3e édition du 28 juin au 11 juillet 2023
David Fray est un homme fidèle, fidèle à la ville et la région qui l’ont vu naître, fidèle à ses amis et fidèle aux causes qu’il défend. En lançant L’Offrande Musicale en 2021 à Tarbes, il a non seulement fondé l’un des événements musicaux les plus prestigieux d’Occitanie mais aussi mis en lumière une cause qui lui est chère : l’accès des personnes en situation de handicap à l’offre culturelle et leur visibilité dans le milieu artistique. On rappellera que lors du premier festival, l’artiste en résidence était la jeune plasticienne Lou Chavepayre, atteinte depuis sa naissance d’infirmité motrice cérébrale. Pour la 3e édition de cette manifestation « humaniste & solidaire », le pianiste et son équipe présentent une programmation de haut niveau à la croisée des arts, axée cette année sur la voix, qu’elle soit chantée ou parlée. Tour d’horizon.
David Fray © James Bort / Warner
Des concerts de prestige consacrés à Mozart, Brahms, Schubert et au baroque italien
C’est un Gala Mozart qui ouvre le festival 2023, mercredi 28 juin à 20h à la Halle Marcadieu de Tarbes. David Fray a réuni autour de lui une distribution impressionnante constituée des chanteurs Katharina Konradi (soprano), Stéphanie d’Oustrac (mezzo), Giovanni Sala (ténor) et Ildebrando d’Arcangelo (baryton-basse), du choeur Accentus et de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse, tous étant placés sous la direction du grand chef allemand Christoph Eschenbach. Au programme de cette soirée, le Concerto pour piano n°20 et le célèbre Requiem, deux pièces majeures du Divin Wolfgang composées dans la même tonalité de Ré mineur. En lien avec le concert, une série inspirée par l’œuvre de Mozart a été commandée au photographe Paolo Roversi, dont des tirages grand format vont être exposés au sein de la halle marchande.
Christoph Eschenbach © Luca Piva
Un autre compositeur germanique, romantique celui-ci, est célébré au cours de cette 3e édition à l’occasion d’un Gala Brahms, vendredi 7 juillet à 20h à l’abbaye de l’Escaladieu. Le musicien tarbais a convoqué plusieurs amis à ses côtés, Melody Louledjian (soprano), Lucie Peyramaure (soprano), Philippe Do (ténor), Nicolas Courjal (basse), le très renommé Quatuor Modigliani et Emmanuel Christien, vieux complice de David Fray, les deux pianistes ayant partagé l’enseignement de Jacques Rouvier au CNSMD de Paris. Deux œuvres de Brahms sont programmées, les Liebeslieder Walzer pour piano à quatre mains et chœur, et son très beau Quintette pour piano et cordes. Ce concert est précédé d’une conférence sur Brahms donnée à 18h45 par le musicologue Rodolphe Bruneau-Boulmier, producteur sur France Musique.
Quatuor Modigliani © Luc Braquet
Parmi les nombreuses amitiés qu’a nouées David Fray dans le milieu musical, celle qui l’unit à Renaud Capuçon est certainement l’une des plus anciennes. Nul ne s’étonnera donc de les voir se produire en duo lundi 10 juillet à 20h à la salle Robert Hossein de Lourdes, d’autant plus que le violoniste est artiste en résidence au festival depuis 2021. La figure de Schubert est honorée lors de cette soirée où vont être jouées quatre pièces du grand compositeur viennois : la Sonate pour violon et piano « Grand duo » D. 812, le Rondo brillant pour violon et piano D. 895, la Sonatine pour violon et piano n° 2 op. 137 D. 385 et la Fantaisie pour violon et piano op. posth. 159 D. 934. À 18h45 au même endroit, le journaliste et animateur d’émissions de radio Olivier Bellamy présente une conférence sur le thème « Schubert et le violon ». »
David Fray et Renaud Capuçon © Marco Borggreve
La soirée de clôture de l’édition 2023, mardi 11 juillet à 20h à l’abbaye de l’Escaladieu, est dédiée à la musique baroque dans son versant italien. L’un des artisans du renouveau du baroque en Europe dans les années 1970, le Franco-Américain William Christie, a été invité à donner ce concert de fin de festival avec Les Arts Florissants, l’ensemble sur instruments d’époque qu’il a fondé en 1979. Ils accompagnent les contre-ténors Hugh Cutting et Carlo Vistoli dans un programme d’airs composés à l’origine pour des castrats. Auparavant, les passionnés et les curieux ont la possibilité d’assister à la conférence « Castrats et contre-ténors » proposée par le musicologue Luca Dupont-Spirio.
