À l’occasion de la sortie de son nouvel album « La Sagrada », Natalia Doco sera au Metronum à Toulouse ce samedi 25 mars. Entre spiritualité et féminin sacré, Natalia dévoile un album introspectif, d’une sincérité rare. Entretien avec une femme libre et spirituelle.
Le thème de la spiritualité est omniprésent dans votre album, pourquoi l’avoir abordé ?
Natalia : La spiritualité fait partie de ma vie quotidienne, j’étais profondément inspirée. Je n’écris pas des chansons simplement pour écrire des chansons, j’y traduis les expériences par lesquelles je passe. Depuis toute petite je suis très accrochée à la spiritualité, j’avais besoin de retranscrire ma vision de la spiritualité, ma vérité. J’ai eu une éducation religieuse et après avoir été maman je me suis posée plein de questions par rapport à la spiritualité pour sortir un peu de la religion et faire les choses à ma sauce.
Quel a été votre processus de création pour cet album ?
Natalia : Mon processus était long car les chansons sont un résumé de mes expériences personnelles. Toute cette traversée m’a pris quatre ans, les chansons sont venues de façon assez fluide, à l’époque j’habitais en forêt et je descendais tous les jours pour la traverser. Je cherchais une sorte de présence divine qui m’inspire et me guide dans mon parcours. J’allais à la rivière et je commençais à chanter, mes chansons et les mélodies venaient comme ça. Je pourrais dire que ce sont des conversations avec une déesse.
Vous avez un fils, est ce qu’il comprend votre musique ?
Natalia : Parfois il me pose des questions il me demande pourquoi est-ce que je dis que les femmes sont plus fortes que les hommes. Moi j’essaye de lui expliquer que ce n’est pas ce que je dis, je communique la force que j’ai trouvée dans la féminité. Je viens d’Amérique latine, un pays natif où le système est très patriarcal en plus j’ai eu une éducation religieuse donc j’essaye de remettre les bases sur des choses qui ne sont pas apprises. Dans la féminité il y a des capacités des qualités qui ne sont pas vénérées comme des principes masculins dans un pays patriarcal, la capacité d’être magnétique par exemple. Il me pose beaucoup de questions, j’essaye de donner des outils pour qu’il intègre la totalité de son être donc l’énergie masculine mais aussi l’énergie féminine.
Avez-vous déjà rencontré des problèmes sur votre route artistique liés au fait que vous soyez une femme ?
Natalia : Oui mais Je ne dirai pas que ce sont des problèmes, j’observe beaucoup ce qui se passe. Je sais que je suis capable de choisir comment je veux me sentir devant les choses. Ça m’est déjà arrivé qu’on ne me traite pas comme la créatrice de mon album et qu’on veuille m’expliquer les choses. J’ai la capacité de choisir si je veux me sentir diminuée face à telle ou telle personne.
Bien évidemment quand j’étais plus jeune ça m’est très souvent arrivé de me sentir diminuée, je pleurais, j’avais envie de me défendre. Petit à petit j’ai retrouvé une force au fond de moi donc personne ne va me traiter comme une petite fille qui ne connaît rien.
Avec l’expérience j’ai réussi à ne pas me positionner comme une victime. Je sais poser les limites quand il faut et replacer les gens où ils doivent se mettre. Je vois la vie comme une grande possibilité d’exprimer la divinité que je suis depuis ma naissance. Je pense que chaque personne a cette capacité, chaque fois qu’on a une faiblesse, qu’on se sent victime de quelque chose on peut prendre l’expérience et choisir notre ressenti. Si on ne se positionne pas en victime (même si on peut l’être et être victime d’injustices) on a la capacité de créer un champ qui permet d’agir de façon créative face à la situation. C’est comme un nœud qui se débloque. Au plus on répète ça, au moins ces situations arrivent.
Est-ce que votre rapport à la musique a changé avec cet album ?
Natalia : Avant il y avait quand même l’envie spirituelle de partager mais il y avait aussi l’envie de cartonner, que tout le monde m’aime. Un peu comme une envie de recevoir, là je suis dans un moment de ma vie où je peux sentir des expériences de joie intense, de paix. Quand je chante j’offre simplement mon expérience, je n’attends rien en retour. J’ai repris mon pouvoir et je me suis positionnée dans un espace de vie qui m’est parfaitement agréable. Je vous donne cet album et si ça sert je serai heureuse. Si ça ne plaît pas je comprends, mais je ne m’arrête pas là-dessus. Je reçois des messages de femmes pour me dire que mon album les aide à se reconnecter à elles-mêmes, je ressens un bonheur incroyable, ça me fait beaucoup de bien.
Sur la cover de votre album on vous voit dénudée, est-ce une façon de montrer que vous êtes en paix avec vous-même ?
Natalia : Oui, en fait j’ai été fortement inspirée par la figure de Marie-Madeleine. L’histoire qu’on nous a racontée dépeint cette femme comme une prostituée, moi j’ai fait beaucoup de recherches sur elle. Il y a beaucoup de manuscrits cachés ou détruits mais elle n’était pas comme ça. Marie-Madeleine a été élevée dans des écoles d’Égypte ancienne dès ses 4 ans. Elle avait une profonde sagesse, très puissante et elle maitrisait son énergie. J’ai été profondément inspirée, elle était fortement connectée à sa sensualité et sa sexualité sacrée. J’étais tellement inspirée j’ai effectué un travail pour pouvoir relier mon être spirituel et charnel. J’ai compris que j’étais en lutte avec mon corps depuis mes 10/11 ans, dû à mon éducation religieuse. Je me suis réconciliée avec mon corps après être devenue maman, ça a soigné profondément ma vie. Ma pochette d’album montre que dans ma nudité je me sens bien.
Le Metronum
samedi 25 mars 2023