C’est sous l’égide de l’Opéra national du Capitole de Toulouse. La structure se doit dans chacune de ses saisons de présenter une œuvre contemporaine. Après Massacre de Wolfgang Mitterer en avril 2015, ce sera Dafné du même auteur autrichien.
La compagnie Les Cris de Paris vient l’interpréter sur la scène du Théâtre Garonne pour 3 représentations, le 15 et 16 à 20h et le 17 février à 20h 30. Dafné est écrite spécialement pour un ensemble vocal de douze chanteurs, 4 sopranos, 3 mezzo-sopranos, 2 ténors, 1 baryton et 2 baryton-basses, poussant la note vocale (sonorisée en lien avec l’électroacoustique), mais aussi à l’occasion égrenant la note instrumentale (flûte, basson, guitare, cor, percussions,…).
Geoffroy Jourdain est à la direction.
« Pour moi, l’opéra doit nécessairement comprendre des airs, des “mélodies“ pour les voix. Si ces airs n’existent pas, si le chant n’existe pas, alors on est dans le domaine du théâtre musical. L’opéra reste l’endroit où de grandes émotions sont mises en relation avec le chant. » W. Mitterer
L’œuvre à la source, Dafné, est une réalisation du compositeur Heinrich Schütz, en 1627. Lui-même s’était inspiré d’un livret du grand poète baroque, Martin Opitz, Les métamorphoses d’Ovide : la nymphe Daphné n’échappait aux assiduités d’Apollon qu’en se transformant en laurier toujours vert, symbole de gloire éternelle, après un plouf ! dans les eaux du fleuve Pénée, allégorie de la Chasteté ou de la Vertu refusant l’amour physique d’ Apollon.
Il se trouve que la partition de Schütz a disparu dans un gigantesque incendie dans la ville de Dresde dont sa bibliothèque.
Le livret, intact, lui, a séduit Wolfgang Mitterer, le virtuose des claviers et des dispositifs électroniques en tous genres.
Le résultat, c’est le spectacle qui vous est offert par la compagnie Les Cris de Paris sous l’œil du compositeur. Une forme d’opéra madrigalesque. L’ensemble est dirigé par le directeur musical de la compagnie, Geoffroy Jourdain, et présenté dans une mise en scène et scénographie assurées par Aurélien Bory. L’artiste a déjà travaillé pour le Capitole avec en charge, la mise en scène d’un récent Parsifal. L’artiste aime les défis.
Ne pas oublier que l’ouvrage fait appel aux sonorités électroniques qui vont constituer la basse continue, et le chœur des chanteurs, à la fois comédiens, instrumentistes et accessoiristes, le héros. On est loin ici des essais de reconstitution musicologique, la partition ayant disparu en fumée. C’est une véritable réécriture avec les moyens propres au XXIè siècle auxquels Mitterer mixe avec grande habileté des extraits de partitions de Schütz.
« Ce qui compte se trouve à la lisière de tout et dans l’art de se soucier de l’autre. » W. Mitterer
Opéra national du Capitole • théâtre Garonne