Du 10 au 12 février prochains, le parc des expositions de Toulouse (MEETT) accueillera la nouvelle édition locale du salon d’art contemporain art3f. L’objectif de l’évènement : rendre compte de la diversité artistique contemporaine. Pour ce faire, galeristes et artistes aux univers variés exposeront leurs joyaux aux yeux des visiteurs.
Le rendez-vous privilégié des férus d’art contemporain est bientôt de retour. Le salon art3f prendra ses quartiers au parc des expositions de Toulouse (MEETT), du 10 au 12 février 2022. Une occasion très attendue. En effet, le salon s’exporte dans différentes villes de France, mais l’accueil des Toulousains est sans pareil. La ville rose enregistre d’ailleurs l’une des plus grosses affluences des évènements art3f, depuis 2016. Cette année, l’objectif est de proposer un salon encore plus riche et diversifié qu’auparavant. Et, bien sûr, une orchestration digne du tissu économique et culturel toulousain.
Des univers artistiques divers et variés
Galeries, peintres, sculpteurs et photographes – venus de Toulouse, de France, d’Europe et du monde entier – feront découvrir leurs univers artistiques singuliers. Des univers éclectiques, aussi représentatifs des plus grands courants artistiques de l’art contemporain. De la figuration libre en passant par l’abstraction, l’art brut, l’art naïf, l’art cinétique, l’expressionnisme, le pop art, le nouveau réalisme, le graffiti, le post graffiti et bien d’autres. Les rencontres entre exposants et visiteurs promettent donc des échanges riches et des coups de cœur.
La convivialité pour mot d’ordre
Les éléments principaux de la recette art3f resteront cependant inchangés. Le salon conjuguera toujours art abordable, artistes émergents, signatures de renom, et convivialité. Une convivialité renforcée par de la restauration à toute heure, un bar à champagne, une soirée de vernissage avec de la musique live et une ambiance décontractée.
5 questions à Serge Beninca, directeur des salons art3f
Pourquoi avoir misé, dès le départ, sur l’art contemporain et non un autre mouvement artistique ?
Pour commencer, je vais définir « art contemporain », parce que ce terme est parfois assimilé à un art un peu particulier, un peu intellectuel, ou à des performances. Chez nous «art contemporain» sous entend « période d’après-guerre » et donc, essentiellement, artistes vivants. Nous avons très peu de représentations d’artistes qui ne sont plus de ce monde. L’idée de départ du premier salon est assez simple. À la base, nous sommes une agence de communication, et, dans nos équipes, il y a des créatifs dont un peintre, et un galeriste.
Au détour d’un café, ce galeriste a parlé d’un salon auquel il venait de participer à Metz, qui ne s’était pas forcément bien passé. Et, étant un petit collectionneur à ce moment-là, je me suis dit, après tout, pourquoi ne ferait-on pas notre propre salon, un peu décomplexé, ouvert à tous, où les enfants sont les bienvenus ? Car l’art n’est pas réservé qu’aux gens fortunés. On voulait rendre l’art accessible à tous, en terme de visibilité mais aussi financièrement.
Vous prenez effectivement le contre-pied des salons d’art huppés en proposant de l’art abordable. Pourquoi est-ce important pour vous de rendre l’art contemporain plus accessible ?
Je me suis rendu compte d’un truc tout bête, c’est que le prix ne fait pas l’émotion. On pourrait débattre de ce qui fait le prix, mais ça prendrait des heures. Aujourd’hui, vous pouvez avoir la même émotion avec une toile à 1.500 euros et une toile à 500.000 euros. D’ailleurs, un Jeff Koons qui va vous coûter des millions d’euros ne vous procurera peut-être aucune émotion, tandis que chez nous, vous allez pouvoir trouver un sculpteur qui proposera un magnifique bronze à 3.000 euros, qui vous en procurera beaucoup plus.
Il faut savoir qu’avant notre arrivée, les salons étaient essentiellement réservés aux galeristes en France. C’est-à-dire qu’un artiste n’ayant pas de galerie pour l’exposer ne pouvait pas exposer lui-même dans les salons. Nous avons deux concepts, l’un est exclusivement réservé aux galeries, mais la majorité sont des salons art3f, comme à Toulouse. Nous y mélangeons des stands d’artistes et de galeristes, ce qui a pu poser un peu problème au début.
Les galeristes disaient « les artistes sont faits pour produire et nous, nous sommes faits pour vendre ». Notre philosophie n’était pas celle-là, mais au contraire, que si un artiste veut se représenter, c’est tant mieux. La particularité du salon est d’ailleurs que les visiteurs vont pouvoir retrouver le conseil avisé d’un galeriste, mais pas que, et ils adorent par-dessus tout le contact avec l’artiste, pouvoir discuter, comprendre ce qu’il fait, pourquoi il le fait, d’où il vient…
Le nom « art3f» fait référence à « 3 frontières », puisqu’au moment de la création du salon, vous étiez à Mulhouse, à quelques kilomètres de la frontière suisse et allemande. L’art contemporain, lui, a-t-il des frontières ?
