Les Hirondelles de Kaboul, film d’animation de Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec
Montrer l’horreur du régime taliban en dessin animé, tel est le pari fou et réussi de Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec. Déconseillé aux moins de 12 ans !
Kaboul, été 1998. La ville, en ruine, est sous le joug religieux et meurtrier des Talibans. Pour ceux-ci la femme n’existe pas en tant qu’être humain. Ou si peu… C’est dans un enfer pareil que Zunaira et Moshen, deux jeunes Afghans, tentent de vivre un amour libre avec des idées de bonheurs plein la tête. Dans une ville ou le simple fait de se tenir par la main est sévèrement puni, l’entreprise est hardie.
Ils l’apprendront à leur dépens. Parallèlement à la vie de ce jeune couple, les coréalisatrices développent celle d’un homme, gardien de prison pour femmes, et de son épouse, gravement malade. Leurs existences, bien différentes, finiront par se croiser. Entretemps, le film nous immerge dans cette ville-martyre, au cœur des atrocités commises par ces Fous de Dieu, des fondamentalistes islamiques appliquant une charia terrifiante : lapidation, exécution-spectacle, etc. Le scénario est librement adapté du roman éponyme de Yasmina Khadra publié en 2002. Le coup de génie est assurément de nous conter ce drame au travers d’un dessin animé, genre cinématographique normalement utilisé pour des comédies à destination surtout des enfants. Eléa Gobbé-Mévellec, déjà animatrice dans des films d’animation de somptueuse facture (Le Prophète/Ernest et Célestine/Le Chat du Rabbin/…) a pris le pari – réussi- de croquer les comédiens prêtant leur voix aux personnages du drame : Simon Abkarian, Zita Hanrot, Swann Arlaud, Michel Jonasz et bien d’autres. Les contours du dessin se veulent fluides et même fuyants, donnant à l’esthétique générale, somptueusement colorée, une allure de cauchemar éveillé dont chaque plan recèle un danger.
Un film manifeste, certainement militant, dans tous les cas un témoignage sans ambiguïté du véritable enfer que vivent les Afghans de nos jours encore.
Les Hirondelles de Kaboul – Réalisation : Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec
Zabou Breitman – A quatre ans, elle joue déjà dans Thierry La Fronde !
Alors qu’elle s’apprête à tourner la page de la cinquantaine, Zabou Breitman peut d’ores et déjà admirer dans son rétroviseur une belle carrière cinématographique. Si celle-ci est dominée par son métier d’actrice (plus de 80 films et séries tv), il ne faut pas pour autant oublier son parcours de réalisatrice dont le film sous rubrique représente le cinquième opus et certainement, à ce jour, le meilleur.