Nadine Koutcher, Sergey Romanovsky et Vitaliy Bilyy chantent au Théâtre du Capitole, sous la direction du chef Maurizio Benini, dans la reprise d’une production toulousaine de « Lucia di Lammermoor », de Donizetti, signée Nicolas Joel.
Apparu au terme de la carrière triomphante de Gioachino Rossini et après la mort de Vincenzo Bellini, Gaetano Donizetti a joué un rôle déterminant dans le développement de l’opéra romantique italien avant l’émergence de Giuseppe Verdi. Auteur de plus de 70 ouvrages lyriques, son écriture ardente et sans fart s’applique à soutenir une action dramatique dynamique, légère et efficace. Lors de la création en 1835 de « Lucia di Lammermoor », Donizetti est, à l’âge de 38 ans, le seul représentant du grand opéra italien. Futur librettiste du « Trouvère » de Verdi, Salvatore Cammarano adapte le roman de Walter Scott, « The Bride of Lammermoor », qui avait déjà été mis en musique à quatre reprises. Inspiré de l’histoire authentique de Janet Dalrymple qui assassina son mari pendant sa nuit de noces, le roman suit les amours de Lucia et d’Edgardo, deux jeunes gens qui n’ont pas le droit de s’aimer parce qu’ils appartiennent à deux familles en guerre.
À partir d’une histoire riche en personnages et en événements, Salvatore Cammarano produit un livret simple, logique, linéaire, mais dont l’élan dramatique empoigne les émotions des spectateurs dès les premières scènes. Il supprime ainsi plusieurs personnages et la conclusion de l’opéra, la mort d’Edgardo, diffère du roman. Le livret traduit efficacement tous les traits essentiels de la tragédie vécue par l’héroïne, alors que le drame musical fait un pas en direction du réalisme où les émotions sont tangibles et sincères. Écrit en six semaines à peine, pour répondre aux exigences de rapidité du monde lyrique de l’époque, « Lucia di Lammermoor » est créé à Naples. Le succès est immédiat, premier triomphe qui sera suivi de nombreux autres dans la longue carrière du compositeur.
À la tête de l’Orchestre du Capitole, le chef italien Maurizio Benini dirigera à Toulouse la version italienne de cet opéra, au Théâtre du Capitole. Selon lui, «dans le bel canto, la voix résonne dans son expression la plus directe. Il s’agit là d’émotion mais aussi de technique. C’est ce en quoi Bellini et Donizetti dominent le répertoire. Même Rossini ne fait pas sonner la ligne mélodique avec une telle évidence. Chacun d’entre eux sublime la voix et donne à l’orchestre le rôle d’un écrin.» À propos de la mythique scène de la folie, le maestro assure : «Dans ce cas, le bel canto et sa quête de pureté vocale versent dans l’irréel. L’héroïne marque son refus du monde par son chant, que Donizetti amplifie par la présence d’un harmonica de verre (il existe aussi une version pour flûte qui sera celle donnée à Toulouse) dont les sonorités aigues étaient réputées pour attirer les interprètes vers la folie. À cet instant, le chant pur peut s’interpréter comme le détachement de Lucia du monde réel et des siens.»
On retrouvera notamment un trio prometteur de chanteurs qui ont déjà brillé à Toulouse : l’incroyable ténor Sergey Romanovskydans le rôle d’Edgardo avait fait sensation dans « Castor et Pollux », le baryton Vitaliy Bilyy dans le rôle d’Enrico s’est déjà produit ici cette saison dans « Ernani », et dans le rôle-titre l’exquise soprano biélorusse Nadine Koutcher qui a chanté sur la même scène dans « les Noces de Figaro ». Ils évolueront dans la mise en scène de l’unique reprise de cette saison lyrique du Théâtre du Capitole, une production conçue par Nicolas Joel en 1998.
Jérôme Gac
Du 19 au 30 mai,
au Théâtre du Capitole,
place du Capitole, Toulouse.
Tél. : 05 61 63 13 13.
Rencontre, avant la représentation, 19h00.
Conférence, jeudi 18 mai, 18h00,
au Théâtre du Capitole (entrée libre).
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photo: N. Koutcher © Olga Kachura
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