L’artiste Eugène Trutat a travaillé sur diverses photographies autour du thème des femmes aux travail. Aussi, il a mis en lumière ces travailleuses portées par leur courage et détermination. Une exposition à découvrir jusqu’au 19 mars à la médiathèque de Cugnaux.
Dans les années 1890, germe l’idée de la création d’un musée des photographies documentaires, afin de conserver les traces d’un monde en perpétuelle évolution, à laquelle Eugène Trutat, comme d’autres photographes, ne manque pas d’adhérer. Ce désir de transmettre les coutumes de son époque aux générations futurs se fait ressentir dans sa manière de photographier. En effet, à l’aube du XXème siècle son travail renvoie à des pratiques des années 1860-1880, consistant à capturer un moment de vie, sans mise en scène particulière. Il s’intéresse non plus aux paysages mais aux personnages.
Parallèlement, dès les années 1870, l’expansion du chemin de fer en France, impacte largement la pratique photographique d’Eugène Trutat. Cette avancée majeure lui permet de voyager plus régulièrement, notamment entre Toulouse, Luchon et Foix (Ariège) et il profite de ses déplacements pour photographier différents métiers. Eugène Trutat devient le premier conservateur du Muséum d’histoire naturelle de Toulouse à son ouverture en 1865, avant d’être nommé directeur en 1890 à 1900.
« Opérez avec discrétion »
Il se concentre d’abord sur les travailleurs mais très vite élargit son spectre de personnages en s’intéressant également au travail des femmes : marchandes, ânières, fileuses… et lavandières ou laveuses. Ces dernières constituent un sujet photographique à part entière car elles sont représentées dans chacune des 151 communes visitées par Eugène Trutat. Il n’hésite pas à s’approcher d’elles, tout en restant discret. Ce qui l’intéresse réellement dans ces prises de vues, ce sont les modes de vies ainsi que leurs rituels.
Ce photographe a fait part de son mode opératoire : « Opérez avec discrétion, ne vous mettez réellement en place qu’en cachette… Le mieux est de mettre son appareil à hauteur de l’oeil et de le braquer dans une direction toute opposée au sujet à faire puis de se tourner brusquement, de déclencher, et de continuer son mouvement tournant. De cette façon, on ne saura guère ce que vous avez fait ».
Le plus souvent, il ne fait pas poser ses sujets. Ces choix assez audacieux, au vu des moyens technologiques et du matériel utilisé, s’ancre dans une démarche d’honnêteté et de témoignage et rejoint l’idée d’un musée des photographies documentaires. En effet, ces images ont pour principales vocation de retranscrire la réalité, à laquelle s’ajoute un grand sens esthétique.