L’Ensemble Baroque de Toulouse en concert les 16 et 17 décembre
L’Ensemble Baroque de Toulouse, ce n’est pas ou plus seulement les Cantates sans filet et le festival Passe ton Bach d’abord, des rendez-vous désormais bien établis dans la ville rose. La formation de Michel Brun s’apprête à « baroquiser » cette fin d’année 2017 avec deux concerts de Noël donnés successivement les 16 et 17 décembre à l’église Saint-Jérôme de Toulouse et à l’église de Portet-sur-Garonne. Au programme, des arias d’opéra de Vivaldi, le Concerto pour flûte à bec et traverso de Telemann, et la Messe de Minuit pour Noël H9 de Charpentier.
Pour en savoir plus sur cet alléchant menu musical, aussi original que varié, entretien avec Michel Brun, le fondateur et directeur de l’Ensemble Baroque de Toulouse.
Ces concerts de Noël, c’est une première pour l’Ensemble Baroque de Toulouse ?
Oui, d’autant plus que l’Ensemble Baroque ne s’est plus produit en concert à Toulouse, en dehors du festival Passe ton Bach d’abord, depuis une dizaine années. C’est une première à double titre puisque nous redonnons ce concert le lendemain à l’église de Portet-sur-Garonne. Portet est surtout connue pour son gros centre commercial, ce qui est dommage parce que le coeur historique de cette commune est un joli petit village en briques typiquement toulousain, avec une place et une halle très pittoresques, et donc cette magnifique église que j’invite le public à découvrir à l’occasion du concert du dimanche 17 décembre.
Est-ce que ces concerts de Noël sont appelés à devenir des rendez-vous récurrents pour l’Ensemble Baroque de Toulouse ?
Plus que ça, même… Ils pourraient être le point de départ d’une série de concerts, presque une saison, que nous organiserions – j’utilise le conditionnel pour l’instant – tout au long de l’année. Nous souhaiterions proposer ces rendez-vous, comme c’est le cas pour ces concerts de Noël, à Toulouse mais aussi dans d’autre lieux de l’agglomération toulousaine. Ce serait donc, pour commencer, plus une série de concerts qu’une vraie saison, avec trois ou quatre dates dans l’année. Un projet assez modeste dans un premier temps avec toutefois la volonté de le développer. Bien sûr, parmi ces rendez-vous annuels, il y aurait un concert à la période de Noël.
Concernant les programmes des concerts de cette future série, avez-vous déjà des idées ?
Le but serait de montrer toutes les facettes de l’Ensemble Baroque de Toulouse, c’est-à-dire les différentes formations, depuis la plus réduite qui est le quatuor (flûte, violon, violoncelle, clavecin) jusqu’au grand ensemble qui regroupe un orchestre avec des vents, des solistes vocaux et le Choeur Baroque de Toulouse. Les programmes des concerts seraient construits en fonction de ces divers types de formations.
Au programme des concerts des 16 et 17 décembre, il y a trois parties : des arias d’opéra de Vivaldi, le Concerto pour flûte à bec et traverso de Telemann et la Messe de Minuit pour Noël H9 de Charpentier. Pourquoi avoir choisi précisément ces œuvres pour un concert de Noël ?
En ce qui concerne La Messe de Minuit pour Noël de Charpentier, ça tombait sous le sens… mais en effet, ça aurait pu être celle d’un autre compositeur. Nous avons choisi celle-ci parce que, lorsqu’on lance un projet comme le nôtre, il est bon d’y placer une œuvre très populaire, ce qui est le cas de cette Messe. Populaire aux deux sens du mot, d’abord parce que très appréciée des amateurs de musique, ensuite parce qu’elle a été composée à partir d’airs populaires. Ce sont des chansons qui ont servi de thème à la composition, ce qui lui donne un côté un petit peu naïf, très accessible tout en présentant toutes les qualités, toute la subtilité de l’écriture de Charpentier. Pour instaurer ce genre de concert, c’est une œuvre qui s’imposait absolument.
