Après une première apparition sur la scène du Capitole en ouverture de saison 21/22 (Enzo dans La Gioconda – Amilcare Ponchielli), le ténor mexicain Ramon Vargas était de nouveau invité à l’Opéra national du Capitole pour un récital en ce 14 novembre 2022.
Passons rapidement sur l’accompagnement distant et sans grand intérêt de la pianiste géorgienne Mzia Bakhtouridze pour en venir à l’essentiel enthousiasmant de cette soirée : Ramon Vargas. L’Eté dernier il était Mario Cavaradossi à Athènes, cet Automne le voit dans une série de récitals à Trévise, Toulouse, Santa Cruz de Ténérife et Madrid. Puis ce sera au tour du public de Hambourg de l’applaudir dans Simon Boccanegra, et à celui de Liège pour une nouvelle production d’I Lombardi alla prima crociata, deux opéras de Giuseppe Verdi, un compositeur qui a parcouru la déjà longue carrière de ce chanteur depuis ses débuts en 1982. Tout comme pour son compère américain en tessiture, son aîné de six ans (!) Gregory Kunde, le temps semble ne pas avoir de prise sur le matériau vocal pas plus que sur le pouvoir émotionnel de ce chanteur. Il se présente ce soir avec un programme qui ne nous étonne pas outre mesure intitulé : Trésors lyriques, de l’Italie au Mexique.
De manière assez surprenante, Ramon Vargas entame ce récital par…des airs d’opéras, à vrai dire les plus exigeants vocalement, et ce contrairement à nombre de ses consœurs et confrères n’hésitant pas à programmer au début des morceaux sans danger aucun mais permettant non seulement de tester l’acoustique de la salle mais aussi de mettre leur voix en place sans risque. Et pour débuter, rien moins que l’air de Don Ottavio : Il moi tesoro intanto extrait du second acte du Don Giovanni de Wolfgang Amadeus Mozart. En fait, tout est déjà en place : le legato, la souplesse d’émission, l’homogénéité des registres, la virtuosité de la vocalise, le trille, l’ambitus, la couleur, le souffle et l’émotion, sans oublier des ornementations auxquelles peu ose s’affronter. Toutes ces qualités nous allons les retrouver au long de cette soirée qui va s’achever par un véritable triomphe. Elles vont magnifier, et de quelle manière, cet air si touchant de L’Arlesiana de Francesco Cilea : E la solita storia del pastore, puis l’enthousiaste premier aria de Mario de La Tosca puccinienne : Recondita armonia, enfin Kuda, kuda, le poignant adieu à la vie du poète Lenski dans le sublime chef-d’œuvre de Piotr Ilitch Tchaïkovski, Eugène Onéguine. La suite du programme sera un feu d’artifice de mélodies napolitaines et mexicaines.
Deux bis réclamés à grand renfort d’applaudissements par une salle confortablement garnie concluront cette belle soirée dédiée à l’un des plus éminents ténors de cette génération.
Robert Pénavayre
une chronique de ClassicToulouse