William Christie @ Denis Rouvre
La mélodie française et le lied à l’honneur
Il était inconcevable qu’une programmation axée sur la voix ne mette pas à l’honneur la mélodie française et le lied, son cousin germanique. Mercredi 5 juillet à 17h au musée Massey de Tarbes, la soprano Anne-Marine Suire et le pianiste Emmanuel Christien, dont le jeu sensible et le son cristallin se prêtent à merveille à la musique française de cette période, présentent un récital de mélodies composées à la Belle Époque, celles de Gabriel Fauré, Henri Duparc, Francis Poulenc, Reynaldo Hahn ou Ernest Chausson. Le musée Massey est l’écrin idéal pour recréer l’atmosphère des salons parisiens de la fin du XIXe siècle et du début XXe, où se côtoyaient peintres, compositeurs et écrivains dans un véritable tourbillon de création artistique.
Anne-Marine Suire
Une première soirée Schubert est au programme du festival, jeudi 6 juillet à 20h au château de Montus à Castelnau-Rivière-Basse. Maître du lied à qui il a consacré une partie importante de son œuvre, Schubert a composé plusieurs cycles de référence dans ce domaine, en particulier Le Chant du cygne peu avant sa mort survenue l’année 1828. Un poignant testament musical publié à titre posthume, où se mêlent mélancolie, lyrisme et légèreté, servi par le grand baryton allemand Matthias Goerne, bien connu des habitués de l’Opéra national du Capitole de Toulouse. Pour ce récital, le chanteur est accompagné au piano par Markus Hinterhäuser, directeur des festivals de Vienne et de Salzbourg. En préambule, le critique musical Michel Le Naour anime à 18h45 une conférence sur « Le Chant du cygne ».
Matthias Goerne et Markus Hinterhäuser
Gérard Depardieu rend hommage à Barbara et prête sa voix à un spectacle jeune public
Si l’homme Gérard Depardieu est depuis quelque temps au centre de controverses, l’acteur, le récitant et même le chanteur n’ont que peu d’équivalents lorsqu’il s’agit d’émouvoir, devant la caméra ou sur scène. À ce titre, le spectacle Depardieu chante Barbara, présenté samedi 1er juillet à 20h à la Halle Marcadieu, est un des temps forts du festival et de sa programmation « hors classique ». Ami proche de Barbara avec qui il partagea la scène lors de la pièce musicale « Lily Passion » en 1986, Depardieu récite, chante quatorze titres de la Dame en Noir accompagné au piano par Gérard Daguerre, complice de la chanteuse pendant dix-sept ans. Avant le concert, le festival propose à l’Hôtel de ville de Tarbes à 18h30 une rencontre avec Philippe Besson, écrivain en résidence de cette 3e édition.
Gérard Depardieu et Barbara
Le lendemain, dimanche 2 juillet à 11h, Gérard Depardieu est de retour dans le même lieu en tant que récitant du spectacle Le roi qui n’aimait pas la musique, un conte musical pour enfants composé par Karol Beffa sur un texte de Mathieu Laine. Quatre musiciens accompagnent le comédien sur scène, la violoniste Olivia Hugues, le clarinettiste Patrick Messina, le violoncelliste Henri Demarquette et Karol Beffa lui-même au piano. Il était une fois un roi bougon, autoritaire et jaloux qui interdit à ses sujets, pourtant tous musiciens, de jouer de la musique… Mais comment vivre sans musique ?