Le choix des arias d’opéra de Vivaldi procède d’une réflexion sur plusieurs plans. On entend déjà des voix dans la Messe de Charpentier mais la voix y est traitée de manière très pudique, très intimiste, on pourrait même dire « discrète » comme s’il s’agissait d’airs chantés par tout un chacun. Nous avons voulu trancher avec cette ambiance vocale en interprétant des pièces profanes à côté d’une œuvre religieuse. La confrontation entre l’une et les autres nous plaît beaucoup et la différence de couleur que cela génère est captivante. Vivaldi utilise la voix d’une tout autre manière ; c’est l’opéra au sens le plus dramatique du terme, certains de ces airs étant particulièrement expressifs. Une autre facette de la voix sera montrée avec ces pièces.
Quant au Concerto pour flûte à bec et traverso de Telemann, il s’agit d’une oeuvre géniale, le mot n’est pas trop fort. Telemann est un compositeur très prolifique comme chacun sait, qui a écrit beaucoup plus de pièces que son contemporain et ami Jean-Sébastien Bach. Cet aspect touffu de son œuvre a pu le desservir, non pas de son temps parce que c’était un compositeur fort admiré, mais dans la postérité parce que demeure l’idée, pas totalement fausse d’ailleurs, que son œuvre est inégale. Bach a par exemple composé trois cents cantates et toutes sont de petits chefs d’oeuvre. Telemann en a produit plus de trois mille qui sont, pour beaucoup d’entre elles, de la musique purement fonctionnelle, écrite pour figurer dans la liturgie dominicale, mais dans laquelle il ne mettait pas toujours tout son génie même si quelques-unes sont magnifiques. Pour revenir à ce Concerto pour flûte à bec et traverso, c’est un véritable petit bijou de composition, une musique très expressive dans ses mouvements lents qui dégage une joie de vivre incroyable dans ses mouvements rapides. Virtuosité et couleurs sont très présentes dans cette œuvre et nous avons un immense plaisir à la jouer à l’occasion de ce concert.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur les solistes qui se produisent aux côtés de l’Ensemble Baroque de Toulouse pour ces concerts, à commencer par la mezzo-soprano Caroline Champy-Tursun qui va interpréter les arias d’opéra de Vivaldi ?
Caroline Champy-Tursun est une fidèle membre de l’Ensemble Baroque de Toulouse puisque, à la voix de mezzo ou d’alto, elle a partagé la plupart de nos programmes ces dernières années. Pour ceux qui ont eu la chance d’y assister, je rappelle qu’elle a été l’alto si appréciée et unanimement louée de la Passion selon Saint Matthieu donnée par l’Ensemble Baroque à la Halle aux Grains, en juin dernier, pour le concert de clôture de Passe ton Bach d’abord. Caroline y avait fait la démonstration de toute l’ampleur de son talent. Elle a une voix extraordinaire mais c’est aussi une chanteuse qui incarne les oeuvres qu’elle interprète au-delà de l’aspect musical, en y mettant de l’émotion, de l’humanité. Elle ne se contente pas de chanter les notes écrites par le compositeur, elle se les approprie, les vit avec une intensité incroyable. Pour interpréter des arias d’opéra de Vivaldi, des airs dramatiques, c’est indispensable. On ne peut pas se contenter de les chanter froidement avec distance.
Ouverture (extrait d’Orphée & Eurydice de C.W. Glück) – Caroline Champy-Tursun et Ensemble Baroque de Toulouse
Pour le Concerto de Telemann, vous serez au traverso et c’est Stéphanie Cettolo qui sera à la flûte à bec alto.
Stéphanie est également une habituée des collaborations avec l’Ensemble Baroque, pas autant que Caroline toutefois puisque la flûte à bec est un instrument moins fréquemment utilisé dans la musique baroque. Il l’était beaucoup plus durant la période pré-baroque avant d’être supplanté petit à petit par la flûte traversière lorsque le baroque a pris toute sa place. Pourtant, c’est un instrument magnifique dont Stéphanie joue avec une virtuosité étourdissante.
À moi d’être à la hauteur et de la suivre avec mon traverso…
Entretien réalisé par Robinson Destouches
Tel : 05 61 52 73 13 ou ebt@ensemblebaroquedetoulouse.com
Samedi 16 décembre 21h à Toulouse, église Saint-Jérôme
Dimanche 17 décembre 17h à Portet-sur-Garonne, église de Portet
Soliste pour les airs d’opéra de Vivaldi : Caroline Champy-Tursun, mezzo-soprano
Solistes pour le concerto de Telemann : Stéphanie Cettolo (flûte à bec alto) et Michel Brun (traverso)