Le récital aura lieu le mardi 19 février à 20h, au Théâtre du Capitole. Le baryton Stéphane Degout chantera des mélodies françaises, accompagné par le pianiste Alain Planès.
Le propos n’est pas ici de retracer la carrière de notre baryton qui fait bien partie du Top 3 des barytons français, mais on se plaît à rappeler puisqu’il le confie sans problème, qu’un certain directeur des études du CNSMD de Lyon lui avait conseillé de faire (!), dès son arrivée, plutôt de la mélodie française. « Il a décrété que je n’avais pas une voix pour l’opéra, s’insurge encore le musicien. Je l’ai très mal pris. Mais la rencontre avec les pianistes Hélène Lucas et Ruben Lifschitz [1934-2016] m’a peu à peu fait prendre conscience de la richesse de ce répertoire, de son importance en miroir de l’opéra. Si je n’étais pas passé par ce travail de précision de la mélodie, je n’aurais jamais abordé Pelléas, ni fait la carrière que je fais aujourd’hui. » Et c’est ainsi que le voilà l’été dernier à Aix dispensant du 10 au 19 juillet une première classe de maître autour de la mélodie française. Un genre qu’il maîtrise à la perfection, deux décennies exactement après la révélation de son Papageno de 22 ans dans La Flûte enchantée, montée en 1999 par Stéphane Braunschweig avec les élèves de l’Académie.
Quant à son avancée dans la carrière de chanteur d’opéra, l’artiste est bien d’une prudence de chat, peut-être en rapport avec ses attaches bien ancrées dans sa terre lyonnaise. « Je suis d’un naturel assez méfiant, y compris avec moi-même, lâche-t-il. Pas du genre à m’emballer. Paradoxal, aussi. Je peux d’un côté me projeter en vieux chanteur, comme José van Dam, qui a chanté jusqu’à 75 ans, et me dire de l’autre que, dans sept ans, je passerai peut-être à autre chose. Le monde bouge beaucoup, et tout ne sera pas nécessairement toujours aussi confortable qu’aujourd’hui. Peut-être que j’aurai le sentiment d’avoir fait le tour de ce métier. »
On remarquera que le musicien quitte l’emploi de Pelléas et aborde Golaud, « Pelléas qui lui a fait prendre conscience du lien fondamental entre opéra et mélodie, » confie-t-il. Il reconnaît aussi qu’il n’aime pas particulièrement les grandes salles genre Bastille, et c’est pourquoi, nous lui signalons que la jauge du Théâtre du Capitole serait d’un très grand confort pour sa voix ! Il le connaît puisqu’il fut un magnifique Thésée dans Hippolyte et Aricie il y a une petite décennie. Le public l’attend à nouveau, c’est absolument certain, et des rôles comme Wozzeck enchanterait son public rien qu’à l’énoncé de la nouvelle ! mais, on ne bouderait pas un Eugène Oneguine, ou un Eletski dans la Dame de Pique. En attendant, c’est avec gourmandise qu’on se prépare au récital qui fait la part belle à nos Claude Debussy, Gabriel Fauré, Emmanuel Chabrier et Henri Duparc. Et en souhaitant que les tousseurs patentés auront le bon goût de rester chez eux.
On n’oublie pas de mentionner qu’il est accompagné par Alain Planès, pianiste à la carrière aussi brillante que discrète, celui que certains qualifient d’ « enfant terrible du piano, prodige à 7 ans, et prodigieux sans discontinuer de puis. » Ayant passablement souffert dans son tout jeune âge d’être un surdoué, ce n’est pas, plus tard, qu’il va faire des concessions pour mener sa carrière. Foin de compromissions. Interprète virtuose autant de classique que de musique contemporaine, passionné de peinture (ah ! Miró, Barceló), « Miró, dont il dit, qu’il est le peintre le plus musical qui existe. Sa peinture, c’est du contrepoint ». Amoureux de poésie, il ne pouvait que rejoindre Stéphane Degout pour atteindre les sommets dans l’interprétation de ces mélodies comme Clair de lune ou L’île heureuse ou Élégie, ou encore de Debussy, Le Promenoir des deux amants, Debussy dont il vous dit qu’ « il est un génie inouï. C’est une musique d’une si grande profondeur. »
Pour Ruben Lifschitz, professeur de Stéphane Degout en ses débuts, et disparu il y a peu, il s’agit de servir l’œuvre avant toute chose. Pour cela, il s’agit de redonner au texte sa place centrale. Ensuite d’envisager l’accompagnement, en considérant les mille et un détails qui le constituent, comme l’écrin qui ménage au poème un éclairage singulier. La musique permet alors d’entendre ce qui n’est pas écrit. La mission sera accomplie, on n’en doute pas par ces deux musiciens réunis.
Claude Debussy (1862-1918)
Trois poèmes de Paul Verlaine
(La Mer est plus belle ; Le Son du cor ; L’Échelonnement des haies.)
Fêtes Galantes II
(Les Ingénus ; Le Faune ; Colloque sentimental)
Trois poèmes de Stéphane Mallarmé
(Soupir, Placet futile, Éventail)
Gabriel Fauré (1845-1924) (15’)
Les Berceaux
Au Bord de l’eau
Clair de Lune
Mandoline
Danseuse
Après un rêve
***
Claude Debussy
Chansons de France, extraits
(Le Temps a laissé son manteau ; Pour ce que Plaisance est morte)
Le Promenoir des deux amants
(Auprès de cette grotte sombre ; Crois mon conseil, chère Climène ; Je tremble en voyant ton image)
Emmanuel Chabrier (1841-1894)
L’Île heureuse
Chanson pour Jeanne
Henri Duparc (1848-1933)
La Vie antérieure
Sérénade
Chanson triste
Élégie
Lamento
Le Galop
***
Durée du récital : 1h40
première partie 40’
pause : 20’
seconde partie : 40’
Billetterie en Ligne du Théâtre du Capitole
Théâtre du Capitole
Stéphane Degout (baryton) • Alain Planès (piano)
mardi 19 février 2019