L’Histoire, le théâtre et la musique se rencontrent
Mardi 4 juillet à 20h au Théâtre des Nouveautés à Tarbes, L’enfant oublié, une création conçue et mise en scène par Chiara Muti, est à l’affiche de ce 3e festival. La comédienne se passionne de longue date pour le destin tragique de Louis-Joseph de France, deuxième enfant et fils aîné de Louis XVI et Marie-Antoinette, héritier du trône mort des suites d’une tuberculose le 4 juin 1789 à l’âge de sept ans et demi. Si l’Histoire a retenu le sort infâme fait à son frère Louis-Charles, « futur » Louis XVII, à la prison du Temple, elle a oublié la courte vie du petit Louis-Joseph, enfant adoré de son père et sa mère. Sa mort prématurée durant les États-Généraux, à quelques semaines de la Révolution, plongea le Roi dans une profonde tristesse et ne fut pas sans répercussions sur les événements à venir. Accompagnée au piano par David Fray, Chiara Muti raconte le drame que vivent des parents confrontés à la maladie et au handicap d’un enfant, aussi privilégiés soient-ils sur le plan social. Cette création est précédée de la conférence « La famille de France pendant la Révolution » présentée par l’historien José Cubéro à 18h45 à l’Hôtel de ville, en partenariat avec l’Université du temps libre (UTL) de Tarbes.
Chiara Muti et David Fray
Peinture et cinéma au programme
Toute l’histoire de la peinture en moins de deux heures, c’est le défi que relève Hector Obalk, vendredi 30 juin à 20h à l’Auditorium Padre Pio de la Cité Saint-Pierre à Lourdes. Entouré des musiciens Yaïr Benaïm (violon et violoncelle) et Éric Villeminey (violoncelle), ce critique d’art et vulgarisateur éclairé propose une sorte de stand-up musical érudit et hilarant où le public est immergé dans l’histoire de la peinture occidentale grâce à des images projetées sur écran géant. Pour apporter sa contribution à la cause que défend le festival, Hector Obalk a mis un accent particulier sur des peintres qui ont dû composer avec le handicap et modifier leur technique picturale pour continuer leur travail de création : Monet, Matisse et le Titien.
Hector Obalk
L’entrepreneur Olivier Goy est le parrain de l’édition 2023 de l’Offrande Musicale. Sa vie a basculé un matin de décembre 2020 lorsqu’il a appris qu’on lui avait diagnostiqué une sclérose latérale amyotrophique, pathologie plus connue sous le nom de maladie de Charcot. On l’informe très vite qu’il n’existe à ce jour aucun traitement et qu’il n’a probablement plus que trois ans à vivre. Passé le choc de l’annonce, une question s’impose : que faire ? Vivre à fond le temps qui reste et surtout témoigner, notamment à travers le documentaire Invincible été tourné par la réalisatrice Stéphanie Pillonca et projeté samedi 8 juillet à 18h30 dans le cadre du festival (lieu non déterminé). Voyages, rencontres, projet photographique, Invincible été est à la fois une ode à la vie et une réflexion sur le sens qu’il ne tient qu’à nous de lui donner, en changeant notre regard sur le handicap mais aussi sur nous-mêmes et le monde.
La masterclass de David Fray
Ceux qui ont eu la curiosité de regarder ses vidéos sur YouTube le savent déjà, David Fray est habité par la passion de transmettre son art et son amour du piano. Il était donc tout naturel que le fondateur et directeur artistique de l’Offrande Musicale dispense son enseignement à la nouvelle génération du clavier lors du festival. Sa masterclass est programmée le 8 juillet, de 10h à 12h, puis de 14h à 17h à la chapelle Notre-Dame de Piétat, sur la commune de Barbazan-Debat. Un lieu auquel il est également très attaché depuis l’enfance et où il a enregistré son récent CD consacré aux Variations Goldberg.
Masterclass – L’Offrande Musicale © Eva Cuesta / Yvette L’agence
Pour être tout à fait complet dans la présentation du festival 2023, il convient de rappeler que la volonté de ses organisateurs et partenaires d’ouvrir largement les portes de la manifestation aux personnes en situation de handicap se concrétise par plusieurs mesures spécifiques :
– au moins 20 % des places offertes à des personnes en situation de handicap
– présence de bénévoles accompagnateurs
– un service gratuit de navettes adaptées
– répétitions ouvertes et rencontres avec les artistes pour les personnes en situation de handicap et leur famille, en particulier pour les personnes porteuses d’un handicap cognitif
– diffusion en direct de concerts auprès des personnes se trouvant dans l’incapacité totale de se déplacer (centres hospitaliers, centres pour handicapés, EHPAD…)
