Concerts à l’église Saint-Exupère de Toulouse le 30 novembre et à l’église de Portet-sur-Garonne le 1er décembre.
Après un premier essai réussi l’an dernier et une nouvelle édition de Passe ton Bach d’abord qui a battu son record de fréquentation entre temps, l’Ensemble Baroque de Toulouse reprend ses concerts de Noël à Toulouse et Portet-sur-Garonne les 30 novembre et 1er décembre. Au programme, le magnifique Stabat Mater de Pergolèse, le Concerto pour la nuit de Noël de Corelli et des extraits du Messie de Haendel.
Retour sur les épisodes 2017 et présentation des concerts 2018 avec Michel Brun, fondateur et directeur musical de l’Ensemble Baroque de Toulouse.
Vous reprenez donc les 30 novembre à Toulouse et 1er décembre à Portet-sur-Garonne ce concept de programme de Noël que vous aviez inauguré l’an dernier dans les mêmes villes. Comment s’étaient passés ces deux concerts à l’époque ? Le public avait-il été au rendez-vous ?
Non seulement il avait été au rendez-vous mais nous avions même été dépassés par le succès public puisque dans les deux cas, à Saint-Jérôme à Toulouse et à l’église de Portet, le concert affichait complet. Le public avait donc largement adhéré à notre proposition. C’était moins étonnant à Toulouse, l’Ensemble Baroque y étant assez connu, qu’à Portet-sur-Garonne où il s’agissait d’une première. Il faut dire que la mairie de Portet s’était engagée avec force sur le plan de la communication pour que ce concert figure dans sa saison culturelle. Il n’en reste pas moins que nous avions été surpris par la réponse du public, autant par le nombre de spectateurs présents que par leur enthousiasme.
Petite variante cette année, si l’Ensemble Baroque sera de nouveau en concert à l’église de Portet-sur-Garonne, ce n’est pas à l’église Saint-Jérôme mais à l’église Saint-Exupère que vous allez vous produire à Toulouse. À quoi est dû ce changement ?
Il est dû essentiellement à deux raisons, la première étant que l’église Saint-Jérôme n’a pas de chauffage à demeure. L’an passé, afin d’offrir le minimum de confort aux personnes qui assistaient au concert, nous avions dû louer des chauffages d’appoint pour les installer dans l’église. Des plaids avaient également été achetés pour le public mais tout ça n’était guère satisfaisant. La seconde raison ayant motivé ce changement, c’est le fait que nous avions été contraints de refuser du monde. Nous avons donc opté cette année pour Saint-Exupère qui a l’avantage d’avoir un chauffage permanent et de proposer une jauge supérieure à celle de Saint-Jérôme. Cette fois-ci, nous espérons pouvoir faire entrer la totalité des spectateurs intéressés en offrant à tous le meilleur confort possible.
Le confort du public est une donnée importante mais l’acoustique en est une autre. Comment chacune de ces églises sonne-t-elle pour les musiciens et les spectateurs ?
Tout d’abord, je dois préciser que c’est une des raisons premières pour lesquelles nous choisissons de faire un concert dans un lieu plutôt qu’un autre. Nous connaissons bien la bonne acoustique de l’église Saint-Exupère pour l’avoir longuement expérimentée, puisque c’est là que nous donnons les Cantates sans filet depuis six ou sept ans, et nous l’avions en partie choisie pour cette raison. La concernant, notons qu’il est assez rare qu’une église associe les exigences contraires que sont une capacité d’accueil appréciable et une acoustique de qualité.
Lorsque nous avons décidé d’organiser également un concert de Noël à Portet, le donner dans un lieu à l’acoustique correcte était la condition sine qua non. Je refuse de jouer dans des endroits où le public ressent de la frustration sur le plan sonore. Les spectateurs doivent entendre parfaitement où qu’ils se trouvent dans une salle pour ne pas se sentir à juste titre lésés. Avant de jouer notre programme l’an dernier à l’église de Portet, nous avions donc testé l’acoustique et jugé celle-ci de qualité suffisante pour nous y produire. À l’issue du concert, notre jugement avait été plus que conforté. Outre le fait que ce soit une église splendide située dans le joli centre ancien de la ville, ce lieu est doté d’une acoustique exceptionnelle. C’est à tous points de vue un endroit rêvé pour faire des concerts.
L’an passé, vous aviez laissé entendre que ces concerts de Noël pourraient devenir un rendez-vous annuel récurrent, ce qui semble être le cas, mais aussi qu’ils pourraient déboucher sur l’organisation d’une série, voire d’une véritable saison de concerts tout au long de l’année. Ce projet est-il toujours d’actualité ?
Il reste d’actualité à un horizon différé. Nous n’avons pas renoncé à ce projet mais l’activité de l’orchestre s’étant accrue ces derniers mois, en particulier grâce à la vente de concerts, il est difficile d’ajouter encore des dates à notre agenda. Cela implique qu’il faut y réfléchir à plus moyen terme. L’équipe de l’Ensemble Baroque de Toulouse, notamment sa composante administrative, est très sollicitée pour l’organisation de nos concerts et nous n’avons donc pas pu planifier et mettre en place cette nouvelle série.
