Du haut de son tout petit quart de siècle, le baryton martiniquais Edwin Fardini, récemment vainqueur de la troisième édition du Concours Voix des Outre-mer, fait son apparition sur la scène du Capitole dans l’un de ces fameux « Midi » faisant salle comble. Il est aujourd’hui Fiorello dans les présentes reprises du Barbier rossinien sur cette même scène, lieu qu’il reviendra fréquenter à la fin de cette année 2022 dans le rôle de Schaunard de La Bohème puccinienne.
Pour l’heure nous le découvrons, accompagné avec la souplesse, la musicalité, la science et l’amour des voix que nous lui connaissons, par Robert Gonnella, dans un répertoire aussi diversifié qu’ambitieux. Des mélodies de Franz Liszt à celles de Duparc, en passant par le Tannhäuser de Richard Wagner (La Romance à l’Etoile) et le Don Carlo de Giuseppe Verdi (scène finale de Posa), le programme s’achève, entre l’officiel et les bis généreusement accordés à un public sous le charme, par des negro-spirituals.
D’un port altier, ce jeune chanteur déploie un timbre d’une richesse originelle. Il déclare lui-même à nos confrères d’Opéra Magazine « vouloir chanter comme Leontyne Price ». On saisit le message autant qu’on salue l’ambition. Le médium est magistralement émis avec une recherche de colorations bien venue. L’aigu sonnant péremptoire, orné de belles harmoniques automnales, seul le trac peut alors être la raison de cet évitement en fin de scène verdienne. A ce stade de la carrière, s’il est autorisé de faire une recommandation, ce serait certainement la nécessité d’affirmer davantage, en même temps que le registre grave, le timbre sur les demi-teintes, de peur de les voir s’envelopper de manière trop prégnante dans le tissu musical. Mais l’essentiel est là : le souffle, la rondeur, l’appui, la ligne de chant, l’intelligence stylistique, le contrôle du vibrato. Lauréat de nombreux prix et de Fondations prestigieuses, Edwin Fardini est, sauf imprévu, à l’orée d’une belle carrière. C’est du moins ce que nous lui souhaitons ardemment !
Robert Pénavayre
une chronique de ClassicToulouse