Spectacle total, et déroutant qui vous laisse coi !! Quoi, quoi, quoi, dirait Rameau. Une réussite dérangeante presque, car on ne sait plus trop qui encenser en premier. Si, tout bien pesé, ce sera le responsable qui a pris le plus de risques, à savoir, monsieur le Directeur artistique du Théâtre du Capitole, j’ai nommé Christophe Ghristi. Pour suivre, nous ne pourrons que lancer une énumération en essayant de n’oublier personne.
Revoir mon article-annonce sur cet œuvre de Rameau.
Seuls, les ramistes purs et durs auront gardé les mains coincées sous les aisselles pour ne point participer aux salves d’applaudissements en fin de ce spectacle constamment déjanté, spectacle qui s’est déroulé sans entracte d’autant plus facilement que le Prologue était passé à la trappe pour absence de Roi dans la salle, dixit le maître et ordonnateur de la production, j’ai nommé Hervé Niquet, vrai cabotin, grand responsable envers et contre tout du déroulement des représentations, et qui s’en donne à cœur joie. Donc, on “attaque“ par la fin de l’orage ! Ils auront tout fait aussi pour ne pas sourire, les grincheux, et qui sait, rire, à quelques trouvailles du duo Shirley & Dino, car les clins d’œil sont si nombreux et drôles qu’il nous a semblé entendre Rameau hurler : Assez !!!!!! Il n’empêche que Rameau est présent de la première note à la dernière.
Notons que, Hervé Niquet et Shirley & Dino, c’est leur quatrième collaboration après un King Arthur de Purcell, une Belle Hélène me semble-t-il et un Don Quichotte chez la Duchesse de Joseph Bodin de Boismortier, contemporain de Rameau. Et quelle osmose entre les costumes de Corinne et Gilles et les décors de Hernán Penūela ou les lumières de Patrick Meeüs. La transposition est une réussite. L’humour est là. C’est cocasse, en évitant le sarcasme de trop, ou l’ironie trop grinçante, dépourvu de pitreries inutiles et encombrantes. Rien ne sera ridicule, ni vulgaire. Et la cruauté de la satire sera bien présente, ah, l’émotion ! mais à la fin, bien sûr. Quand, les cinq dernières secondes emportent notre compassion et prouvent que le rire n’est jamais loin des larmes. Ouffe !!
Ils sont donc responsables du fait que l’on n’a pu, pris par les yeux, apprécier à leur juste valeur, niveau oreilles, les occupants de la fosse, les musiciens du Concert Spirituel qui se sont pliés avec bonheur aux exigences multiples de leur chef et ont réussi à jouer, avec éclat et tenue, sans se laisser distraire par la folie du plateau. Sans parler des membres du Chœur du Concert Spirituel.
Magnifique surprise et tellement revigorante de s’enthousiasmer pour la prestation des membres du Ballet du Capitole et des chorégraphies de leur Directeur Kader Belarbi qui a réussi à balayer plus de trois siècles de danse. Ballet bouffon qui plus est sans vulgarité aucune malgré le risque pris du travestissement.
Un regret en passant, façon de parler, c’est de ne pas pouvoir faire lire le programme à chacun, avant la représentation, car son contenu est de la meilleure mouture, très éclairant et sans esbroufe intellectuelle.
Et nous en arrivons au chant. Car, ça chante, et fort bien. Qui va oser se plaindre, du style, de la diction, de la déclamation ? Qui n’aura-t-il pas remarqué que, de bout en bout, il pouvait se passer des surtitres, tout de même donnés bien que la comédie lyrique fût en français ? Comment ne pas encenser en premier la collaboration de chaque chanteur aux exigences de la partie théâtre ? Comment ne pas noter, tout de même, les qualités de leur chant ? Comment ne pas ovationner notre batracien préféré ? Un Mathias Vidal, né Platée ? si je puis dire ? Une Platée jamais surjouée, toujours touchant. On verse quelques larmes à la fin, avec lui. Et je pourrais y retourner rien que pour le…ouffe !
Et, tout suit. Le Jupiter de Jean-Vincent Blot ? Saluons au passage ses acolytes qui assurent brillamment ses transformations pour impressionner Platée : elles resteront inscrites dans la mémoire du spectacle ! Et le Mercure de Pierre Dehret ? Dommage de l’avoir amputé de Thepsis !! Et La Folie étincelante de Marie Perbost, n’est-ce pas un monument d’acteur-chanteur ? Quel aplomb ! Momus, voilà un rôle qui semble écrit pour son exécutant Jean-Christophe Lanièce. Immense clin d’œil avec, loin de Gerhilde, ou de Ygraine ! la Junon de Marie-Laure Garnier, à découvrir ! un pari gagnant. On n’oublie pas, évidemment, Marc Labonnette, à la voix pile-poil pour un Cithéron bonhomme à souhait et la soprano Lila Dufy parfaite en Clarine.
On dit aussi grand bravo pour tous, celles et ceux qui, dans les coulisses, ont participé à l’excellent déroulement du spectacle car la distraction ne devait pas être, sûrement de mise ni pour les régisseurs ni pour la gestion des accessoires, et costumes et maquillages et perruques !!
En savoir plus sur Platée :
> Entretien avec Gilles et Corinne Benizio / Robert Pénavayre
> Entretien avec Mathias Vidal / Robert Pénavayre
> Rencontre avec Hernan Penuela / Lucas Laberenne
> Platée fait la belle dans les jardins du Capitole / Michel Grialou
> Rencontre avec Zakari Babel / Carine Trenteun
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