son prochain album, « ZEF », dont la sortie est prévue en 2025.
Culture 31 : Ton premier album « La Montgolfière » vient récemment de fêter ses 1 an, et tu as pu le présenter au public à diverses occasions. Comment ta relation avec ce projet a-t-elle évoluée ?
Jérémy Rollando : On est toujours copains ! (Rires). Je dirais que ça a pris en maturité. On a quand même fait une petite trentaine de dates. J’ai lancé un nouveau projet qui s’appelle « ZEF », qui sortira en 2025, avec la même équipe, et ça explique aussi l’évolution de « La Montgolfière ». Je suis aussi de plus en plus à l’aise sur scène au fil des dates. J’ai eu plein de retours positifs de la part du public. Encore tout à l’heure, quelqu’un m’a dit que ça l’avait vraiment touché. Ça touche les gens sur des moments où ils ne sont pas très bien. C’était pas forcément mon but mais je suis content. C’est comme un médicament pour eux.
L’aventure continue. Tu donneras un concert (déjà complet) à la chapelle des Carmélites, le 23 mai prochain. Tu as déjà performé dans d’autres lieux d’exception. Par exemple, le domaine Bonrepos-Riquet. Que t’évoque ce nouvel édifice au sein duquel tu vas te produire ?
Déjà, je trouve que c’est l’un des plus beaux lieux de Toulouse. Il est un peu secret, certains ne le connaissent pas. C’est aussi un peu spécial pour moi car j’étais au lycée Sainte-Marie de Nevers, qui est la porte en face de la chapelle. Quand j’étais en seconde, j’étais en échec scolaire total. Je n’aimais pas du tout l’école. Et je me suis retrouvé en bac pro « gestion administration ». J’ai tenu 6 mois. Une des profs m’a dit la fameuse phrase que tous les musiciens ont entendu : « arrête de rêver Jérémy, la musique ce n’est pas un métier ». Maintenant, je la remercie de m’avoir dit ça. Parce que je me suis dit que je n’avais rien à faire là et je suis sorti. Déjà à cette époque, j’allais voir cette chapelle et je voyais qu’il y avait des concerts. Je me disais : « wow, faire ça, ce serait beau ». La boucle est bouclée. Je ne sais pas ce que je vais faire après ! (Rires).
Une version élargie de ton projet y sera présentée au public. En plus de Jean-Luc Amestoy à l’accordéon et au piano, Pascal Rollando aux percussions, et Emmanuel Forster à la contrebasse, deux musiciennes classiques se joignent à l’aventure. Peux-tu nous les présenter ?
Il s’agit de Camille Antona et Estelle Besingrand, qui sont issues du Conservatoire de Toulouse. Je les ai rencontrées à l’école musicale. Je pense qu’elles étaient en quête de rencontre avec les musiques actuelles quand elles sont entrées à l’école. De mon côté, les profs essayaient justement de m’expliquer comment écrire la musique et être un peu plus dans le solfège et la théorie. Finalement, on s’est hyper bien entendus. On se complète très bien.
J’avais déjà bossé avec elles sur un groupe que j’avais monté en 2017, qui s’appelait Terranga. On avait commencé à travailler avec des cordes et j’avais écrit des choses. Même si j’en étais pas très content, c’était déjà un pied dans l’écriture. Là, je me suis vraiment intéressé, j’écoute plein de musiques classiques. Du coup, je me suis un peu spécialisé là-dedans, dans l’écriture de ces deux cordes. Et c’est un peu un exercice compliqué. Il faut que ça soit cohérent avec les autres instruments. Il ne faut pas manger les mélodies. La musique doit rester fluide et pure.
L’idée d’ajouter une touche de musique classique à ton répertoire, déjà bercé de flamenco et de jazz, vient donc de la volonté de recréer cette alchimie que vous aviez eu pendant les études, cette complémentarité ?
Carrément. Déjà, j’aime beaucoup la musique de films, plutôt des films des années 70. Et il y a beaucoup d’écriture avec des cordes. Là, l’exercice est un peu compliqué car, évidemment, on n’a pas un orchestre symphonique. Donc il faut quand même arriver à avoir une logique d’écriture avec l’accordéon et la contrebasse. J’écris un peu comme un quatuor à cordes. Mais effectivement, le but est de lier, de rajouter encore autre chose à cette musique qui est déjà entre le flamenco et le jazz. Il y avait déjà un peu de musique classique dans l’écriture, et c’est encore décuplé avec le son des cordes.
On devrait retrouver cette nouvelle direction dans ton prochain album, « ZEF », que tu as évoqué plus tôt. Que peux-tu nous dire de plus sur ce nouveau projet ?
« ZEF » signifie le vent, le zéphyr. J’ai des origines bretonnes. J’adore cet univers, le vent, la voile, tout ça. J’avais envie de mettre quelque chose d’un peu plus puissant dans la musique, sortir de la douceur. Même s’il y en aura, évidemment. Je cherche quelque chose de plus impactant. J’ai déjà trouvé quelques trucs qui sonnent bien…
Avec « Montgolfière », tu incitais le public à prendre de l’altitude. Tu nous confiais : « on me dit tout le temps que j’ai la tête dans les nuages, je vous invite donc à découvrir ce qu’on voit de là-haut ». L’intention est elle la même avec « ZEF » ?
Oui, mais l’image est un peu différente. Maintenant que j’ai pris un peu de recul, de hauteur, je vais voir où le vent me porte.
Propos recueillis par Inès Desnot