Le Nouveau Printemps prend ses quartiers à Saint-Cyprien jusqu’au 2 juillet prochain. Tour d’horizon de cette première édition née de l’association avec Matali Crasset.
L’équipe du Nouveau Printemps et Matali Crasset ont mis au cœur du festival des thématiques actuelles et étroitement liées entre elles : l’écologie, la nécessité de faire collectif, le féminisme ou encore l’habitat. Ces enjeux sont abordés au travers de propositions, de projections, tantôt concrètes, fictives ou poétiques et nous invite dans le même temps à regarder des pratiques qui abordent ces questions depuis longtemps déjà et dont la pertinence des intuitions se déploie pleinement ces dernières années.
Au cœur de la Chapelle Saint-Joseph de la Grave, Camille Grosperrin et Julien Desailly collabore pour la première fois autour d’une œuvre commune, Les Invisibles. Camille Grosperrin travaille essentiellement la céramique, Julien Desailly, le son, et c’est autour de cette structure imaginée à deux qu’ils rendent sensible ce qui n’est pas ou plus là, dissimulé.
Sujette par le passé aux inondations du fait de sa grande proximité avec la Garonne, la chapelle accueille cette structure charpentée, une sorte de jetée hors d’eau, qui montre pourtant les signes d’une sortie de lit passée. Ce sont les pièces en céramiques de Camille Grosperrin qui, inspirées de la faune et de la flore bordant la Garonne, nous indique le passage de l’eau en étant comme des extensions, des greffes, sur la charpente en bois à la façon de champignons. Et, grâce à une forme motorisée tournante qui active une cloche, toutes deux en terre chamottée, le son nous signale, par vagues, la présence cachée de cette pièce accessible uniquement par un escalier dérobé et dévoile par la même occasion l’acoustique exceptionnelle de la chapelle en occupant tout l’espace architectural.
Aux Abattoirs, Matali Crasset a invité 3 artistes aux pratiques aussi singulières que fortes. En exposant ces 3 artistes, Matali Crasset entend réunir l’humain, le végétal et l’animal, chacune de ces pratiques représentant l’un d’eux.
Claudine Monchaussé travaille la céramique dans le village de La Borne depuis 1959. La grammaire qu’elle emploie est invariablement la même, et crée des sortes de relais, de totems, dont la partie inférieure, toujours identique, semble être issue d’une même matrice. Pour la partie supérieure, toujours différente, toujours dans l’abstraction, Claudine Monchaussé s’inspire de la fertilité, des forces vives de la nature et d’une certaine recherche d’équilibre, de géométrie. Une quinzaine de pièces sont produites annuellement et cuites à l’occasion d’un unique four. Le moment de la domestication du feu est celui, pour Matali Crasset, où nous sommes devenus humains, nous différenciant en ça des animaux.
Marinette Cueco manipule le végétal, ponctuellement le minéral, depuis les années 70 et son travail consiste dans un premier temps à une collecte. Puis, elle entreprend notamment un impressionnant travail d’entrelacs de tiges qui forment au fur et à mesure une sorte de toile, patiemment nouées, tissées, tressées, crochetées ou encore tricotées. La pratique de Marinette Cueco nous ramène au rythme de vie paysan, dépendant des saisons et à une façon de travailler faite de gestes spécifiques et simples et pensant à la valorisation de chaque partie du végétal. En ce sens, l’artiste a acquis une connaissance intime de son environnement, des végétaux à sa disposition, de leur modes de séchages et de stockage, leurs propriétés etc…
Enfin, Cornelia Hesse-Honegger, illustratrice scientifique durant 25 ans, explore depuis une trentaine d’années, à travers le monde, des sites nucléaires dits à « faibles radiations » ou ayant subi des catastrophes afin d’observer et de rendre compte par le dessin des difformités visibles sur les punaises vivant dans ces zones. Les dessins extrêmement précis et fins révèlent des dysmorphies évidentes ou des asymétries plus discrètes, inquiétantes, que l’on perçoit dans un second temps. La portée politique du travail de Cornelia Hesse-Honegger a été confronté au silence du milieu scientifique et à l’absence d’études sur le sujet.
Les polypores mangeurs de conforts de Matali Crasset font le lien entre ces 3 pratiques et le travail de Raisa Aid, Popline Fichot et Juli Saisan, visible dans la suite du parcours aux Abattoirs. Les polypores, où Naturalia issus de la collection Daniel Cordier, sont ces champignons qui poussent sur le bois. Matali Crasset a accolé les polypores aux murs extérieurs de petites maisons-maquettes, échelle réduite, à la forme minimale. Elle imagine alors ces champignons se nourrir de notre enfermant confort domestique et ainsi le déplacer vers le dehors, vers l’autre, nous incitant à sortir d’un cocon de torpeur, d’un repli sur soi. Pour l’occasion elle a crée deux structures, à échelle humaine, imaginée pour l’extérieur et reprenant la forme des polypores sur lesquels il est possible de s’asseoir, s’allonger ou s’abriter.
Construclab est un réseau transnational qui travaille autour du design et de l’architecture. Pour Le Nouveau Printemps, dans le jardin Sainte-Monique, le collectif nous donne à voir une installation visant la mise en place d’un jardin potager. Le projet est pensé et construit de la serre, servant aussi à récupérer l’eau de pluie, jusqu’au séchoir afin qu’ils puissent être fait des tisanes avec les plantes récoltées. Tout relève de l’ingéniosité, parfois de la récupération. Les architectures légères et fonctionnelles sont en harmonie avec les exigences et les défis écologiques d’aujourd’hui. Tout dans ce projet avance vers le vivant, vers sa perpétuelle adaptation ainsi Constructlab fait œuvre du collectif, de l’échange de connaissance, du lien tissé avec les patients et visiteurs de l’hôpital, habitants et passants.
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