Comme chaque année, le festival Rio Loco a animé tout Toulouse du 15 au 18 juin dernier en apportant à la Prairie des Filtres un air on ne peut plus festif : celui des îles de l’Océan Indien.
Création originale de Jean-Marc Lacaze
Cette année encore, et comme le montre bien l’affiche, le festival s’annonçait très coloré et rythmé aux sons des îles (Comores, La Réunion, Madagascar, Maurice, Mayotte, Rodrigues, Seychelles, Zanzibar). Ce fut le cas pour le plus grand plaisir des 70.000 personnes qui ont fait le déplacement sur les 4 soirées.
Dès le premier jour, on retrouve les instruments et les airs traditionnels avec le groupe malgache Saramba. Le groupe au nom très féminin a la lourde tâche d’entamer cette belle programmation, une belle idée vu le rayonnement positif de leur musique. S’en suivra un autre groupe de Madagascar : Damily. Le tsabigi commencera à résonner à la Prairie des filtres, sous l’écho des lourdes percussions qui vont résonner tout le week-end.
Le maloya est la musique la plus emblématique de La Réunion, Danyèl Waro en est la figure de proue. Chargée d’histoire et de luttes, cette musique incontournable de l’île sera ainsi très bien représentée, permettant aux toulousains d’en découvrir la meilleure facette.
22h. Sofaz entre en scène en faisant écho à Danyèl Waro : si ce-dernier démontre ses talents dans la maloya classique, Sofaz lui apportera un peu de jeunesse en la mixant avec de l’electro. Public plus jeune, énergie décuplée ; la soirée changera de ton pour introduire la tête d’affiche de ce soir. Quelle est-elle ? Skip&Die, l’un des groupes en forme de la période. Mélange de cultures (La Réunion, Afrique du Sud et Pays-bas), le groupe sera ce soir accompagné de Lindigo et enflammera le public pour finir en beauté cette premier soirée.
Galerie n°1 : Danyèl Waro (10 photos), Skip&Die (7 photos). Crédits : David Vacher.
Le vendredi sera également rythmé principalement au son de La Réunion. Pourtant, le premier groupe nous vient de l’île Maurice : Menwar. Multipliant les percussions pour une scène endiablée, il aura dans un même temps réussi son pari : « toucher les âmes » avec son séga original.
S’en suivra 3 groupes de la Réunion : Christine Salem et son maloya sensible et bluesy à souhait, Grèn Sémé et son maloya occidentalisé qui se rapproche étroitement du rock/slam et Ann O’aro qui mêle la beauté du corps et la beauté des mots dans une balade chantée magnifique. Entre blues, rock et slam, le maloya se voit embelli ce jour-là de très nombreuses influences extrêmement variées, faisant ainsi découvrir au public un genre musical loin d’être monotone comme certains pouvaient le penser. Quant à Ann O’aro, elle surpassera les soucis techniques afin de faire vibrer ses textes, très bien accompagnée de Jean-Didier Hoareau.
La soirée se finira sous le signe du sourire avec le charismatique Eusèbe Jaojoby, qui donne son nom au dernier groupe de ce vendredi. Le « roi du Salegi » aura fait vibrer le public pendant 1h30 de bonne humeur et de danse, nous renvoyant à ce que la musique insulaire sait faire de mieux. Une bonne énergie provoquée par une scène très peuplée, entre instrumentistes, danseuses et la fougue d’Eusèbe Jaojoby. La musique est affaire de plaisir et de partage : nul doute ne perdurera à ce sujet après ce concert majestueux.
Galerie n°2 : Christine Salem (2 photos), Grèn Sémé (5 photos), Ann O’aro (3 photos), Jaojoby (12 photos). Crédits : David Vacher.
14 femmes, 14 voix, une seule mélodie : le chant polyphonique de Deba a résonné fort dans la Prairie samedi. Entre aérien et puissance, la force de la tradition s’est fait ressentir avec une présence époustouflante. De quoi bien commencer ce troisième jour.
Labelle est un OVNI, et prend la suite de la programmation avec une transition assez brute. Entre conte, electro et Maloya, l’artiste tout droit venu d’influences réunionnaises a plongé Toulouse dans un univers extrêmement particulier, et surtout très tranchant par rapport à ce que nous avions entendu jusqu’alors. Parer de synthétique et d’electro la musique mystique et traditionnelle de l’île : tel est le défi relevé parfaitement par le trio mené par Jérémy Labelle.
