D’ici la fin de la présente saison, le Théâtre national du Capitole aura affiché quatre des plus prestigieux ténors de la planète lyrique du moment. Et ce, lors de trois récitals qui devraient attirer la foule des mélomanes.
Tout amateur d’opéra connaît ce moment intensément vibrant au cours duquel, lors d’une représentation, le ténor commence à chanter. Mais le phénomène est plus que vibratoire. Il est issu de l’histoire même de cet art. En effet, le ténor tient la plupart du temps le rôle que l’on aimerait incarner, celui dans lequel on se reconnaît le mieux, celui du héros, de l’amoureux de la soprano qui le lui rend bien d’ailleurs malgré le baryton empêcheur de tourner en rond. Voltigeur téméraire, c’est lui qui enflamme ses troupes, et nous avec, en appelant aux armes. C’est lui aussi qui se lance à l’assaut de cimes vocales inimaginables au commun des mortels, roucoulant des mélismes tout droit issus des charmes orientaux. En résumé, il nous fait rêver. Aucune autre voix n’a ce pouvoir immédiat. C’est viscéral !
Encore faut-il trouver ces oiseaux rares. Le Capitole s’en est fait une spécialité. C’est ainsi que débutèrent leur jeune carrière sur notre scène des Roberto Alagna, Juan Diego Florez, Marcelo Alvarez, Jonas Kaufmann, pour ne citer que des chanteurs aujourd’hui inaccessibles en représentations aux finances toulousaines. Christophe Ghristi contourne ce problème bien compréhensible en nous offrant trois récitals avec piano de quatre pointures actuelles de la gent ténorisante.
Jeudi 17 février
José Cura enfin au Capitole ! Dès la fin du XXème siècle, en 1995 exactement, cet Argentin, né à Rosario, devient la coqueluche des plus grandes scènes de la planète lyrique. Tout le monde se dispute ce ténor à peine trentenaire pourvu d’un organe stupéfiant de lirico-spinto et d’un tempérament de feu. Radamès, Samson, Otello, Don José, Calaf sont alors le commun de son répertoire. Aujourd’hui, ajoutant à sa panoplie d’artiste lyrique ses talents de chef d’orchestre et de metteur en scène, il sillonne l’Europe. Il a choisi pour Toulouse de nous faire partager les chansons de son pays, accompagné au piano par Katalin Csillagh et à la guitare par Barbara Kubikova.
Jeudi 3 mars
Avec l’Américain Michael Spyres, c’est un rossinien dans l’âme qui nous arrive. Au Capitole il viendra avec le répertoire beaucoup plus intimiste des Péchés de vieillesse de Monsieur Crescendo, surnom que donnaient ses contemporains à l’auteur du Barbier de Séville. Ces irrésistibles mélodies seront accompagnées par Mathieu Pordoy, un pianiste qui s’impose aujourd’hui comme un partenaire de rêve pour nombre de récitalistes.
Jeudi 7 avril
Ce sera le tour de l’Américain Lawrence Bronwlee et du Sud-Africain Levy Sekgapane. Ce dernier, largement le benjamin de tous ces invités (31 ans), débute aujourd’hui une carrière bel cantiste assez ébouriffante. Déjà bien installés au somment de la pyramide des interprètes de référence de rôles tels que Tonio (La Fille du régiment) et autre Arturo (I Puritani), ils seront, accompagnés par l’Italien Giulio Zappa, les interprètes des plus acrobatiques et vertigineux airs signés Rossini, Donizetti, Bellini et Verdi ! Duel de contre-uts et au-delà en vue !
Des jeudis excitants autant qu’exaltants à sanctuariser d’ores et déjà !
Robert Pénavayre
une chronique de ClassicToulouse