À Toulouse, sous la direction de Giacomo Sagripanti, Annick Massis chante au Théâtre du Capitole le rôle-titre de « Lucrezia Borgia », de Donizetti, dans une mise en scène d’Emilio Sagi.
Créé à la Scala de Milan en 1833, « Lucrezia Borgia » n’avait jamais été à l’affiche du Théâtre du Capitole. L’ouvrage de Gaetano Donizetti y est aujourd’hui présenté dans une production du Palau de les Arts Reina Sofia de Valence, mise en scène par Emilio Sagi, lequel a déjà sévi à Toulouse avec « Doña Francisquita » et « le Turc en Italie ». La direction musicale est assurée par le jeune chef italien Giacomo Sagripanti qui fait ses débuts dans cette fosse. Pour son retour sur cette scène, où elle a chanté Lucia (Lucia di Lammermoor), Leila (Les Pêcheurs de perles), la Comtesse Adèle (Le Comte Ory) et Philine (Mignon), Annick Massis aborde pour la première fois ce rôle-titre d’une grande exigence dramatique. À ses côtés, Andreas Bauer Kanabas est chargé de restituer la cruauté de son mari, le duc Alfonso d’Este – la basse allemande s’est lui aussi déjà illustré à Toulouse, notamment dans « Tannhaüser ». La mezzo-soprano française Éléonore Pancrazi chante son premier Maffio Orsini, et le jeune ténor d’origine turque Mert Süngü est attendu sous les traits de Gennaro, fils de Lucrèce. Les ténors Galeano Salas (Liverotto) et François Pardailhé (Vitellozzo) complètent le trio de jeunes nobles au service de la République vénitienne.
Gaetano Donizetti est l’auteur de plus de soixante-dix opéras composés à l’âge d’or du bel canto, cette technique caractéristique du romantisme à l’italienne qui met en valeur le chant par le biais de grands airs ou d’impressionnantes vocalises. Écrit en quelques mois seulement, « Lucrezia Borgia » contient de nombreux airs qui se sont classés au hit parade des «tubes» les plus populaires de Donizetti. Situé à Venise et à Ferrare, au XVIe siècle, le livret de Felice Romani, inspiré du drame de Victor Hugo, raconte comment Lucrèce Borgia, croyant supprimer ses ennemis, empoisonnera son fils illégitime, seul homme à trouver grâce à ses yeux. À partir de l’être monstrueux décrit par Hugo, Romani et Donizetti ont tissé une héroïne romantique bien plus trouble. Dans cet ouvrage puissant, où les passions humaines et politiques sont exposées avec une acuité sans précédent, Lucrezia y passe tour à tour de l’élégie à l’imprécation, de la supplication à la colère. Les plus grandes divas du bel canto se sont emparé de ce personnage, de Leyla Gencer à Montserrat Caballé en passant par Joan Sutherland. Annick Massis s’y attaque aujourd’hui à Toulouse.
Selon la soprano française, «dans l’opéra de Donizetti, elle est différente de la Borgia de la pièce de Victor Hugo, qui était elle-même différente de la Borgia de la réalité historique. Il me faut bien entendu rester dans les limites de l’opéra, mais il m’est impossible de gommer toute la cruauté et la manipulation dont elle a été régulièrement victime tout au long de sa vie, puisqu’elle était une des cartes maîtresses dans les enjeux politiques de sa famille, et cela très tôt dans son enfance. Donizetti offre, comme toujours dans ses œuvres, un énorme panel expressif. Dans l’opéra, on la voit séductrice, mère, femme de pouvoir, empoisonneuse, et cela en fait donc une protagoniste de haut vol, d’un grand pouvoir dramatique et qui a accès à une grande étendue d’expressions différentes. Vocalement, c’est un mélange tour à tour de beauté vocale et de virtuosité dramatique. C’est une partie vocale énorme, qui requiert avant tout une grande constance de style belcantiste.»
Billetterie en Ligne du Théâtre du Capitole
Théâtre du Capitole
Lucrezia Borgia (Gaetano Donizetti)
du 24 janvier au 03 février 2019