Louis Thomas Hardin était Moondog. Il est l’auteur de centaine de créations pour des dizaines d’instruments différents. Aveugle depuis l’âge de seize ans, la faute à l’explosion d’un bâton de dynamite, ce compositeur est une lumière singulière dans l’art du XXè siècle. Toulouse fait sa fête au compositeur américain jusqu’à l’été prochain, dans différents lieux culturels de la ville.
Moondog a eu une vie traversée d’un bout à l’autre par l’écoute et la pratique musicales. Sa mère enseignait l’orgue. Âgé de cinq ans, il tapait sur une batterie en carton. Six ans plus tard, il écrivait sa première chanson. Jeune adolescent, il prend part à l’orchestre scolaire. Son premier disque date de 1969, alors qu’il a dépassé les cinquante ans.
En 1947, il commence à user du pseudonyme Moondog en hommage à Lindy, le chien de son enfance lors de ses années passées à Hurley, et qui, selon lui, « hurlait à la lune plus qu’aucun autre chien ». [Amaury Cornut, Moondog]
L’image que l’on a, aujourd’hui, de Moondog est celle d’un être humain hors-normes. Des photographies le représentent dans un de ces accoutrements habituels : cape et cheveux longs, mi-viking mi-clochard. Les appelations de « clochard céleste« , de « viking de la 6ème avenue » lui collent à la peau. Ce personnage dégage une aura séduisante, sans que l’on perçoive ce qui est de l’ordre du mythe ou de la réalité.
[…] boire dans d’énormes cornes de vache et à transformer les os de ses repas pour en faire des mailloches pour ses différents tambours. [ibid]
Il a connu une existence géographiquement mouvementé. Au début des années 1940, il arrive, seul, à New-York, sans véritablement d’argent. Ville dans laquelle il mendiera pendant vingt-cinq ans. Il vivra comme sans-abris. Il devient une figure emblématique des rues new-yorkaises. Trente ans plus tard, il s’aventure en Europe, en s’installant à Reykjavik, en Islande. Il se rapproche de l’identité profonde qu’il ressent en lui et arrive ensuite en Allemagne. Il passe également par la Suède et l’Angleterre. Le continent européen est pour lui l’objet d’un vif intérêt et d’une grande attirance.
Attiré par les rythmiques traditionnelles indiennes, le musicien a inventé plusieurs instruments pour mêler cette influence à son goût pour la musique classique et pour son compositeur fétiche, Jean-Sébastien Bach. Il n’est pas aisé de définir l’identité de sa création. Il récuse le titre de fondateur de la musique minimaliste, il crée tout au cours de son existence. Ses créations oscillent entre le ternaire, le classique, le dé-rythmé, l’avant-gardiste.
La musique classique est une gigantesque mare dans laquelle [il serait] heureux d’être une toute petite grenouille.
Il décède le 8 septembre 1999, un mois après son dernier concert, à Arles. Onze ans après le fiasco qu’a été sa venue aux Transmusicales de Rennes, en 1988, à l’origine desquelles se trouve Hervé Bordier, instigateur de cette saison Moondog à Toulouse et directeur du festival Rio Loco.
Plus d’informations
Saison Moondog, jusqu’au 29 juin 2019
Programme de la saison Moondog
Moondog, Amaury Cornut, Editions Le Mot et le Reste, 144 pages.