Sur scène comme en studio, Nougaro nous a laissé quelques chefs-d’œuvre. En voici trois parmi d’autres.
Une soirée avec Claude Nougaro
Enregistré à l’Olympia en 1969, ce double album est à la fois une parfaite introduction à l’univers de Nougaro et une compilation idéale des chansons enregistrées à cette époque. Dans les vingt-huit titres, on retrouve les grands standards (Armstrong, Quatre boules de cuir, La Pluie fait des claquettes, Une Petite fille, Sing Sing Song, Le Jazz et la Java, Le Cinéma, A bout de souffle, Je suis sous,Toulouse), mais aussi des chansons moins connues qui sont de véritables pépites comme Berceuse à pépé ou Chanson pour le maçon dédiée à l’écrivain Jacques Audiberti qui l’encouragea à ses débuts. Du Brésil avec Bidonville (adaptation du Berimbau de Baden Powell et Vinicius de Moraes) à l’Afrique avec L’Amour sorcier, on voyage tandis que Paris Mai fait entendre les échos de 68. À noter parmi les musiciens qui l’accompagnent la présence de l’incontournable Maurice Vander au piano, d’Eddy Louiss à l’orgue ou de Bernard Lubat aux percussions.
Nougayork
On connaît l’histoire : en 1985, Claude Nougaro est congédié de chez Barclay qui vient d’être repris par Polydor. Pas assez à la mode, pas assez commercial. Le chanteur file à New York et sous la houlette de Mick Lanaro (producteur exécutif) et de Philippe Saisse (claviériste français émigré à New York depuis plusieurs années où il collabore avec Al Jarreau, Chaka Kahn ou Steve Winwood) qui compose cinq chansons, il va délivrer un cocktail funk-rock métallique et brûlant qui porte aussi la patte de grands musiciens tel le guitariste Nile Rodgers ou le bassiste Marcus Miller. À l’automne 1987 sort Nougayork dont la chanson qui donne son titre à l’album devient instantanément un tube et Nougaro touche un nouveau public tandis que le succès retrouvé est un beau pied de nez à ceux qui le considéraient quelques mois plus tôt comme un ringard. Dans la foulée, Claude Nougaro prend la direction de côte ouest et de Los Angeles pour y enregistrer son deuxième album américain : Pacifique.
L’Enfant Phare
À l’inverse d’un Gainsbourg dont l’œuvre était achevée artistiquement au milieu des années soixante-dix, Claude Nougaro n’a cessé de produire chansons et disques importants. En témoigne notamment cet Enfant Phare sorti en 1997. Après le come-back initié par Nougayork auquel ont succédé albums et tournées incessantes, Claude Nougaro a dû subir une lourde opération du cœur. L’Enfant Phare marque son retour et il signe un album apaisé, lumineux, joyeux, volontiers élégiaque, où la douleur, l’angoisse et la souffrance qui imprègnent souvent ses textes rendent les armes. Nougaro chante les Corbières (où il s’est alors installé une partie de son temps), les cigales, les anges, les éléments, l’amour… Les quatorze titres impressionnent par leur cohérence et la délicate variation des ambiances et des couleurs. Des petits bijoux comme Bras dessus bras dessous, Beaucoup de vent, Les Pas ou J’ai perdu le Montblanc dans la neige n’ont pas à rougir au regard des classiques nougariens.
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