C’est le grand rendez-vous annuel de la presse musicale toulousaine, celui que l’on marque au fer dans son calendrier, celui au cours duquel est révélée la saison à venir du Capitole, vaisseau amiral de la culture à Toulouse.
C’est dans le Grand Foyer de cette vénérable et pourtant si moderne institution que le rendez-vous est fixé. L’assistance est nombreuse, accueillie par Francis Grass, Président de l’Etablissement public du Capitole, Claire Roserot de Melin, Directrice générale de cet établissement et Christophe Ghristi, Directeur artistique.
Après avoir rendu un vibrant hommage à tous les artisans de ce véritable renouveau post Covid que connaît l’Opéra national du Capitole aujourd’hui, Francis Grass donne la parole à Claire Roserot de Melin. Celle-ci va souligner combien la politique tarifaire de cette institution a su façonner le profil du public. Malgré les hausses de toutes sortes liées à l’inflation, le prix des billets de cette future saison ne bouge pas. C’est un vrai pari, celui de la fidélité des spectateurs. Avant de prendre la parole pour aborder le volet artistique de cette conférence, Christophe Ghristi ajoute alors que le Capitole ne donne pas des spectacles pour des élites de quelque sorte qu’elle soit, mais pour un public d’élite. Nuance !
Chefs-d’œuvre en cascade
L’ouverture de la saison, le 26 septembre 2023, se fera avec un bijou trop peu affiché, Les Pêcheurs de perles d’un Georges Bizet de… 25 ans ! Cette nouvelle production signée Thomas Lebrun pour ses débuts capitolins, sera dirigée par le chef français Victorien Vanoosten. Sur le plateau, la distribution initialement prévue avant Covid, il y a trois ans : Anne-Catherine Gillet (Leïla), Mathias Vidal (Nadir) et Alexandre Duhamel (Zurga). Cela fait la bagatelle, inexplicable à vrai dire, d’un quart de siècle que ce chef-d’œuvre de l’opéra-comique français n’a pas été donné au Capitole (?). Suivra une nouvelle production de Boris Godounov de Modeste Moussorgski, signée Olivier Py et dirigée par Andris Poga avec le très attendu tsar meurtrier de Mathias Goerne.
L’année 2024 débutera avec l’œuvre de tous les défis de Richard Strauss : La Femme sans ombre. Reprise pour ce faire de la production maison signée en 2006 par Nicolas Joel. A la baguette, le triomphateur du tout dernier Tristan et Isolde in loco : Frank Beermann. Une incroyable distribution affrontera ce monstre musical et philosophique : Issachah Savage (L’Empereur), Elisabeth Teige (L’Impératrice), Sophie Koch pour sa première Nourrice, Brian Mulligan (Barak) et Ricarda Merbeth pour ses débuts dans le rôle de la Teinturière. Mozart prend la relève sous la direction du maestro Michele Spotti qui, dans la mise en scène de Satoshi Miyagi, dirigera Idomeneo avec Marie Perbost (Ilia), Ian Koziara dans le rôle-titre, et Cyrille Dubois dans celui d’Idamante, sans oublier Andreea Soare (Elettra), Petr Nekoranec (Arbace) et Kresimir Spicer (Le Grand Prêtre). Le maestro italien restera sur place pour enchaîner avec la Cenerentola rossinienne dans une nouvelle production signée Barbe et Doucet, un Rossini étincelant qui verra défiler deux distributions dans lesquelles brillera assurément le Don Ramiro du ténor stratosphérique de Levy Sekgapane. A une exception, le Pelléas et Mélisande annulé pour raison de pandémie en mai 2021 fait son comeback dans une nouvelle production signée Eric Ruf pour la mise en scène et sous la direction de Léo Hussain. Marc Mauillon et Victoire Bunel seront les malheureux amants chers à Debussy mais traqués par le Golaud de Tassis Christoyanis. Janina Baechle et Franz-Josef Selig (Geneviève et Arkel) ajouteront leurs immenses talents à cette reprise plus qu’attendue. Fin de saison somptueuse avec Eugène Onéguine de Piotr Ilitch Tchaïkovski dans une nouvelle production signée Florent Siaud (mise en scène) et sous la direction de Gabor Kali. Encore une fois et à une seule exception, c’est la distribution intégrale prévue pour janvier 2021 qui sera présente : Stéphane Degout dans le rôle–titre, Valentina Fedeneva (Tatiana), Bror Magnus Todenes (Lenski) et Andreas Bauer Kanabas (Grémine).
Programme de récitals sous forme de pluie d’étoiles
L’énoncé seul de ces artistes venant des quatre coins du monde pour offrir au public toulousain, avec piano pour seul accompagnement, l’émotion la plus sincère que propose un récital, suffit à dire tout l’éclat de cette saison : Michael Fabiano, Mathias Goerne, Marcelo Alvarez, Karine Deshayes, Florian Sempey et Marie-Nicole Lemieux. Excusez du peu ! Prix unique : 20€ par soirée ! Mais ce n’est pas tout. Dans le cadre des célébrissimes Midis du Capitole, voici que nous reviennent Catherine Hunold, Mikhail Timoshenko, Aleksei Isaev, Petr Nekoranec, Marie-Laure Garnier et Carl Ghazarossian. 5€ le récital. On croit rêver non ?
Suit une série de concerts plutôt orientés vers la musique baroque avec des personnalités comme Hervé Niquet, Emiliano-Gonzalez Toro, Jordi Savall et Les Sacqueboutiers.
Voilà, je vous avais prévenu : vertigineux !
Robert Pénavayre
une chronique de ClassicToulouse