Au coeur du quartier Croix Baragnon à Toulouse, Sakah Galerie fête cette année son dixième anniversaire. Toujours avide d’émotions, Touria Sakah, gérante du lieu, a choisi de présenter pour l’occasion les créations de ses artistes historiques mais aussi celles d’artistes plus mystérieux. Des univers différents, mais tous liés par la sensation qu’ils provoquent.
« Je privilégie vraiment ce qui me touche, m’émeut, à mon moi profond. Je ne vais pas exposer un artiste en fonction de sa côte et de sa notoriété. Ce que dégage l’oeuvre est ma priorité. » Et c’est bel et bien l’image de cette galerie. Touria Sakah témoigne un attachement sincère envers ses artistes. Une belle manière d’émouvoir le public à son tour.
Une aventure qui continue
Cet anniversaire rime avec la continuité de ces années de création. Les dix ans sont révélateurs des nombreux choix pris et assumés durant toutes ces années. Touria Sakah a transmis sa passion à toutes les personnes qui ont passé la porte de la galerie, pendant dix longues années. Couleurs, lignes, matières, que ce soit en peinture ou en sculpture, elle défend ses envies avec dynamisme et fermeté. Une galerie qui se place délibérément dans un carrefour international, où artistes et amateurs d’art se rencontrent sans artifices.
L’objectif est donc de continuer dans cette lancée pour les années à venir. Rencontrer davantage d’artistes plus extraordinaires les uns des autres. Poursuivre cet élan de partage. Et bien sûr, découvrir sans cesse de nouveaux horizons artistiques. Une aventure qui sème parfois quelques embûches, surtout dans des villes comme Toulouse, où le métier reste difficile et les choix, loin d’être fait à la légère. Des artistes qui touchent certes, mais qui doivent aussi s’adapter au lieu en question. « Nous prendrions beaucoup plus de risques si nous étions à Paris ou même à Lille, qui réunit énormément de mouvements européens. » nous avoue la gérante. La donne est donc différente, mais ces dix ans restent malgré tout, une très belle aventure, qui n’est pas prête de s’arrêter.
Une exposition feu d’artifice
Créations inédites, exclusivités et prises de risque sont les principales caractéristiques de cette exposition anniversaire. Dix-sept artistes représentés, aux tons tous différents. Dès l’entrée dans la galerie, le regard se pose immédiatement sur les oeuvres de Rémi Planche, jeune artiste autodidacte. Des portraits durs et solennels marquants, d’hommes ou de primates, aux yeux très bleus ornent les murs. Il utilise une technique incroyable, qui consiste à travailler quasi-exclusivement avec ses mains sur la toile, avec également quelques griffures par endroits. Une identité qui sort de l’ordinaire. Et c’est bien le but. Tous les artistes de la Sakah Galerie ont un style différent, mais surtout unique. Il n’y en a pas deux comme eux. On aperçoit de l’autre côté, les visages féminins de Arnaud Bauville, peintre dada et cubiste. Des toiles très colorées, réalisées à partir de coupures de presse ou d’anciennes revues. Un peu plus loin, nous pouvons nous arrêter un instant devant les oeuvres de Dirk Verdoorn, peintre de la marine d’origine néerlandaise. Des tableaux qui donnent l’impression de sentir la rouille fraîche des cargos représentés. L’exposition dans cette pièce se termine avec de nouveaux visages féminins très subtils signés JM Robert. Une inspiration Pop Art et Street Art façon pochoir, sur des fonds très abstraits. Côté sculptures, nous retrouvons les bronzes de Mariela Garibay, une artiste venue tout droit du Pérou. Des personnages aux rondeurs enfantines, toujours nus, tendres, fragiles et drôles. Mais aussi, les corps humains ébauchés d’Isabel Miramontes.
Nous descendons ensuite au sous-sol, tout en regardant ces escaliers ornés des éléphants de Vandenberghe, ou des femmes d’origines africaines et asiatiques de Paul Beckrich.
En bas, nous retrouvons d’abord l’univers réaliste de Daniel Duytter, en face de laquelle se trouve le total opposé, avec les oeuvres plutôt fantastiques de Gérard Willemenot. Ensuite, nous nous retrouvons nez à nez avec les cubes en trois dimensions d’André Nadal. Une expression très épurée, essentiellement en noir et blanc. Autour, disposées un peu partout, les sculptures de Paola Grizi mêlent le littéraire au plastique, notamment avec ses pièces en forme de livres, avec des visages ou des mains qui en surgissent. La dernière partie de l’exposition se partage entre les femmes très douces de Louis Treserras, les lumières et les détails du monde vu d’en haut, imaginés par Jean-François Segura, ainsi qu’avec ces objets innocents de Berit, en forme de jeunes filles, tout en fragilité et délicatesse.
Une exposition avec une multitude d’univers différents, où chaque oeuvre représente l’identité de son artiste. Finalement, aucuns ne se ressemblent, et c’est bien l’objectif de la Sakah Galerie. Des artistes qui petit à petit, se créent une place naturellement dans le monde de l’art.
Sakah Galerie
7 rue Croix-Baragnon – Toulouse
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