Toujours très attendu, le 35e Cinélatino se tiendra du 24 mars au 2 avril 2023, à Toulouse et en région. Avec toujours ses différentes compétitions, ses découvertes, ses reprises, sa section classique, ses concerts, ses expositions, ses très nombreux invités. Pour aborder les nouveautés, je donne la parole à Eva Morsch Kihn, programmatrice de Cinélatino.
Quelles sont les nouveautés cette année ?
Elles commencent dès le premier jour, avec l’inauguration, suivie non pas de deux, mais de trois films d’ouverture le 24 mars :
– on a toujours l’inauguration en plein air sur l’esplanade François Mitterand, à la sortie du métro Jean Jaurès, où il y a les petits kiosques. On a choisi des courts-métrages pour que les gens puissent choisir de rester ou non, qui reflètent bien aussi le travail du festival pour mettre ce format en avant. Au fil des années, il y a eu une compétition court-métrage fiction puis, une compétition court-métrage documentaire.
Le prix révélation du court métrage permettait jusqu’à présent au gagnant d’être mis en avant dans les salles par Cinéphilae ; et maintenant l’APIFA (Association des Producteurs Indépendants d’Occitanie), qui est un nouvel entrant, va remettre 1500 € au réalisateur·trice, qui recevra aussi des prestations techniques de 2000 € par le Lokal, ainsi qu’un pack communication de la part de la plateforme guayaba.film qui va préacheter les droits et mettre en avant ses autres courts-métrages ; et pour finir Bref Cinéma offrira un abonnement pour le lauréat, et permettra de le visibiliser. Le jury sera toujours composé d’un membre de l’APIFA, un membre de Bref Cinéma, d’un ou d’une réalisateur·trice latino américain·e (p18)
– on avons donc cette année 3 films d’ouverture, avec
* un nouveau lieu en ouverture avec l’American Cosmograph : Los Reyes del mundo en présence de Laura Mora, qui était venue présenter Matar a Jesús. Son second long-métrage a un souffle, une réelle grâce, et a été récompensé par la Concha de Oro à San Sebastián. Le film sort en salles le 29 mars. La réalisatrice accompagne le film en région, et elle produit aussi un projet présenté en Cinéma en développement avec sa propre société, qui est aussi coproductrice du film Diógenes (p13).
Avis de Carine : je n’étais pas fan de Matar a Jesús, mais pour Los Reyes del mundo, oui, je partage l’avis d’Eva.
* on retrouve Maria Augusta Ramos, – à qui nous avions dédié la section Otra Mirada en 2021 en coproduction avec la Cinémathèque de Toulouse -, avec son nouveau film, Amigo Secreto, – différent de la version diffusée par Arte -, sur la cabale contre Lula. Comme d’habitude avec elle, c’est fin et passionnant. Le film est projeté à la Cinémathèque de Toulouse, et fait partie du cycle Brésil, cinéma et politique, où Rafael Sampaio, un collaborateur de longue date de Cinéma en Développement, est commissaire. Il va accompagner cette section (p32-33).
Avis de Carine : tout pareil d’Eva, Amigo secreto en salles, c’est un grand oui !
* on finit avec Vincenta B. le film cubain de Carlos Lechuga à l’ABC. Toulouse a un amour particulier pour le cinéma cubain, qui a toujours eu une continuité, contrairement à d’autres pays latino-américains. Le réalisateur vient avec l’actrice du film Linnett Hernández Valdés. On reçoit cette année une délégation cubaine très importante qui accompagne les films Bajo un sol poderoso, Soberane, Camino de lava, et deux films pour Cinéma en développement, réalisés par Carlos Melián et Lisandra López Fabé qui va faire une résidence d’écriture de trois mois à Toulouse. C’est la seule réalisatrice de long-métrage fiction cubaine que je connaisse. J’espère que cela créera des vocations.
* il y a aussi la Nuit Cinélatino Queer et activisme au Brésil de 19h à 7h du matin, au Cratère. Les jeunes étaient venus nombreux l’an dernier autour de ces thématiques qui se retrouvent très souvent dans le cinéma latino-américain, depuis longtemps, que ce soit dans des longs ou des courts, fictions ou documentaires.
Vous avez toujours su, me semble-t-il, renouveler votre public…
Parlons tarifs alors. Afin de rendre nos séances accessibles au plus grand nombre, nous proposons justement des préventes pour les étudiants, sur les campus, pour acheter la place à l’unité à 4 euros. Lors du festival, ils peuvent acheter en commun le carnet de 5 places Spécial jeune (- de 25 ans) à 20 €, puis se partager les places.
Entre 12 et 18 ans, ils peuvent avoir accès aux séances de cinéma via le PASS CULTURE.
Les projections dans les trois médiathèques et à l’Instituto Cervantes sont gratuites.
Avis de Carine : à noter que l’American Cosmograph propose des tickets suspendus en caisse, et Utopia Tournefeuille des tickets VO pour les réfugiés et les demandeurs d’asile.
D’autres nouveautés ?
