C’est avec une installation vidéo en plusieurs parties que l’exposition « Remonter les rivières » remet au jour l’histoire d’un cours d’eau situé en Normandie. Dans une démarche proche du documentaire nous découvrons la particularité de cette rivière, le mal invisible qu’elle charrie. Ce travail de Laura Molton, diplômée de l’Isdat en 2018, est présenté à la Maison Salvan jusqu’au 25 mars prochain.
C’est en 5 chapitres, 5 vidéos, Ouvrir, Capter, Prélever, Sauver et Tortula que l’installation vidéo de Laura Molton sillonne tout l’espace de la Maison Salvan. Mise en exergue par le dispositif matériel, à ras du sol, l’eau semble s’écouler à nos pieds.
Nous sommes à la Hague en Normandie et cette rivière ne se distingue pas visuellement de celles que nous connaissons déjà tous. Mais, étape par étape nous cheminons auprès d’elle et prenons connaissance de son histoire. D’abord via la sensorialité, puis la science et enfin la mémoire.
C’est d’abord deux bras aux veines apparentes qui apposent leurs mains au fond de cette eau, qui l’écoute, la sonde, l’ausculte. Les veines dessinent une analogie formelle de la rivière et le corps semble être un prolongement, un rejeton sensible de ce lit. Puis vient le temps des discussions sur la rive, les questions et les inquiétudes à s’être baigné à cet endroit et le mot « nucléaire » est lâché. Relevés scientifiques à l’appui, les paroles inquiètes échangées précédemment, ne sont pas des rumeurs, des légendes locales déformées.
Laura Molton s’est installée à la Hague en Normandie, lieu initial de la contamination de l’eau. Et, c’est auprès des habitants qu’elle fait remonter à la surface l’histoire de cette rivière. Fragiles vestiges à la difficile conservation et transmission, articles de journaux, poèmes disent l’ histoire pour ceux qui ne sont plus là pour la raconter. On y découvre l’implantation en 1969 d’un centre de traitement des déchets radioactifs et d’un parc à énergie nucléaire, les désaccords de la population locale, l’écho dans la presse à l’époque et aujourd’hui les questions restées sans réponses.
Avec la même envie que certains habitants locaux, ce travail s’attache à percer des zones d’ombre. Celle d’abord de l’histoire de l’implantation de ce site, puis celle des réels impacts de l’exposition au nucléaire sur le vivant, enfin celle que l’opacité du temps qui passe construit, les décennies passant sur la nécessaire transmission de cette histoire.
Ouverture Maison Salvan
Mercredi, vendredi et samedi de 14 h à 18 h, le jeudi de 12 h à 18 h. Fermeture les jours fériés.
Entrée libre.