Un Jour de pluie à New York un film de Woody Allen
A-t-on jeté aux oubliettes les 600 enregistrements dirigés par Herbert von Karajan sous prétexte qu’il adhérât au Parti nazi ? Non, bien sûr. Sans rien oublier cependant…
Faut-il tourner le dos au génie cinématographique d’un petit juif américain qui a d’ores et déjà et à jamais marqué l’histoire mondiale du cinéma en lui livrant quelques-uns de ses plus hauts chefs-d’œuvre sous le prétexte d’une plainte pour agression sexuelle, il y a près de 30 ans, déposée par sa fille Dylan Farrow ? Pas davantage.
Le Temps et l’Histoire se chargeront seuls d’appliquer l’irréductible sanction. Ou pas… Interdit aux Etats Unis, voici donc sur nos écrans le dernier opus du « sulfureux » Woody Allen. C’est clairement l’un de ses meilleurs depuis longtemps. Est-ce lié à ce New York qui n’a jamais reconnu son talent, à ce scénario virtuose qu’il signe lui-même, à ce casting éblouissant porté par une Elle Fanning littéralement étourdissante ? Dans tous les cas, cette histoire de deux tourtereaux venus passer un weekend à New York, weekend qui se terminera par une séparation prenant l’allure d’une mise à nue de leurs âmes respectives sous une pluie diluvienne mais salvatrice, est un pur bonheur de tous les instants. Lumières, cadrages, montage, musique, rythme, décors, direction d’acteurs, tout tient du miracle. Et quand on parle d’acteurs, il faut citer en premier l’éblouissante Elle Fanning en gamine à peine adulte croquée par ses ambitions journalistiques. Elle est irrésistible de candeur et de naïveté. A ses côtés, ou plutôt autour d’elle, Timothée Chalamet, Jude Law, Liev Schreiber et Diego Luna dansent un ballet de l’inconstance totalement jouissif. Au total une comédie romantique en diable, brillantissime, douce-amère également, qui porte le sceau d’un immense cinéaste.