Ce n’est pas une nouveauté, mais un rappel aux festivaliers. On nous dit souvent qu’il y a trop de choses dans le Festival, vu qu’on met en avant le cinéma d’un continent. Mais il existe des solutions ! En plus du catalogue, du site, de la revue qui permettent déjà de faire une sélection, il y a l’accueil du village du festival, dans la cour de la Cinémathèque, des médiateurs qui voient des films depuis le mois de décembre : ils pourront donc accompagner les spectateurs et répondre au mieux à leurs questions. Il ne faut pas hésiter à les solliciter : à Cinélatino, on a des informations, des interactions et de l’éditorialisation.
Autre nouveauté : 5 séances de compétition fiction long-métrage auront lieu en périphérie de Toulouse, en avant-première, avec un invité pour échanger avec le public, au Véo de Muret, au Véo de Colomiers, à Utopia Tournefeuille, à l’Autan à Ramonville et au Studio 7 à Auzielle. C’est très important pour nous, car c’est fondamental que le festival évolue en même temps que la géographie de Toulouse et des alentours, et des envies des spectateurs. Cette proposition a été très bien accueillie par les vendeurs, les distributeurs et les invités. Cela affine le travail fait en région, où j’invite les spectateurs à regarder les cinéma proches de chez eux d’après la page 43 du catalogue, ou l’onglet région du site, et d’aller consulter directement sur le site du cinéma choisi pour savoir les dates et des horaires, et s’il y a les invités.
Avis de Carine : Chili 76, en présence la réalisatrice Manuela Martelli au Cinéma l’Olympia à l’Isle Jourdain, c’est aussi un grand oui, pour le film que j’aime beaucoup, parce qu’en discuter avec la cinéaste est toujours bien, et que le cinéma est super chouette !
Cette année fait encore la part belle aux femmes cinéastes
Il y a la section RéalisActrices, avec le actrices qui sont passées à la réalisation.
Au delà de cette section, il y a en effet beaucoup de réalisatrices, avec la personnalité à ne pas manquer cette année : Tatiana Huezo. Elle est salvadorienne, et vit au Mexique. Dès son premier film, elle s’est imposée dans le Cinéma d’Amérique Latine. Son geste pour aborder des situations de violences extrêmes est très sensible, très poétique. Elle ne cherche pas à les euphémiser, ni à les adoucir, mais cherche à écouter ces femmes, ce qu’elles ont vécu, sans que ce soit dur pour le spectateur, par sa mise en scène en désynchronisant beaucoup l’image et le son. Les trois premiers films ne sont pas expérimentaux, mais des essais. Nous l’accueillons en partenariat avec la Cinémathèque de Toulouse dans cette section Otra Mirada ; c’est Franck Lubet qui animera la rencontre avec Tatiana, seule femme mexicaine ayant reçu un Ariel, même quatre. Ses courts-métrages seront projetés à la Cinémathèque et aux Abattoirs.
Un mot sur la programmation jeune public…
Autre nouveauté : sur le site, on peut maintenant trouver des films par tranche d’âge. On est très heureux de pouvoir proposer ce service. On a deux programmes de courts-métrages, un dès 5 ans et un dès 6 ans gratuit, on a un ciné-conte qui est gratuit, un long-métrage et un moyen-métrage ; et aussi un atelier pâte à modeler le samedi.
Je passe maintenant la parole à Patricia de l’Association Chili, Culture et Solidarité :
Nous sommes partenaires de Cinélatino sur le panorama des associations depuis 2013 et nous accompagnons chaque année un, deux ou trois films engagés qui représentent la société du Chili et /ou d’Amérique latine. Notre motivation chaque année est de solidariser, donner une voix et une visibilité aux citoyens qui n’ont pas les moyens de s’exprimer pour faire changer les choses. Cette année, pour commémorer les victimes du coup d’état militaire chilien après 50 ans, nous allons accompagner au Cinéma Le Cratère deux films chiliens :
– le 2 avril à 15h45 : le documentaire « Mon pays imaginaire » du réalisateur Patricio Guzman qu’il présente ainsi » Octobre 2019, une révolution inattendue, une explosion sociale. Un million et demi de personnes ont manifesté dans les rues de Santiago pour plus de démocratie, une vie plus digne, une meilleure éducation, un meilleur système de santé et une nouvelle Constitution. Le Chili avait retrouvé sa mémoire. L’événement que j’attendais depuis mes luttes étudiantes de 1973 se concrétisait enfin ».
– le 29 mars à 17h et le 1er avril à 11h55 : la fiction de 2005 « Machuca » du réalisateur Andrés Wood, qui revient, justement, sur les luttes étudiantes au Chili de 1973.
Nous sommes vraiment très honorés d’accompagner ses films qui donnent la parole à plusieurs personnes qui croient et espèrent toujours une vraie justice pour le Chili. N’hésitez pas à nous rencontrer quand nous accompagnons les deux films.
Cinélatino 2023, du 24 mars au 2 avril
Tous les renseignements sur le site cinelatino.fr