Remington, publié chez Albin Michel, est le premier roman de Baptiste Gourden. Un jeune auteur à suivre sur les routes du Sud.
Remington a vingt ans, elle marche au bord d’une route quelconque. Elle fait du stop. On ne sait pas d’où elle vient ni où elle va. Et pour cause, elle-même l’ignore. Elle doit marcher, partir, fuir, c’est la seule chose qu’elle sait. Sur sa route, elle rencontre rapidement un vieil homme, Fédor. Il l’aborde, elle le repousse. Fédor lui fait une demande quelque peu embarrassante. Seul, abandonné, impuissant, il lui demande de le suivre dans sa chambre d’hôtel. D’abord elle refuse, puis elle cède, il n’a pas l’air dangereux, elle a de la compassion. Ils se parlent, un peu. Evitent les sujets qui fâchent et les raisons de leur solitude.
Peu de détours avant de les retrouver tous les deux sur la route. Fédor a proposé à Remington de la conduire vers l’Italie avec sa vieille 2 CV. Cette rencontre, au départ improbable, devient de plus en plus crédible à mesure que la glace se brise.
Survivre au passé
Un monde sépare Fédor et Remington. Remington est sauvage, jeune et craintive, Fédor est vieux, bavard et d’une politesse extrême. Les voilà qu’ils s’embarquent dans un road-movie de plus en plus intime et sensible. Que cache Remington ? Pourquoi se ballade-t-elle avec une arme, et qu’est-il devenu des trois balles manquantes ? Et Fédor pourquoi vit-il seul dans un hôtel ? A force de péripéties et de patience, les langues se délient et des confidences à demi-mots remplissent l’espace. A la clé, pourquoi pas la chance de pouvoir recommencer sa vie.
Baptiste Gourden décrit cette rencontre avec beaucoup de réalisme et de pudeur. Scénariste et réalisateur, son texte est visuel et rythmé. A aucun moment le lecteur ne tombe dans l’ennui ou dans le dolorisme, au contraire, on a hâte de savoir jusqu’au ira la route de Remington. Baptiste Gourden a obtenu le prix du jeune écrivain francophone en 2017.
Baptiste Gourden, Remington, Albin Michel, 256 p.
Photo : Baptiste Gourden © Roberto Frankenberg