Quand nous donnons des concerts du type de ceux qui pourraient constituer une éventuelle saison à Toulouse, ceux-ci sont autoproduits. Il est donc crucial que le public soit au rendez-vous et que les salles soient remplies. Nous ne pouvons pas nous permettre de prendre de risques à ce niveau-là. Pour éviter d’en prendre, l’équipe doit être investie à 100% dans leur organisation, tout spécialement en ce qui concerne la communication. Voilà pourquoi, compte tenu de la forte activité qui est la nôtre à l’heure actuelle, nous avons préféré différer notre projet de saison annuelle.
Je peux tout de même annoncer que nous allons donner un second concert à Toulouse l’an prochain. Ce sera l’amorce, la préfiguration de cette nouvelle saison à venir avec un double rendez-vous prévu a priori les 19 et 20 janvier 2019. Nous y fêterons en musique les vingt ans de l’Ensemble Baroque de Toulouse, de manière originale comme nous savons et aimons le faire.
Jetons maintenant un œil au programme des concerts des 30 novembre et 1er décembre. Comme l’an dernier, il y a trois œuvres au menu : le Stabat Mater de Pergolèse, le Concerto pour la nuit de Noël de Corelli et des extraits du Messie de Haendel. Qu’est-ce qui a motivé votre choix pour chacune d’entre elles ?
L’an dernier, il y avait au programme des œuvres peu connues du grand public qui voisinaient avec une œuvre plus célèbre, La Messe pour la nuit de Noël de Charpentier. Cette année, nous voulions avant tout présenter le très connu Stabat Mater de Pergolèse. L’Ensemble Baroque joue régulièrement cette pièce, un des chefs d’oeuvre absolus de la musique baroque et même de la musique tout court, mais nous ne l’avons donnée qu’une fois à Toulouse lors d’une édition du festival Passe ton Bach d’abord. Nous souhaitions donc la proposer de nouveau au public toulousain.
Le paradoxe de cette programmation, c’est que ce n’est absolument pas une œuvre de Noël… Elle évoque plus les souffrances et la mort du Christ que sa naissance. Pour contrebalancer cela, il nous fallait inscrire aux côtés de ce Stabat Mater sublime mais dramatique des pièces correspondant aux fêtes de Noël. Nous avons donc choisi le Concerto pour la nuit de Noël de Corelli, une œuvre virtuose et brillante bien dans la manière du compositeur italien, et puis des extraits du Messie de Haendel avec le Choeur Baroque de Toulouse associé à notre ensemble. Il s’agit de la première partie du Messie, l’occasion pour nous de faire une sorte de petite saynète sur la Nativité et de donner une couleur plus festive à notre programme.
Vous dirigerez bien sûr l’Ensemble Baroque : le chœur et les instrumentistes. Qui sont les solistes que vous avez convoquées à leurs côtés ?
Pour l’interprétation du Stabat Mater et quelques interventions dans le Messie, j’ai sollicité deux chanteuses avec lesquelles nous avons l’habitude de collaborer. Elles sont toulousaines et tout aussi remarquables l’une que l’autre. Ceux qui ont assisté à cette représentation se rappelleront que toutes deux ont participé à la Passion selon Saint Matthieu interprétée il y a deux ans à la Halle aux Grains. Ces chanteuses ont pour nom Clémence Garcia et Caroline Champy ; la première est soprano et la seconde alto.
On peut dire que Caroline Champy fait partie de l’équipe de l’Ensemble Baroque de Toulouse. Nous avons donné avec elle le Stabat Mater de Pergolèse à de nombreuses reprises et c’est une œuvre qui correspond très bien à sa voix et à l’intensité, la profondeur qu’elle est capable de mettre dans ses interprétations. C’est vraiment une chance pour nous de le refaire avec cette merveilleuse alto.
Clémence Garcia est une digne représentante de la nouvelle vague de chanteuses issues de l’école vocale toulousaine puisqu’elle a été élève au Conservatoire à Rayonnement Régional de Toulouse. C’est la première fois que nous allons faire le Stabat Mater avec elle mais les expériences que nous avons eues en sa compagnie, en particulier lors de la Passion selon Saint Matthieu, nous font envisager cette nouvelle collaboration avec beaucoup de confiance et d’envie.
Pour terminer, je voulais préciser que nous faisons un effort sur les tarifs de ces concerts, conformément à notre philosophie d’ouverture et de partage de la belle musique au plus grand nombre. C’est donc nombreux que nous attendons le public les 30 novembre et 1er décembre à Toulouse et Portet-sur-Garonne !
Éric Duprix
Ensemble Baroque de Toulouse
Michel Brun (direction)
vendredi 30 novembre à 20h • Église Saint-Exupère (Toulouse)
samedi 1er décembre 17h • Église de Portet Portet-sur-Garonne
Michel Brun © Monique Boutolleau
Ensemble Baroque de Toulouse © Benoit Michellod