« Renato Berta est directeur de la photographie, même s’il n’aime pas le mot, lui préférant opérateur, pas même chef-opérateur. Il en est pourtant un des plus grands noms du cinéma contemporain », explique Franck Lubet, responsable de la programmation de la cinémathèque de Toulouse. L’établissement lui consacre un cycle en projetant du 4 janvier au 27 février 2022 les films des réalisateurs avec lesquels il a travaillé.
« Il est originaire du Tessin, en Suisse, et a appris le métier, disons, de preneur de vues, à l’École de Rome à Cinecittà dans le mitan des années 1960. Couronné, entre autres, du César de la meilleure photographie pour Au revoir les enfants de Louis Malle en 1988, il est le compagnon et le témoin d’une certaine idée du cinéma depuis la fin des années 1960 à nos jours. Que l’on en juge par les noms des réalisateurs avec lesquels il a travaillé tout au long de sa carrière, avec plus de cent vingt films à son compteur« , raconte Franck Lubet.
Parmi les films qui seront projetés, il sera possible de voir La Salamandre les jeudis 20 janvier et 3 février. Le deuxième des six films qu’Alain Tanner et Renato Berta tourneront ensemble. Un journaliste et un romancier s’associent pour écrire un scénario basé sur un fait divers : une jeune femme accusée d’avoir tiré sur son oncle. Elle s’appelait Rosemonde. Le romancier se tourne vers la fiction et imagine ce qui a bien pu se passer. Le journaliste, lui, se met en tête de retrouver la victime et l’accusée. Et quand il la retrouve, Rosemonde, c’est leur vie à tous les trois qui va changer… Filmer la révolte brute d’une jeune femme. Jouer avec les codes du cinéma-vérité pour en donner une parodie des plus sérieuses. Les 22 et 27 janvier sera projeté le long-métrage l’homme blessé de Patrice Chéreau. Lassé de l’existence qu’il mène avec sa famille, Henri se prend de passion pour Jean, un homme plus âgé rencontré à la gare. Devenant l’ombre de ce dernier, il plonge alors dans un univers nocturne où règnent violence et désir. La beauté âpre de la photo de Renato Berta (rappelant les œuvres de Gustave Courbet), le physique angélique de Jean-Hugues Anglade, le charisme félin de Vittorio Mezzogiorno (doublé par Gérard Depardieu) et bien sûr l’intensité de la mise en scène de Patrice Chéreau. L’apprentissage d’un garçon rêveur. Un film noir sur les corps, l’amour et le trafic des sentiments.
Rencontre-signature avec Renato Berta
Le jeudi 20 janvier 2022, il sera projeté en avant-première Renato Berte, face caméra en présence du réalisateur du film Paul Lacoste et du directeur de la photographie suisse. Voici le synopsis : « D’interviews en entretiens, le portrait de Renato Berta, l’un des plus grands chefs-opérateurs du cinéma. Son nom apparaît dès 1969 au générique de plus cent trente films de long métrage, sous l’intitulé « image » parce qu’il n’aime ni le terme de directeur de la photographie ni celui de chef opérateur. Plus de cinq décennies de carrière avec les plus grands réalisateurs durant lesquelles il a su s’adapter à tous les
styles, tous les tempéraments et toutes les mises en scène. D’Alain Tanner à Louis Malle, de Jean-Luc Godard à Amos Gitaï, tous ont bénéficié des talents de cet unique faiseur de lumière ».
Les 21 et 22 janvier une rencontre-signature est prévue à la cinémathèque et à la librairie Ombres Blanches avec Renato Berta et Jean-Marie Charuau pour leur ouvrage en commun Photogrammes sorti en octobre 2021 aux éditions Grasset. « La lecture de Photogrammes est passionnante. On y découvre les différentes manières de travailler des uns et des autres. On y devine l’art pragmatique de chercher le bon cadre et trouver la lumière. On y apprend la différence entre faire un film et faire du cinéma. Et l’on comprend que tout film est un nouvel apprentissage, entre ce que l’on sait déjà du cinéma et ce que l’on va devoir inventer parce que le film le demande. Et l’on ressent le désir de revoir les films de ces réalisateurs sur lesquels Renato Berta amène un nouvel éclairage »explique Franck Lubet. Il conclut : « Cette rétrospective est le fruit de ce désir. Un désir suscité par une lecture. Le fruit d’une parole. Celle de Renato Berta, simple, magnifiquement simple,
comme une position de caméra simple ».