Le grand fautif, on va le désigner tout de suite, s’appelle Christophe Ghristi. Nouveau Directeur artistique nommé en 2017, il prend en charge la dernière saison de son prédécesseur et ensuite, il met en place une politique, sa politique, mûrement réfléchie après des années passées auprès d’un mentor de choix, un certain Nicolas Joël.
Christophe Ghristi n’a pas que le titre. Il s’occupe de tout dans sa Maison car le Théâtre est bien sa maison. Une présence permanente, ou presque, à l’accueil comme dans les bureaux, sur le plateau comme dans les loges. Des initiatives ont été prises qui attendaient depuis disons, un certain temps pour faciliter la venue d’un public le plus large possible. Si auparavant, le Théâtre faisait grâce au public de l’accueillir en son antre, virage à 180°, c’est maintenant le Théâtre qui fait tout pour accueillir son public. On devine l’aide précieuse que Christophe Ghristi a pu trouver avec l’arrivée de Claire Roserot de Melin en tant qu’administratrice générale. C’est plus commode quand les idées sont proches.
Mais l’atout primordial de notre cher Directeur, c’est bien la parfaite connaissance de ce qu’est l’opéra, de ce qu’est la VOIX, de ce qu’est le théâtre dans l’opéra. Notre Directeur est très fort sur le sujet !! Il est donc capable de monter des distributions surprenantes au départ, et gagnantes à l’arrivée. Et aussi de monter une saison avec tous les impératifs s’y greffant, et ce, un an, deux ans à l’avance et dans certains cas, il faut aller au-delà.
Un point crucial qui se remarque, ce sont les retours des artistes sur la Maison Capitole. Ils sont nombreux à souhaiter revenir sur le plateau, ce qui crée comme une sorte de troupe virtuelle avec des artistes que le public a plaisir à retrouver. Aussi, dans la lignée d’un Nicolas Joël, grand expert de la chose, Christophe Ghristi a du flair !! Les futures têtes d’affiche du chant lyrique et responsables de productions sont nombreuses à passer par le Capitole avant de prendre leur envol vers les plus hautes cimes.
Voilà pourquoi nous nous retrouvons mis en difficulté pour rédiger ce point de fin de saison. Abondance de biens peut ne pas faciliter du tout la rédaction si l’on envisage de faire un bilan des événements successifs depuis septembre jusqu’à cette dernière retentissante dimanche après-midi d’un Barbiere conquérant. 0 place disponible. Un score guère atteint depuis bien longtemps dans notre cher Théâtre. Et ce n’est pas dû au label National attribué récemment. Cela fait quelques saisons que la température augmente dans les travées.
Le plus simple, on fait dans l’ordre. On démarre avec une rarity pour Toulouse, la création de Gioconda de Ponchielli mis en scène par Olivier Py. Le décor est planté, c’est peu dire. Va suivre un fascinant Wozzeck qui va clouer au fauteuil pas mal de spectateurs. Un trio d’enfer Degout-Koch-Schukoff mis en scène par Michel Fau et dirigés par Léo Hussain : un must.
Une Flûte enchantée surprenante va diviser les opinions mais tout compte fait le public a majoritairement adhéré et n’a pas hésité à remplir la salle. Frank Beermann dirige et il fallait voir les deux distributions. Pareil pour Carmen qui a subi les aléas d’un certain Covid mais, la ténacité, l’opiniâtreté du Directeur a tout de même permis que toutes les représentations soient données : une performance, assurément. Et pas deux, je crois, avec la même distribution ! Un coup d’éclat avec même un certain Michael Fabiano en Don José pour une seule soirée : événementiel !
La grande surprise, et le ravissement à la clé, c’est Platée. L’opéra de Rameau qui avait attendu deux ans pour être donné avait bien mijoté. Comme un délicieux cassoulet fumant, il fut accueilli par un public de plus en plus nombreux au fil des cinq représentations. Pari risqué, mais gagné. Spectacle total, et musique, et chant, et théâtre. Il faudrait citer TOUS les intervenants.
Entre temps, des récitals événementiels comme celui de Sophie Koch, ou José Cura, ou Michael Spyres, ou Marie Perbost, ou Karine Deshayes ou le tandem Lawrence Brownlee et Levy Sekgapane sans oublier les Sacqueboutiers et Jordi Savall et son Concert des Nations.
Jenufa dirigé par Florian Krumpöck a bousculé, favorablement, un public bouleversé. Une distribution miraculeuse venant après une série de défections. Catherine Hunold et Marie-Adeline Henry ont croulé sous les applaudissements.
Il fallait décompresser et Le Barbier de Séville s’y est employé avec huit représentations et deux distributions qui ont enthousiasmé les spectateurs. Il fallait le faire : Christophe Ghristi l’a fait !! Repos. Mais vivement octobre 2022……