C’est bien évidemment avec une peine immense que tous les amateurs d’art lyrique viennent d’apprendre la disparition de Mady Mesplé. Et il y a de fortes chances pour que ce chagrin soit décuplé pour les mélomanes de la Ville rose, Toulouse où elle vit le jour le 7 mars 1931 et où elle vient de s’éteindre en ce 30 mai 2020.
Maintes fois acclamée au Théâtre du Capitole dans les années 1960 et 1970 (La Chauve-souris, Fra Diavolo, Roméo et Juliette, La Flûte enchantée, Lucia di Lammermoor, Rigoletto…), Mady Mesplé fit une ultime apparition dans son théâtre « natal » pour les fêtes de fin d’année 1976 dans La Vie parisienne. Sa carrière fut internationale et son répertoire d’une exceptionnelle richesse, ne négligeant pas, aux côtés des grands classiques du répertoire, les chefs d’œuvre de l’opérette et la création contemporaine. Sa discographie est heureusement là pour en témoigner.
Véritable égérie en son temps du label EMI, ce dernier lui fit graver à jamais des témoignages aujourd’hui formidablement émouvants, entourée alors de la fine fleur du chant français, ou du moins francophone : Jane Berbié (l’amie de toujours), Jules Bastin, Alain Vanzo, Ernest Blanc, Robert Massard, Roger Soyer, Charles Burles, José Van Dam, Michel Dens, etc.
Sous la direction de Michel Plasson, à la tête des phalanges capitolines, elle est du casting de prestigieuses intégrales : La Grande Duchesse de Gerolstein, La Vie Parisienne et Orphée aux Enfers
En 2011, EMI, fidèle à son artiste, et son directeur Alain Lanceron, proposent un magnifique coffret de 4 CDs incluant la quasi-totalité du répertoire de Mady Mesplé. Un document essentiel pour la compréhension de son talent.
Nous le savions tous, cette artiste fut diagnostiquée « Parkinson » en 1996. A partir de cette date, Mady Mesplé ne se contenta pas de se soigner le mieux possible, mais elle s’investit dans la lutte contre cette maladie terriblement invalidante, allant jusqu’à relater son combat dans un livre (La Voix du Corps) publié en 2010 chez Michel Lafon. Cet ouvrage, à double lecture, retrace autant sa carrière de la façon la plus intime possible, que sa manière d’affronter son handicap.
Même malade, nous la savions parmi nous. Aujourd’hui elle n’est plus et beaucoup se retrouvent orphelins d’une artiste qui aura forgé leur goût pour l’opéra. Au plus haut niveau.
Hors nos souvenirs, demeure le disque. Grâce à lui, les échos de sa voix si délicate et précieuse, de sa suprême musicalité et de son engagement dramatique ne nous quitteront plus.
Robert Pénavayre
une chronique de ClassicToulouse
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