En fait, non. Au départ, il est vrai que notre marché est essentiellement français, mais art3f a dépassé les frontières. Nous avons des dates en Suisse, au Luxembourg, en Belgique. Et les salons que nous organisons en France se déroulent de l’exacte même manière dans d’autres pays. Il y a un autre grand salon concurrent – dont je tairai volontairement le nom – qui nous appelé pour que nous puissions faire un salon art3f dans le même parc d’exposition que ce très gros salon, parce qu’ils se sont rendus compte d’une chose. C’est qu’aujourd’hui, l’art s’adresse à tout le monde.
Et tout le monde doit pouvoir accéder à l’art, n’en déplaise à certaines personnes qui pensent qu’il faut avoir un gros portefeuille pour pouvoir en acheter. Je me répète, mais le prix ne fait pas l’émotion. Il est important d’ouvrir l’art au plus grand nombre, y compris aux enfants d’ailleurs, qui, ne sont pas souvent les bienvenus dans les salons. Nous avions d’ailleurs un espace qui leur était dédié avant le Covid-19, qui reviendra l’année prochaine. Les enfants peuvent être les futurs artistes, comme les futurs collectionneurs.
Nous voulons que ce soit une fête de l’art, quelque chose de populaire, dans le bon sens du terme. Nous sommes dans l’émotion et dans l’art coup de cœur, sans la frustration du prix. La fourchette est entre 1.000 et 7.000 euros mais on peut tout à fait trouver quelque chose à quelques centaines d’euros. Nos exposants sont également tout à fait enclins à proposer un paiement en plusieurs fois.
La fréquentation de votre salon est particulièrement importante à Toulouse. En quoi le public Toulousain se différencie-t-il des autres ?
C’est un mystère auquel je n’ai pas de réponse. Je dois admettre que le public de Toulouse est assez incroyable. On a le même phénomène à Mulhouse, qui est cependant une ville de 120.000 habitants. Certains pourraient dire que c’est parce que nous sommes chez nous à Mulhouse. Je ne connais quand même pas autant de monde pour remplir un salon. Mais effectivement, il y a des villes en France, comme Toulouse, Mulhouse, Nantes, ou encore Paris qui est un cas à part, où le taux de fréquentation est très haut.
Mais je suis incapable de donner une explication à la question du pourquoi il y a une fois et demie plus de monde à Toulouse qu’à Lyon par exemple, où la communication est identique et qui est encore un peu supérieure en population. Sachant que le salon de Toulouse est également plus récent. Le numéro 1 est encore Mulhouse mais ça risque, dès cette année, d’être battu par Toulouse. L’accueil du public toulousain me ravit, évidemment.
En plus, l’année dernière, nous avons eu très peur. Car en quittant le centre-ville pour aller dans le nouveau parc des expositions, nous avions perdu beaucoup d’exposants locaux. Ils n’y croyaient pas du tout. Le parc des expositions de Lyon est lui aussi excentré, à 25 km de la ville, et le centre de Lyon a vraiment du mal à se déplacer. La crainte à Toulouse était donc également que les gens du centre aient du mal à se déplacer. Mais non seulement ça a super bien fonctionné, mais je crois que nous avons fait un bond de 15% ou 20% de plus que la dernière édition. Et je pense que nous n’avons même pas encore atteint notre pic.
Ce qui est intéressant aussi, c’est que non seulement il y a du monde, mais en plus il y a des acheteurs, bien plus qu’à Nantes par exemple, qui draine beaucoup de monde aussi mais moins d’acheteurs. Là, à Toulouse, il y a à la fois le volume et le potentiel économique. Toulouse pour nous, c’est que du bonheur !
Quel artiste présent dans cette édition 2023 est votre plus gros coup de cœur, tous domaines artistiques confondus ?
Je ne vais donner aucun nom, pour deux raisons. La première est que, volontairement, je ne fais pas partie du comité de sélection. Donc je ne sais même pas encore – le catalogue n’étant pas édité – qui sera réellement présent à Toulouse. Pour moi c’est un vrai bonheur de découvrir le salon un petit peu comme les visiteurs. Avec mon lot de coups de cœur, et parfois de déception, puisque je peux quand même feuilleter le catalogue un peu en avance. Et parfois, sur place, on peut être un peu déçu. Mais l’inverse est possible aussi !
Puis après, nous faisons 18 salons par an, avec beaucoup d’artistes, et pour certains ce sont des gens dont je suis très proche. Donc je me garderai bien de dire le moindre nom, car les artistes ont une certaine susceptibilité, que je comprends aussi, car ce qu’un artiste produit vient de très loin, du plus profond de lui-même. Par contre, à la fin des salons, je peux parler de certains coups de cœur que j’ai eu. Car ce sont des artistes que je ne connaissais pas forcément, que les galeries peuvent entre autres me faire connaître.
La seule chose frustrante dans mon métier, c’est qu’après avoir passé trois jours avec des œuvres d’art, de les voir et de les revoir, ça donne envie de faire des bêtises ! J’ai eu un jour, il y a 7-8 ans, un appel de mon banquier qui me demandait s’il n’y avait pas comme un problème dans mes comptes (rires). Je crois que mon record est 11 ou 12 œuvres achetées dans un salon. Quand on aime l’art, on a envie de l’acquérir et de le ramener à la maison.
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