La dernière Norma du Capitole était de retour à Toulouse en cette avant-veille du couvre-feu. La soprano lettone, invitée dans les plus grands théâtres de la planète, nous donnait en cette soirée, un brin spéciale, l’un de ces récitals dont les mélomanes toulousains se souviendront longtemps.
Marina Rebeka © Jānis Deinats
Accompagnée par Mathieu Pordoy au piano, Marina Rebeka avait à son programme des mélodies signées Giuseppe Verdi, Francesco Paolo Tosti, Ottorino Respighi pour une première partie déjà bien fournie. Après un entracte et un changement de toilette, la cantatrice nous revient dans un splendide lamé or qui fit frissonner la salle. Sur le pupitre, cette fois, des œuvres signées Cesar Cui, Piotr Illich Tchaïkovski et Sergueï Rachmaninov.
Le public était déjà aux anges après un tel programme. Subjuguée par un tel accueil, entre ovations et rappels, Marina Rebeka est revenue pour ce que l’on pourrait gentiment appeler une troisième mi-temps. Et pas n’importe laquelle. Pas de ces mélodies susurrées du bout des lèvres avant de lever la séance. Non, non, pas moins de quatre grands airs d’opéra ! Tout d’abord rien moins que Un bel di vedremo (Mme Butterfly – Giacomo Puccini), suivent le Casta Diva (Norma – Vincenzo Bellini), Ebben ? Ne andro lontana (La Wally – Alfredo Catalani) et pour conclure devant une salle au bord de l’explosion le Boléro des Vêpres siciliennes (Giuseppe Verdi).
Et tout cela sans s’économiser le moins du monde. Son timbre, mâtiné des couleurs slaves de sa Riga natale, au métal très affirmé, prend sur des demi-teintes vertigineuses de musicalité et de velours les ombres chatoyantes d’un soleil couchant. Usant au maximum d’un ambitus particulièrement large, Marina Rebeka ne se réfugie dans le poitrinage que dans l’extrême extrémité du registre grave. Et encore avec une parfaite subtilité. L’émission, d’une souplesse étourdissante, se plie aux moindres caprices des exigences belcantistes. L’enthousiasme du public est à son comble.
Robert Pénavayre
une chronique de ClassicToulouse