À la suite du grand silence musical imposé par la crise sanitaire à la saison des Grands Interprètes, cette fin de mois sonne comme une renaissance. Deux grands concerts viennent célébrer ce « retour à la vie » … musicale. Le 25 mai, à 17h30 et à 19h30, le duo formé par le violoniste Renaud Capuçon et le pianiste David Fray précède à Toulouse la venue, les 27 et 28 mai à 19h, de Philippe Jaroussky et de l’Ensemble Artaserse.
Une grande semaine en perspective !
Renaud Capuçon et David Fray
Ces deux grands artistes possèdent en commun un engagement sans faille pour le partage musical. Si le violoniste est né à Chambéry, le pianiste a vu le jour à Tarbes. Ces deux provinciaux ont rapidement acquis la notoriété internationale que leurs talents respectifs méritent amplement. S’ils ont construit leur association sur la pratique du concert, celle-ci s’est concrétisée par un enregistrement marquant de quatre Sonates pour violon et clavier de Johann Sebastian Bach. C’est avec ce compositeur et cette géniale confrontation entre cordes frottées et cordes frappées que débutera le concert des Grands Interprètes que ces deux musiciens vont enfin pouvoir offrir aux Toulousains à la date prévue du 25 mai prochain, mais à deux reprises, à 17 h 30 et à 19 h 30. Réjouissons-nous de reprendre le chemin des concerts publics en leur compagnie.
Outre la Sonate n° 4 en do mineur, initialement composée par Bach pour violon et clavecin, le programme réunit deux partitions de Franz Schubert et Robert Schuman, deux compositeurs que la période romantique a légitimement et profondément associés. Le Grand duo pour piano et violon opus 162 est une sonate en quatre mouvements que Schubert écrivit en 1817 et qui allait être publiée bien après sa mort avec ce titre de « Duo ». Selon le musicologue Alfred Einstein cette œuvre ne prétend pas « descendre dans des régions très profondes », mais elle est de proportions plus vastes que ses devancières, et surtout plus construite, plus personnelle aussi dans son langage.
La 1ère sonate de Schumann, également au programme, a été créée par Clara Schumann et Ferdinand David le 21 mars 1852 à Leipzig. Structurée en trois mouvements, elle prend la forme d’un duo du début à la fin, sans passages en solo significatifs pour l’un ou l’autre instrument.
Philippe Jaroussky et l’ensemble Serse
Le brillant et sensible contreténor poursuit son exploration du grand répertoire de la tradition baroque. Après avoir suivi des études de violon puis de piano, Philippe Jaroussky a découvert à l’âge de 18 ans l’art du chant et la tessiture de contreténor. Son premier récital, qui a lieu en 1999, explore déjà le monde de Händel qu’il ne cessera pas d’explorer. En 2002, il crée l’ensemble Artaserse, afin d’explorer en toute liberté les partitions qui le passionnent. En 2017, il crée l’Académie musicale Philippe Jaroussky, qui a pour vocation principale d’accompagner gratuitement sur le long terme (plusieurs années) et sur différents axes (chant et pratique instrumentale) une centaine de jeunes filles et garçons (chaque saison) qui n’ont pas nécessairement les moyens financiers ou techniques de faire de la musique. En voix de poitrine, il est baryton. Il déclare à ce propos : « J’ai une voix de baryton très commune sans graves et sans aigus ! »
Le programme de son concert toulousain donné deux fois, les 27 et 28 mai à 19 h réunit des airs extraits de grands opéras de Vivaldi et de Händel. Du prêtre roux, il choisit essentiellement des extraits de l’ouvrage Olimpiade, créé à Venise au Teatro Sant’Angelo le 17 février 1734. De Händel il s’intéresse à deux de ses nombreux opéras : Radamisto, créé au King’s Theatre de Londres le 27 avril 1720, et Il Parnasso in festa, créé au même endroit le 13 mars 1734 pour célébrer le mariage d’Anne, Princesse Royale d’Angleterre et du Prince Guillaume d’Orange. Quelques pièces instrumentales alterneront avec les airs d’opéra.
Le renouveau musical toulousain démarre en beauté !
Serge Chauzy
une chronique de ClassicToulouse
Les Grands Interprètes