Le concert du 8 janvier prochain de l’Orchestre national du Capitole revient vers l’une des œuvres symphoniques les plus monumentales de l’histoire de la musique, la Deuxième Symphonie en ut mineur de Gustav Mahler, sous-titrée « Résurrection ». Pour cette reprise de l’un des chefs-d’œuvre du compositeur, Tugan Sokhiev associe à son orchestre le Chœur de l’Orfeón Donostiarra et deux cantatrices solistes : la soprano Jeanine De Bique et la mezzo-soprano Janina Baechle.
Parmi les grandes fresques symphoniques mahlériennes, la deuxième symphonie occupe une place à part. Le sujet qu’elle traite, vaincre la mort par la résurrection, dépasse largement la seule problématique religieuse. Symphonie chrétienne, offrande d’un juif nouvellement converti, ou fervent hymne à la vie au-delà de notre horizon humain, elle est tout cela à la fois. Mahler lui-même, qui pourtant quitta ce monde bien précocement, n’écrivait-il pas à l’intention de son ami le chef d’orchestre Bruno Walter : « Plus que jamais, la soif de vivre me tient au corps, plus que jamais je trouve agréable la douce habitude d’exister. Comme il est absurde de se laisser submerger par les tourbillons du fleuve de l’existence ! » Bruno Walter voyait d’ailleurs dans cette partition multiforme la face sombre de ce long cheminement qui conduit de la noirceur du désespoir à la révélation de l’éternité : « Malgré les forces sonores qui s’y déchaînent, on ne peut point cacher les tourments intérieurs et la nostalgie qui y règnent. »
La composition de la symphonie « Résurrection » a nécessité de la part de Mahler un effort de longue haleine qui s’est étalé sur six années à partir de 1888. Les trois premiers mouvements, purement instrumentaux, et le lied intimiste qui suit, préparent l’auditeur au grand élan final dans lequel le chœur ouvre les portes du paradis. Ce cheminement ascendant constitue la grande trajectoire de la partition.
Les deux solistes de la Symphonie « Résurrection » de Mahler.
De gauche à droite : Jeanine De Bique et Janina Baechle
La réception des milieux musicaux germaniques ne fut pas des plus évidentes. En octobre 1891, Mahler joue au piano sa composition au grand chef Hans von Bülow, qui la rejette absolument et déclare : « Si ce que j’ai entendu est de la musique, alors je ne comprends plus rien à la musique ! En comparaison de ce que je viens d’entendre, Tristan me fait l’effet d’une symphonie de Haydn. »
La France, comme elle l’a fait pour Brahms, eut également beaucoup de mal à accepter la musique de Mahler. Rappelons que Claude Debussy lui-même quitta ostensiblement la salle lors de la première parisienne de cette symphonie, et déclara : « Ouvrons l’œil (et fermons l’oreille)… Le goût français n’admettra jamais ces géants pneumatiques à d’autre honneur que de servir de réclame à Bibendum. » Depuis ce début du XXème siècle, ces préjugés se sont mués en une admiration sincère et totale.
Cette reprise toulousaine bénéficiera donc de la participation du Chœur de l’Orfeón Donostiarra, dirigé par José Antonio Sainz Alfaro, interprète aguerri de ce répertoire. La soprano originaire de Trinité-et-Tobago, Jeanine de Bique et la mezzo-soprano allemande bien connue à Toulouse Janina Baechle seront les solistes de cette exécution très attendue.
Signalons que ce même programme sera présenté à la Philharmonie de Paris le Mardi 11 février à 20 h 30 avec les mêmes interprètes. Toulouse s’exporte !
Serge Chauzy
une chronique de ClassicToulouse
Billetterie en Ligne de l’Orchestre National du Capitole
Orchestre National du Capitole
Crédit photos
Jeanine De Bique © Marco Borggreve • Janina Baechle © Lois Lammerhuber