La saison des Clefs de Saint-Pierre reprend enfin ! Les musiciens de l’Orchestre national du Capitole retrouvent le chemin de la musique de chambre dont la pratique constitue pour eux un complément si fructueux au travail d’orchestre. Ce 4 octobre dernier, le bonheur du retour devant le public se lisait sur tous les visages.
Cinq musiciens liés à la formation symphonique toulousaine ont choisi ce soir-là d’aborder un répertoire en marge du monde symphonique de leur pratique habituelle, la musique baroque. Sous le titre « Fantaisies baroques », leur programme se nourrit d’œuvre rares, de compositeurs souvent peu connus (à l’exception, bien sûr, de Vivaldi et Telemann). Les noms de Jan Dismas Zelenka, et surtout Johann Friedrich Fasch et Giovanni Benedetto Platti n’encombrent pas les programmes de concerts. Remercions les interprètes de ce concert d’ouverture pour la découverte qu’ils offrent à leur public.
Ces interprètes, bien connus des habitués des concerts symphoniques de l’Orchestre national du Capitole, sont issus du pupitre des bois et de celui des cordes. Gabrielle Zaneboni, cor anglais solo, reprend ici son hautbois, en compagnie du hautbois solo de l’orchestre, Louis Seguin. Marion Lefort, contrebasson solo, les rejoint avec son basson. Thomas Dazan appartient au pupitre des violoncelles. Quant à la claveciniste Yuka Mangeot-Ishikawa, elle occupe les fonctions d’organiste principale à l’église de Croix Daurade.
Cette belle équipe de complices en musique investit un ensemble d’œuvres d’effectifs variés. Les cinq sont réunis autour de deux compositeurs : Jan Dismas Zelenka (1679-1745), le plus célèbre des compositeurs tchèques de l’époque baroque, et l’Allemand Johann Friedrich Fasch (1688-1758). De Zelenka, la Sonate n° 5 en fa majeur ZWV 181 ouvre le concert sur une véritable démonstration de virtuosité instrumentale.
A la suite de l‘unisson introductif, le basson et les deux hautbois entrent dans une sorte de compétition éblouissante. Dans la Sonate en sol mineur pour deux hautbois, basson et basse continue de Fasch, les échanges entre instruments alternent la vivacité et la tendresse. La Sonate en ré mineur du même compositeur et pour le même effectif conclut le concert sur un feu d’artifice brillant et acclamé par le public.
Entre ces pièces effervescentes, on découvre tout d’abord une très belle Sonate n° 1 pour violoncelle en sol mineur de l’Italien Giovanni Benedetto Platti (1697-1763). Le format plus intime de cette partition est abordé avec finesse par Thomas Dazan et Yuka Mangeot-Ishikawa.
Le jeu sans vibrato du violoncelliste s’avère parfaitement adapté au style et à l’éloquence parfois théâtrale de cette belle œuvre. Autre duo réjouissant, celui du basson de Marion Lefort et du continuo constitué du violoncelle et du clavecin dans la Sonatine en la mineur pour basson TWV 41, de Georg Philipp Telemann (1681-1767). La virtuosité de la soliste s’accompagne par instants d’un humour bienvenu que le clavecin soutient avec finesse.
Antonio Vivaldi n’a évidemment plus à être découvert ! Il se distingue ici par le Thème et variations sur « La Follia » de la Sonate n° 2 en ré mineur RV 63. Ce motif illustre une danse populaire ibérique, d’origine portugaise. Il est l’un des plus célèbres et des plus utilisés de l’époque baroque. Vivaldi en a écrit ici une vingtaine de variations que les deux hautboïstes et le continuo parcourent avec une vitalité, une virtuosité réjouissantes. Ils ornementent ce thème avec intelligence et musicalité. Un grand classique, certes, mais gorgé de sève !
L’accueil enthousiaste du public témoigne de l’importance de ces rencontres. Les quatre concerts qui vont suivre sont à noter. Suivant en cela les paroles d’introduction du Président des Clefs de Saint-Pierre, Henri Simmoneau, rappelons-en les échéances ;
Lundi 15 novembre 20 h : « Schubertiade d’automne »
Lundi 31 janvier 20 h : « Viennoiseries »
Lundi 28 mars 20 h : « Promenade scandinave »
Lundi 9 mai 20 h : « Du côté de chez Ludwig »
A suivre donc…
Serge Chauzy
une chronique de ClassicToulouse