C’est un week-end entier que le Théâtre du Capitole offre à notre natif de Pamiers en 1845. Ce sera avec son opéra Pénélope donné le vendredi 23 octobre à 18h, qui sera suivi le samedi et dimanche par des récitals consacrés à ses œuvres pour piano ou à l’art lyrique plus précisément, à l’art de la mélodie. Détails suivent.
Gabriel Fauré
Remarque : On raconte que la vie de Gabriel Fauré fut déterminée par la rencontre fortuite d’un gamin et d’un certain Louis de Niedermeyer qui aurait entendu les notes improvisées sur un harmonium de l’église par le petit Gabriel, fils de l’instituteur de la bourgade. Le dit voyageur de passage convaincra Fauré père, de laisser partir son tout jeune fils dans son École de musique classique et religieuse. C’est ainsi que, octobre 1854, à 9 ans, Gabriel quitte son Ariège et se retrouve pensionnaire à Paris dans une école à la discipline de fer et aux programmes d’études chargés.
Sorte d’aboutissement de l’écriture musicale de Gabriel Fauré, Pénélope est son unique opéra, sur un poème lyrique en trois actes de René Fauchois. Pensant pouvoir l’écrire en deux ans, il mettra finalement cinq ans, de 1907 à 1912. Il est ici donné un seul soir en version originale pour piano, et en version concert. Le livret reprend les grandes lignes des derniers épisodes de l’Odyssée, à partir du moment où Ulysse entre à Ithaque et découvre, ce que les prétendants au trône qu’il a laissé vacant ont fait de son petit royaume, mais aussi la fidélité de son épouse Pénélope. Tout repose essentiellement dans cette version sur Anne le Bozec, au piano et à la direction d’orchestre. « Pénélope est vraiment un aboutissement, à tous les sens du terme : aboutissement, esthétique et musical, dans la manière de traiter l’imbrication entre texte et musique, aboutissement d’un projet esthétique avec ce retour à l’antique, aboutissement de ce travail sur l’émotion qui cherche à se faire d’autant plus poignante qu’elle se dit avec une économie de moyens… C’est d’ailleurs ce dernier point qui justifie tout à fait qu’on joue Pénélope au piano. » Anne Le Bozec
Anne Le Bozec © Caroline Doutre
Le Chœur du Capitole est présent, toujours sous la direction d’Alfonso Caiani et cet événement bénéficie d’un plateau vocal impressionnant dans lequel on remarque, et les non cités me pardonneront, Airam Hernandez, qui fut un très beau Alfredo et un magnifique et endurant Pollione, et qui chante bien sûr Ulysse. Pénélope, c’est Catherine Hunold. Personne n’a oublié son Ariane à Naxos, entre autres rôles. Qui a vu Cosi, a encore en tête le Ferrando de Mathias Vidal qui, ici, chante Antinoüs. Léodès, c’est un des Écuyers d’Amfortas dans ce Parsifal de choc, soit Enguerrand de Hys, ……
Nicolas Stavy © Jean Baptiste Millot
Le samedi 24 octobre à 15h, c’est le pianiste Nicolas Stavy. Il aura fait le choix des œuvres pianistiques qu’il veut nous interpréter et nous faire connaître, éventuellement, et le choix est vaste. Sans parler de deux autres rendez-vous consacrés à la mélodie, cet art du chant si particulier dans lequel Gabriel Fauré a excellé tout au long de sa vie, évoluant d’un cycle à l’autre, se métamorphosant, toujours dans la douceur, sans rupture, sans cassure.
Ce sera d’abord le samedi 24 à 18h avec la mezzo Victoire Bunel et le ténor Mathias Vidal accompagnés par la pianiste Sarah Ritorcelli. Citons, entre autres au programme L’Horizon chimérique et les Cinq mélodies de Venise. Le dimanche 25 à 17h, on retrouve Marc Mauillon et sa voix de baryton, le registre que le compositeur a tant chéri. Il est accompagné par Anne Le Bozec et le fil du programme sera plus particulièrement occupé par Fauré et ses poètes, Paul Verlaine ? Albert Samain ? Paul Armand Silvestre ? Catulle Mendès ?
Marc Mauillon © Inanis
Gabriel Fauré connaît au fil du temps les phénomènes phonétiques, et sait que les mots chantés peuvent perdre de leur impact dans les tessitures aigues. Il va se tourner vers des voix donnant une claire restitution des poèmes choisis, poèmes qui abondent en son temps. En dernier analyse, le registre de baryton semble retenir toutes les préférences du compositeur. À de rares exceptions, il va devenir le messager patenté de son œuvre. C’est ainsi qu’au soir de sa vie, Fauré va prendre une résolution comme définitive, et mûrement réfléchie, et non pas décider d’une quelconque faveur. Recevant chez lui, un certain Charles Panzera, à la voix admirable, il va lui dédier le fameux opus “L’Horizon chimérique“. C’est ainsi que le jeune baryton va inaugurer l’ère française des soirées de mélodies. Et, imposer la maxime : Qui dit Fauré, dit baryton.
« La meilleure mélodie française invite l’artiste à un travail d’imagination créateur, qui résulte chez l’auditeur en une illumination absolue. Et cela, de la façon la plus pure. » Mais ce n’est pas tout. Les bornes de l’art vocal étant posées, il va s’adresser à leurs collaborateurs, soit, les pianistes. Et ce pianiste de réputation certaine, ce “magicien des touches“ va les élever à une dignité nouvelle. Il désirait fortement adjoindre aux prestigieux chanteurs des accompagnateurs consommés et il n’aura de cesse de rechercher des duos de haut niveau pour satisfaire la demande pour l’art de la mélodie dans ces cercles qui alors participèrent tant à la diffusion de cet art. En dépit des sarcasmes proustiens, ils ont permis à Fauré, et à d’autres, de s’exprimer et d’être compris, de défendre fièrement le genre de la mélodie. Ruches bourdonnantes, ils ont constitué comme des remparts aux monopoles conjugués du théâtre lyrique et du concert symphonique. Le combat est devenu bien rude !
Billetterie en ligne du Théâtre du Capitole
Théâtre du Capitole