La scène suisse est à l’honneur de la nouvelle édition de La Biennale, festival international des arts vivants de Toulouse.
Réunis sous l’impulsion du Théâtre de la Cité pour une première édition qui s’est tenue à Toulouse en 2019, les trente partenaires de la Biennale donnent rendez-vous au public cet automne pour la deuxième édition du Festival international des arts vivants. Deux cents artistes de quinze nationalités différentes sont accueillis dans vingt-trois lieux et sur l’espace public de la Métropole et de la Région. Outre les trente propositions de diverses disciplines artistiques à l’affiche, la Biennale organise également des journées professionnelles, des rencontres, des actions culturelles et des soirées festives.
Le public pourra aisément circuler d’un lieu à l’autre, au fil des itinéraires imaginés par les organisateurs, à la découverte de formes inhabituelles, différentes du reste de la saison. De la même manière, l’installation monumentale « A Piece of 2 – balancing Human sized Rocks », de l’artiste néerlandais Nick Steur, circulera sous différents formats dans plusieurs sites au cours de la Biennale. Plasticien, Nick Steur empile à la main et en tous lieux des pierres allant du simple caillou aux rochers de plusieurs tonnes, lors de performances méditatives et poétiques, à apprécier au cœur de la ville et dans des centres culturels toulousains, mais aussi à Ramonville et Tournefeuille, ou encore en Ariège.
Cette édition de la Biennale témoignera notamment de l’effervescence de la scène suisse, avec près de vingt propositions à découvrir. Parmi les artistes attendus, François Gremaud montrera plusieurs de ses spectacles, écrits seul (« Conférence de choses », « Phèdre ! », « Giselle… », « Aller sans savoir où »), en collaboration de Victor Lenoble (« Pièce sans acteur(s) »), ou au sein du Collectif Gremaud/Gurtner/Bovay (« Chorale », « Les Potiers », « Récital »).
La Biennale affiche également la série « Mémoires des cendres », un cycle d’expositions, installations et performance imaginées par Abdessamad El Montassir sous la forme d’œuvres sonores, filmiques et visuelles restituant les récits et les paysages du Sahara marocain où l’artiste a grandi. Autant de témoignages collectifs ou de récits fictionnels mis en résonance pour repenser l’histoire et les cartographies de ce territoire, questionner l’influence des traumatismes sur les individus et leurs évolutions socio-politiques.
Durant le festival, le compositeur Pierre Jodlowski présentera « Alan T », une création scénique pour une chanteuse, un acteur, cinq musiciens et un dispositif audiovisuel inspiré de la vie d’Alan Turing. Figure emblématique du XXe siècle, ce mathématicien et cryptographe de génie est aussi un héros méconnu de la Deuxième Guerre mondiale, père de l’informatique moderne, prophète des intelligences artificielles, et martyr des persécutions homophobes. Sur un livret de Frank Witzel, ce spectacle multidisciplinaire de Pierre Jodlowski retrace la trajectoire exceptionnelle de l’homme, sur un mode quasi psychanalytique, en même temps qu’il s’attache à rendre tangibles ses théories visionnaires.
On annonce également « Pais & Filhos », une adaptation du roman « Pères et fils » d’Ivan Tourgueniev (1862) écrite par le metteur en scène portugais Pedro Penim, qui s’est inspiré de l’œuvre féministe et queer de Sophie Lewis, avocate des mouvements communistes queer. Citons enfin « O S C A R », chorégraphie intimiste signée Arno Schuitemaker pour trois performeurs évoluant avec le public sur un sol en miroir, où se reflètent d’innombrables ombres.
Jérôme Gac
pour le mensuel Intramuros