Encore une fois, la transition se fait avec difficulté. De l’univers onirique de Labelle, on passe à Koool Kréol Konection dont le premier live en Europe a enflammé les festivaliers. On connaît davantage la musique créole depuis son arrivée jusqu’en métropole ; pourtant nous en étions très loin. Le groupe est connu davantage pour son séga empreint de funk, de soul et de beaucoup de groove. En véritable orchestre, ils ont fait bouger les bassins, taper les mains et balancer les têtes avec des lignes groovies à souhait : un bon moment qui fait comprendre pourquoi ce genre musical en provenance direct de l’île Maurice a été classé immatériellement à l’UNESCO.
Une guitare, un accordéon, des percussions et une chanteuse hors-pair ; il en faut finalement peu pour faire de la musique de qualité. Toko Telo en est l’exemple parfait. Ils produiront une musique extrêmement rafraîchissante en plongeant leurs productions dans les racines mêmes du peuple malgash. À noter la bonne prestation du guitariste D’Gary, déjà connu sur l’île comme un excellent musicien.
C’est porté sur une chaise à porteur qu’arrivera « le petit prince du salegi » : Wawa aka Joël Issoubaly Andriamahazo. On nous promettait de ne pas s’ennuyer avec son charisme, c’était peu dire au vu de la prestation scénique impressionnante qu’il livrera ce samedi soir sur la grande scène. Une énergie débordante, qui ne nous fera pas oublier la qualité (surtout rythmique) des musiciens qui l’accompagnent en arrière-plan. Mais son déhanché ne cessera qu’une fois la fin du concert arrivée : c’est tout bonnement exceptionnel de voir une telle motivation et un tel enthousiasme sur scène.
Enfin, l’on fini avec un groupe qui casse toutes les règles et toutes les habitudes : The Dizzi Brains. Le quatuor a frappé lourd avec son rock typique, entre garage et émotionnel. Nous rappelant beaucoup les Strooges, il était annoncé que le chanteur était une boule d’énergie. Il a du se calmer car il semblait davantage ce soir dans la sensualité entre jeu avec le pied de micro et déshabillé langoureux. Une set-list assez douce en somme, intelligemment pensée pour s’accorder un minimum avec le reste de la programmation. Ça ne les aura tout de même pas empêchés de mettre le feu jusqu’à la fermeture.
C’est sur ces deux boules de feu que s’achève le gros de ce festival. Le dimanche se prêtait davantage à la sortie familiale et à la détente, finissant d’ailleurs beaucoup plus tôt.
Galerie n°3 : Toko Telo (1 photo), Wawa (6 photos), The Dizzy Brains (5 photos). Crédits : David Vacher.
Vient l’heure de dire adieu au festival avec un dimanche plutôt calme et très familiale. Loin du rock garage de la veille, la programmation de ce dernier jour était plutôt festive et tranquille, avec en premier lieu le Wati Watia Zorey Band, présenté par Moriarty. Très mélodique, très calme, c’est ce qu’il fallait pour finir en beauté ces quatre jours de rythmes endiablés. Un certain nombre de familles avaient fait le déplacement, profitant du soleil et du tarif réduit pour passer une après-midi tranquillement installées dans le cadre magnifique de la Prairie. Elles auront donc pu assister à ce concert, mais aussi profiter des nombreuses animations proposées sur le site (coiffure exotique, jeux de société typiques, découvertes culinaires etc.) ou encore de la prestation de « Cirquons Flex« , une compagnie proposant un beau spectacle à mi chemin entre le théâtre, la danse et le cirque. René Lacaille fera aussi partie du show, avant de clore cette édition 2017 par le Bal enchanté de l’Afrique. Regroupant nombre de stars ayant marqué ces quatre jours, le show se montrera comme le bouquet final d’un festival qui, malgré la baisse cruelle de fréquentation, aura été une réussite.
Galerie n°4 : Circons Flex (5 photos), Le bal de l’Afrique (7 photos), les animations du festival (3 photos). Crédits : David Vacher.
En somme, le temps était au beau fixe pour rendre hommage à la musique des îles, qui aura su faire bouger tous les festivaliers – pourtant moins nombreux que les éditions précédentes. Et si Rio Loco est devenu aujourd’hui un festival emblématique et incontournable, on sait d’ores et déjà que l’édition 2018 réservera de nombreux changements, notamment dans la modification du système de thématiques. En attendant donc la 22ème édition, vous pouvez retrouver ci-dessous quelques uns des morceaux qui ont fait vibrer la prairie des filtres et le Cours Dillon en ce mois de Juin.
Vous pouvez également retrouver d’autres photos et vidéos sur leur Facebook.
Auteur : David Vacher