C’est devenu une habitude chaque fois de se dire que Pause Guitare n’arrivera pas à mettre la barre plus haute que ce qu’ils ont déjà fait ; et d’année en année ils arrivent néanmoins à repousser leurs propres limites. Une programmation exceptionnelle, une capacité toujours plus grande, des progrès dans l’organisation ainsi que dans les services proposés .. Bref, Pause Guitare fait de plus en plus fort. Cette édition 2019 n’échappe pas à la règle avec à l’affiche des groupes des plus légendaires tels que Scorpions, Toto ou encore Ben Harper pour ne citer qu’eux. Revivez avec nous et jour après jour un festival devenu un incontournable de Midi-Pyrénées, à seulement une heure de Toulouse !
Première chose que nous notons cette année, et ce avant même que les concerts débutent : le principal défaut de l’an dernier a été corrigé ou du moins amélioré grandement. « Plus de 2h30 de trajet pour faire Toulouse-Albi » entendions nous dans la bouche de nombre de découragés l’an passé, qui refusaient le déplacement du fait des très (trop ?) gros bouchons occasionnées par le festival. Du coup ? Un système de navettes installés tout autour d’Albi et dans tout le département, fluidifiant drastiquement le trafic aux alentours de la zone de Pratgraussals. 1 heure pour arriver en centre, 20 minutes pour venir du centre et nous voilà déjà devant la scène unique du festival sur laquelle va débouler le groupe d’ouverture de cette nouvelle édition, à savoir les Hotesses d’Hilaire. Ce groupe de rock alternatif sarcastique nous vient tout droit du Canada, et on peut dire que leur accent sied bien aux paroles à la fois drôles et satiriques qu’ils proposeront pendant environ 1 heure. Un drôle de chanteur mélangeant le penchant pour le pinard et le look de Jésus nous conseille soudainement de « faire faillite » ou encore de lui prêter toute notre attention tandis qu’il imite – plein d’ironie – les nouveaux influenceurs en tendant le pied de son micro telle une perche à selfie. Des paroles qui, accentuées par des riffs de guitare ultra-efficaces, nous renvoient via leur ton sarcastique vers des groupes comme Trust voire à quelques noms du mouvement punk français à l’instar des Betteraves. Pourtant décalé par rapport aux deux têtes d’affiches de ce soir (à savoir -M- et Ben Harper), le public a l’air de se prendre au jeu et commence à bouger malgré une chaleur bien présente. Départ réussi pour un Pause Guitare prometteur.
Eux ne viennent pas du Canada mais du Wisconsin aux Etats-Unis : Garbage rentre à leur tour sur scène après un changement de plateau très raisonnable. Robe à fleur, coupe de cheveux unilatéral rouge ; on repère immédiatement leur chanteuse iconique Shirley Manson qui scandera durant une heure les paroles de morceaux inévitables de leur répertoire comme No Horses. Depuis 1993, le groupe multiplie les tubes (Stupid Girl, Only Happy When It Rains ou encore I Think I’m Paranoid) et c’est avec curiosité que nous les découvrons ce soir. Résultat : un show en demi-teinte entre un manque de dynamisme et une efficacité musicale notable. On écoute plus que nous voyons, ce qui est peut-être dommage pour un show de festival ; mais ca se laisse écouter facilement et l’heure passe tout de même assez vite malgré notre impatience quant aux deux noms qui arrivent dans la foulée.
Le premier de ces deux noms, c’est sans doute l’un des plus gros de cette édition 2019. Chapeau sur tête, guitare à la main, plein de sobriété ; c’est sous une acclamation générale du public que Ben Harper entre sur scène. Direction une chaise située au centre de la scène et qu’il quitera assez peu durant 1h10 de concert. Même conclusion que sur Garbage de fait : on en a plus pour nos oreilles que pour nos yeux. Malgré cela, quel talent de la part du californien, comme de la part de ses musiciens avec entre autre un bassiste incroyablement bon et qui tiendra les lignes de manière magistrale. Si on doutait encore du mérite de Ben Harper, le voir en concert comme ce soir à Albi ôte toute hésitation à ce sujet. On l’écoute, on se laisse bercer par les mélodies ultra-cleans, on profite de la bonne ambiance qui règne dans le public (très respectueuse de surcroit) et on regrète qu’il parte un peu trop tôt. Mais quel plaisir de l’avoir vu aujourd’hui !
Nous voilà déjà au dernier artiste de ce soir, mais pas n’importe lequel. Nous l’avions déjà vu au Zénith de Toulouse où il avait déployé un show monstrueux entre traversée de public sur piano roulant ou courses furieuses au milieu des gradins. Matthieu Chedid alias -M- est un artiste à part entière, autant en terme de compositions que de concerts. Seul sur scène, il semble qu’ils sont 10 tant il arrive à combler l’espace grâce à une prestance hors-norme. Ce soir, le show sera de nouveau là : visite dans le public, fond de scène toujours aussi beau, instruments automates faisant toujours leur petit effet .. mais il manque un grain de folie par rapport à sa prestation au Zénith. Normal au vu de la disposition générale du site ; et sa prestation séduira sans aucun doute ses fans (nombreux ce soir) ainsi que ceux qui le découvrent sur scène. Quant à nous, on profite encore de la très bonne énergie qu’il dispense sur Pratgraussals, en se disant que ce premier jour soldout met la barre assez haute, sans savoir la claque que nous allions prendre dans la suite du festival.
Article et photos : David Vacher