Pour son premier long-métrage « JERICÓ EL INFINITO VUELO DE LOS DÍAS », Catalina Mesa propose un délicat portrait de huit habitantes de Jericó en Colombie, très attachantes.
« Quand ma grand-tante Ruth Mesa est morte, je me suis fait la promesse que, le jour où je me sentirais prête, je retournerais dans le village dont elle avait peuplé l’imaginaire et rempli le cœur de toute notre famille, au travers des histoires de son enfance qu’elle nous racontait, toujours truculentes et hautes en couleurs. Je m’étais promis d’aller retrouver et de rendre hommage à ces femmes qui, comme ma grand-tante, incarnaient avec tant de charisme et d’authenticité cet esprit féminin si particulier de la culture de la région d’Antioquia, pour montrer une petite partie de la richesse et de la diversité de l’esprit féminin colombien. » confie la réalisatrice Catalina Mesa.
Tout comme la ville de Jericó situé dans la partie occidentale de la cordillère des Andes, dans le Sud-Ouest du département d’Antioquia, ce documentaire a un charme fou. La réalisatrice met en scène huit femmes, et capte leurs conversations qui retracent leur passé, leur regret, leur drame, leur joie. La parole est libre, parfois serrée dans la gorge, très souvent rieuse. Elles reviennent sur l’importance de l’école, leur statut d’épouse ou de veuve, de mère, que leurs enfants soient présents physiquement ou non dans leur vie. Chaque histoire est différente, et pourtant, comme l’église qui se repère vite dans la ville de Jericó, on ne peut passer à côté de leur rapport à la religion. « Dieu en a voulu ainsi » ou « j’ai fait une promesse à la Vierge Marie ». Même si deux d’entre elles ont failli être Sœurs, on est très loin des bondieuseries ou de la bigoterie, comme l’espièglerie de cette troisième « je prie les Saints, et après, je me dispute avec eux ».
Les témoignages sont l’image de leur maison et de la ville toute entière : singuliers et colorés. Car il n’y a pas que leurs paroles que la réalisatrice capte, il y a les objets qui animent leurs maisons : l’aluminium de la batterie de cuisine, les photos souvenirs des voyages, les tissus assemblés, les rosaires. Le piano de Teresita Gómez (quel bonheur !) ponctue ces récits de femmes, toujours dignes, jamais victimes, et ensemble, nous offrent une petite philosophie de vie revigorante : « même si on a 80 ans, tant qu’on a la santé, on peut s’écrier : vive la jeunesse ! »
« JERICÓ EL INFINITO VUELO DE LOS DÍAS », de Catalina Mesa sera projeté dans le cadre de Cinélatino, dans la catégorie « Compétition documentaire », en présence de la réalisatrice dimanche 19 mars 2017 à 17h45 et jeudi 23 mars 2017 à 13h50, au Cinéma ABC.