« Le Lac des cygnes » et « Casse-Noisette » de Tchaïkovski sont au programme des concerts du Nouvel An de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse, dirigés à la Halle aux Grains par Stanislav Kochanovsky.
Stanislav Kochanovsky (photo) dirigera cet hiver les concerts du Nouvel An à Toulouse, en remplacement de Tugan Sokhiev initialement annoncé. Le chef russe a fait ses débuts auprès de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse en 2018, lors d’un concert remarqué au cours duquel il dirigea notamment « Manfred », poème symphonique de Tchaïkovski. Le programme des trois soirées du Nouvel An est constitué d’extraits de deux œuvres du même compositeur qui ont accompagné des ballets célèbres de Marius Petipa et Lev Ivanov: « le Lac des cygnes » et « Casse-Noisette ».
Engagé comme premier danseur à Saint-Pétersbourg en 1847, le Marseillais Marius Petipa est resté au service du Ballet impérial russe jusqu’à sa retraite, en 1904. Il s’y est produit jusqu’en 1868, est devenu maître de ballet en titre en 1869, et a enseigné à l’école de danse qu’il a dirigée jusqu’en 1887. Il a signé une soixantaine de ballets et imaginé les danses d’une trentaine d’opéras. Outre ses œuvres originales, il a repris le répertoire qui alors disparaissait de l’affiche partout en Europe, adaptant les ballets de Jean Dauberval, Jules Perrot et d’Arthur Saint-Léon au goût pétersbourgeois et à l’évolution de la technique. Surtout, il a monté plusieurs versions de « Giselle » en lui donnant la structure qu’on lui connaît aujourd’hui.
Il a créé une majorité de ballets à thème fantastique, s’inspirant notamment des contes de Charles Perrault (« La Belle au bois dormant », « Cendrillon », « Barbe-Bleue », etc.). Petipa a travaillé en établissant d’emblée un canevas précis de l’action et en commandant à ses compositeurs (Minkus, Tchaïkovski, etc.) une partition devant répondre à ses exigences stylistiques et musicales. Il a ainsi développé le grand ballet, en trois ou quatre actes, et est aujourd’hui considéré comme le père de George Balanchine et le grand-père de William Forsythe. Essentielle dans l’histoire de la danse du XXe siècle, son esthétique s’est imposée comme l’origine et la norme pour le ballet.
« Le Lac des cygnes » et « Casse-Noisette » font partie du triptyque – avec « La Belle au bois dormant » – imaginé par Marius Petipa pour les 60 danseurs de son Ballet de Saint-Pétersbourg, sur les partitions de Tchaïkovski. Sur un livret de Vladimir Begichev, d’après diverses légendes allemandes et russes, Tchaïkovski livre avec « le Lac des cygnes » sa première musique écrite pour le ballet, une des plus belles du genre. À l’époque, ce type de partitions étant commandé à des musiciens aguerris à la musique de ballet, Tchaïkovski fut le premier compositeur à s’aventurer dans ce domaine qui lui était étranger.
Après l’échec d’une première version de Julius Reisinger, créée en 1877 au Théâtre Bolchoï de Moscou, les chorégraphes Marius Petipa et Lev Ivanov finissent par magnifier l’histoire de cet amour impossible entre le prince Siegfried et une princesse-oiseau, façonnant ainsi le mythe de la danseuse‑cygne, ballerine par excellence. Leur chorégraphie a été créée au Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg en 1895, soit deux ans après la mort de Tchaïkovski.
Trois ans auparavant, le 6 décembre 1892, « Casse-Noisette » fut créé sur la même scène. En ce jour de première au Mariinsky de Saint-Pétersbourg, le ballet fut joué en seconde partie d’un programme qui avait débuté par « Iolanta », court opéra de Piotr Ilitch Tchaïkovski. Chorégraphié par Marius Petipa et Lev Ivanov, sur la musique de Tchaïkovski, ce ballet est inspiré de « Histoire d’un casse-noisette » d’Alexandre Dumas. Publié en 1845, ce conte était une adaptation édulcorée de « Casse-Noisette et le Roi des rats », de l’écrivain allemand Ernst Theodor W. Hoffmann, datant de 1816. Le livret mêle le merveilleux et le fantastique dans une ambiance d’inquiétante étrangeté.
L’histoire débute au cours de la veillée de Noël. Une petite fille reçoit en cadeau un casse-noisette, mais son frère le brise aussitôt. Tentant de le réparer, elle s’endort auprès de lui. À minuit, les jouets s’animent: à la tête des soldats de plomb, Casse-Noisette triomphe de l’armée du roi des rats grâce à l’intervention de Clara. Dans le second acte, Casse-Noisette est devenu un beau jeune homme, il emmène la petite fille au merveilleux pays de Confiturembourg où règne la Fée Dragée, voyageant de la Russie vers le Confiturembourg, en passant par la Chine, l’Espagne et l’Arabie Heureuse. Dans cet acte de pur divertissement, où la partition de Tchaïkovski brille par la richesse de ses coloris et de ses mélodies, se succèdent danses de caractère, pas de deux et ballet féerique (la scène des Flocons de neige).
Orchestre national du Capitole