Amoureuse de la Cité de Carcassonne, où elle vit une partie de son temps, comme seuls les Britanniques peuvent l’être à ce point, l’écrivain Kate Mosse continue de lui rendre hommage avec son dernier opus : La Cité de Feu. Pour cela elle nous plonge au cœur de ces guerres de Religion qui dévastèrent la France en ce milieu du XVIe siècle, opposant violemment Catholiques et Huguenots.
Les premiers, sous la domination romaine, vénèrent des reliques. Leurs ministres du culte vivent dans l’opulence et souvent prennent de sensibles distances avec le dogme. Les seconds rejettent tout cela et professent une foi plus simple, et en même temps plus rigide. Pour l’heure ces deux communautés cohabitent plutôt mal que bien, d’autant qu’à la tête du royaume de puissants seigneurs s’affrontent sur le même terrain, le duc de Guise pour les Catholiques, Louis 1er de Bourbon-Condé pour les Protestants.
C’est au cœur de ce maelstrom, qui fut témoin de véritables massacres, que va se nouer une romanesque aventure entre Marguerite Joubert, dite Minou, la fille d’un libraire catholique vendant des livres de toutes obédiences religieuses dans sa bonne ville de Carcassonne et Piet, un réfugié hollandais, protestant bien sûr. Si les deux jeunes gens font fi du conflit religieux, ils sont par contre l’objet de poursuites pour des raisons différentes. Le Huguenot détient secrètement un fragment du Saint Suaire que veut à tout prix lui arracher Vidal, son ancien ami d’études. Ce dernier, entré dans les ordres par soif du pouvoir, considère la détention de cette relique comme le marchepied pour accéder à la pourpre cardinalice, voire plus loin encore. Minou, elle, ne sait rien des enjeux qu’elle représente car elle est en fait héritière d’un vaste domaine dans l’Aude qui eût son heure de gloire à l’époque cathare, Puivert.
Au travers de cette fiction, Kate Mosse nous fait vivre toute cette époque au cours de laquelle religion et politique se conjuguaient dans une épouvantable et meurtrière intolérance. Les Toulousains apprécieront plus particulièrement cette véritable visite guidée de la Toulouse post médiévale, l’énoncé de lieux et de personnages entrés dans l’Histoire de la Ville rose constituant une véritable immersion dans un passé encore bien présent sur les murs de la cité haut-garonnaise.
Brillants ou ténébreux, les héros de ce roman historique n’ont pas laissé la romancière indifférente à leur sort. La lecture de l’épilogue nous fait bien entendre qu’une, et peut-être deux, suites pourraient bien voir le jour. Et le lecteur d’applaudir à cette perspective !
Robert Pénavayre
une chronique de ClassicToulouse