« La Damnation de Faust », de Berlioz, est interprétée au Festival Berlioz de la Côte-Saint-André par l’Orchestre national du Capitole de Toulouse, le Chœur Orféon Donostiarra, sous la direction de Tugan Sokhiev, avec Sophie Koch, Marc Laho, Julien Véronèse et Paul Gay.
À l’occasion du 150e anniversaire de la mort d’Hector Berlioz, Tugan Sokhiev (photo) dirige de nouveau « la Damnation de Faust », en tournée avec l’Orchestre national du Capitole de Toulouse, lors du Festival Berlioz de La Côte-Saint-André. Inspiré par le « Faust » de Goethe, le compositeur français imagina une succession de tableaux chantés, comme autant de séquences d’un rêve. Ni opéra, ni oratorio, cette «légende dramatique» a vu le jour à l’Opéra-Comique, en 1846, sous l’appellation «opéra de concert». Berlioz avait déjà composé la « Symphonie fantastique » en 1830, « Roméo et Juliette » en 1839 et « les Nuits d’été » en 1841.
Lorsqu’il découvre en 1828 l’œuvre de Goethe, Berlioz est aussitôt conquis: «Je dois encore signaler comme un des incidents remarquables de ma vie, l’impression étrange et profonde que je reçus en lisant pour la première fois le « Faust » de Goethe traduit en français par Gérard de Nerval. Le merveilleux livre me fascina de prime abord ; je ne le quittais plus ; je le lisais sans cesse, à table, au théâtre, dans les rues, partout», écrit-il alors dans ses « Mémoires ». Il entama l’écriture de la musique en s’appuyant uniquement sur les passages versifiés de la traduction. Publiée, cette ébauche portera le titre de « Huit scènes de Faust », mais laissera le compositeur insatisfait. Dix-huit ans plus tard, elle servira de matériau à l’écriture de « la Damnation de Faust » déclenchée par un séjour en Europe centrale, en 1845: « Ce fut pendant ce voyage en Autriche, en Hongrie, en Bohême et en Silésie que je commençai la composition de ma légende de Faust, dont je ruminais le plan depuis longtemps.»
Berlioz signe lui-même le livret tout en se libérant de Goethe, ne cherchant «ni à traduire ni même à imiter le chef-d’œuvre, mais à [s]’en inspirer seulement et à en extraire la substance musicale qui y est contenue». Porté par une fougueuse inspiration, il compose avec une rare facilité : «Une fois lancé, je fis les vers qui me manquaient au fur et à mesure que me venaient les idées musicales. Je composais la partition quand je pouvais et où je pouvais ; en voiture, en chemin de fer, sur les bateaux à vapeur, et même dans les villes, malgré les soins divers auxquels m’obligeaient les concerts que j’avais à y donner».
Son adaptation très libre du texte de Goethe comprend une célèbre « Marche hongroise »: «Je ne vois pas pourquoi je m’en serais abstenu, et je n’eusse pas hésité le moins du monde à le conduire partout ailleurs, s’il en fût résulté quelque avantage pour ma partition. Je ne m’étais pas astreint à suivre le plan de Goethe, et les voyages les plus excentriques peuvent être attribués à un personnage tel que Faust, sans que la vraisemblance en soit choquée», écrit le compositeur dans ses « Mémoires ». C’est ainsi que, contrairement au texte de Goethe, Berlioz fait de Faust un personnage damné qui ne connaîtra pas le salut et la miséricorde. L’œuvre est dédiée à Franz Liszt qui avait convaincu Berlioz de reprendre l’écriture de cet ouvrage délaissé durant plusieurs années. À son tour, Liszt dédiera au compositeur français sa « Faust-Symphonie », en 1854.
L’Orchestre national du Capitole de Toulouse, le chœur Orféon Donostiarra seront les interprètes de cette « Damnation de Faust », au Festival Berlioz de La Côte-Saint-André, avec la mezzo-soprano française Sophie Koch dans le rôle de Marguerite. À ses côtés, Faust sera chanté par le ténor belge Marc Laho, Méphistophélès par le baryton-basse Paul Gay, et le baryton français Julien Véronèse sera l’interprète du rôle de Brander.
Samedi 31 août, 21h00, au Festival Berlioz, La Côte-Saint-André,
cour du château Louis XI. Tél. 04 74 20 20 79.
photo: Tugan Sokhiev © Marco Borggreve